Informations générales
- Nom de la maison d'opéra :Wiener Staatsoper.
- Ville Pays :Wien Autriche
- Localisation :Opern-Ring 2 Afficher la carte
- URL du site internet officiel :http://www.wiener-staatsoper.at/
Description
Dans le cadre des vastes travaux d'urbanisme qui, dans la deuxième moitié du XIXème siècle, changèrent l'aspect de la capitale austro-hongroise, le Hofoper (Opéra de la cour) construit en 1868 en face de l'ancien Opéra, fut le premier bâtiment public de la Ringstrasse. Ses architectes Eduard van der Nüll et August von Siccarsburg furent vivement critiqués.
Le Hofoper am Ring, avec sa salle de 2 260 places, fut inauguré le 25 mai 1869, avec Don Giovanni de Mozart chanté en allemand. Il devint opéra d'État en 1918 (Staatsoper). L'Opéra de Vienne fait réellement son entrée dans l'histoire musicale avec l'arrivée de Gustav Mahler. En 1897, alors âgé de trente-sept ans, il vint assurer l'intendance de cette maison, qui ne dispose pas encore des structures dignes de Vienne. Sa politique d'ouverture du répertoire sur les créations de l'époque, ses exigences professionnelles et artistiques marquent profondément la vie musicale viennoise. Ainsi, le répertoire lyrique slave fait une entrée en force, notamment les œuvres de Smetana, et les œuvres contemporaines, de Leoncavallo à Strauss, ont également une large part.
Il crée une troupe de chanteurs de très haut niveau et engage en 1901 le jeune Bruno Walter, avec qui il a déjà travaillé à Hambourg. La direction de Mahler a également des conséquences profondes dans la conception des spectacles lyriques. Bouleversant des habitudes bien ancrées qui faisaient de l'opéra un rendez-vous mondain, il fait éteindre les lumières durant la représentation, modifie la position du chef d'orchestre qui, dès lors, doit tourner le dos au public, métamorphose la mise en scène en conférant aux décors le sens d'une œuvre d'art. C'est dans cette optique qu'il travaille avec Alfred Roller, et leur production de Tristan en 1903 reste un véritable tournant dans la mise en scène lyrique. Autoritaire et controversé bien qu'il ait également réussi à équilibrer les finances d'une maison devenue prestigieuse, victime de toutes sortes d'intrigues et de cabales, dont le moins que l'on puisse dire est qu'elles ne furent pas toutes à l'honneur des détracteurs du compositeur, Gustav Mahler démissionne en 1907. Il devait mourir quatre ans plus tard. C'est une autre grande figure de la musique européenne qui lui succède (de 1908 à 1911) : Felix von Weingartner. Il met les oeuvres de Richard Strauss au premier plan, donnant en 1909 la première viennoise d'Elektra. Puis à la tête du Volksoper, Weingartner revient assurer l'intendance du Staatsoper de 1934 à 1936.
Alors même que l'Empire de l'aigle à deux têtes s'effondre, c'est une direction à deux têtes que connaît l'Opéra de 1919 à 1924 : Richard Strauss et Franz Schalk. Après avoir offert au public viennois d'inoubliables moments de direction orchestrale (la création mondiale de La Femme sans ombre, par exemple, en 1919), ils finissent par se séparer. Resté seul directeur, Franz Schalk est l'artisan de nombreuses premières viennoises d'œuvres de Verdi (Simon Boccanegra, par exemple), qui n'avait jusque-là trouvé qu'une maigre audience à Vienne.
Brillante à nouveau - qui s'en étonnerait ? -, la direction de Clemens Krauss, de 1929 à 1934. Le Staatsoper lui doit la première viennoise de l'opéra du Viennois Alban Berg, Wozzeck, en 1930. Et, signe non négligeable du charisme de Krauss, une grande partie des chanteurs vedettes de la troupe, dont J. Patzak, suivent « leur » chef à Berlin ! Prestigieuses encore, alors même que les temps s'obscurcissent, les années 1935-1940, avec les directions successives de Weingartner et de Erwin Kerber, et les passages remarqués au pupitre de Walter, Toscanini, Furtwângler, Knappertsbusch, de Sabata... Jusqu'en 1938, la troupe est de très haut niveau ; l'Anschluss la dissémine, et l'Opéra plonge ensuite, comme le reste de l'Europe, dans de sombres années.
Seule l'arrivée de Karl Böhm, en 1943, sauve l'activité de cette maison pour deux ans : le Staatsoper est bombardé en 1945, Böhm s'en va. Après dix ans de représentations au Volksoper et au Theater an der Wien, la troupe de l'Opéra réintègre ses murs. L'Opéra de Vienne rouvre ses portes le 5 novembre 1955, l'année même du traité d'État autrichien signé au Belvédère, qui garantit à l'Autriche son indépendance au prix de sa neutralité. Karl Böhm, de nouveau directeur, dirige ce soir-là Fidelio, dans la salle blanc et or restaurée, tout comme le foyer principal décoré par Moritz von Schwind et la façade qui, eux, ont néanmoins conservé leur aspect d'origine. La saison de la réouverture est un vrai feu d'artifice : Böhm y dirige Don Giovanni, La Femme sans ombre, Wozzeck, Knappertsbusch, Le Chevalier à la rose, Kubelik, Aida, Walter, le Te Deum de Bruckner et la Neuvième Symphonie de Beethoven !
À la suite de la démission de Karl Böhm en 1956, Herbert von Karajan prend la direction de l'Opéra, y apportant, outre de nombreuses mises en scène qu'il réalise parallèlement à la direction d'orchestre, le principe des représentations en langue originale. Il inaugure également une ère de coproductions avec la Scala de Milan, et découvre, fidèle à son rôle en la matière, de nombreux talents - Mirella Freni en Mimi, par exemple. Une accumulation de tensions amène Karajan à démissionner en 1964, et le climat de rancœur est tel qu'il faudra attendre 1977 pour le revoir au Staatsoper.
Plusieurs intendants se sont ensuite succédé au cours des dernières dizaines d’années, dont Egon Seefehlner de 1976 à 1982 et Lorin Maazel de 1982 à 1986, puis Claudio Abbado, comme directeur musical, et Claus Helmut Dresde, intendant. Les meilleurs chanteurs continuent de s'y produire, avec l'extraordinaire Orchestre philharmonique de Vienne, dont le destin est depuis ses débuts lié à celui de l'Opéra. De nos jours, le Staatsoper est considéré comme l’un des opéras les plus importants au monde, en particulier grâce à son répertoire, le plus étendu qui soit. Depuis septembre 2010, le lieu est placé sous la direction de Dominique Meyer, intendant, avec Franz Welser-Möst comme directeur musical.
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