« Emu aux larmes », Davit Babayants remplace Luca Salsi au pied levé dans Andrea Chenier à Vienne

Xl_davit-babayants_luca-salsi_andrea-chenier-wiener-staatsoper-2025 © Wiener Staatsoper / Michael Pöhn

Souffrant, Luca Salsi n’a pas pu achever la représentation d’Andrea Chenier à l’Opéra de Vienne, contraint à mimer l’action pendant que Davit Babayants le doublait vocalement au pied levé, depuis l’ombre – jusqu’à ce que Luca Salsi l’invite au centre de la scène, dans la lumière, suscitant l'enthousiasme du public viennois. 

L’opéra est un art vivant et les artistes sont tributaires de leur état de santé. À l’Opéra d'Etat de Vienne, Luca Salsi en a fait la douloureuse expérience dans Andrea Chenier, donné dans la production emblématique d’Otto Schenk : annoncé souffrant en début de représentation mais néanmoins présent eu égard au public, le baryton italien a manifestement été pris de quintes de toux intempestives en cours de représentation – au point, selon la presse locale, de devoir ponctuellement s’interrompre, résigné, et de présenter ses excuses au public viennois.

Au regard des difficultés du baryton et des doutes quant à sa capacité à finir la représentation, le directeur de l’Opéra de Vienne Bogdan Roščić était déjà en quête d’un remplaçant de dernière minute. Et au début du troisième acte, le même Bogdan Roščić entrait sur scène pour annoncer que Luca Salsi mimerait son rôle de Carlo Gérard alors qu’une doublure vocale, l'Arménien Davit Babayants qui se produisait dans la salle voisine du Theater an der Wien dans Les Fiançailles au couvent, chanterait la partition devant un pupitre en bord de scène.

De l'ombre à la lumière

Pour sauver une représentation, il n’est pas rare que les maisons d’opéra fassent appel à telles doublures vocales, chantant dans l’ombre pour le compte d’un confrère défaillant restant dans la lumière pour jouer son rôle. Pour autant, dans le cas présent, ce n’est pas faire injure à Davit Babayants que d’indiquer qu’il n’a pas tout à fait la même notoriété que son confrère, ni même l’habitude de partager la scène avec Michael Fabiano (dans le rôle-titre) ou Sonya Yoncheva (en Maddalena).

Alors que Davit Babayants entamait l’air de Carlo Gérard « Nemico della patria? », au lieu de simplement mimer la scène, Luca Salsi aurait attiré son confrère au centre de la scène, le menant de l’ombre à la lumière. La presse allemande rapporte que « la doublure s’est alors épanouie, mettant tout son cœur dans les notes finales » de son grand air. Au terme de l’aria, le public, enthousiaste lui aurait réservé « un tonnerre d’applaudissements, lui faisant monter les larmes aux yeux d’émotion ». À la fin de cette soirée « magnifique et folle », le public a manifestement acclamé l’ensemble des interprètes – et d'autant plus de nouveau le « double Gérard » de la représentation. La capacité de l’opéra à émouvoir reste manifestement intacte.

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