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L’opéra est un art total – qui convoque la vue, l’ouïe et parfois même l’odorat. Pour sa Norma à Vienne, Cyril Teste a de nouveau fait appel au parfumeur Francis Kurkdjian qui imagine des accords olfactifs (de forêt) ayant vocation à souligner l’émotion suscitée par la production.
L’opéra est, dit-on, un art total mêlant théâtre et musique, voire danse parfois, pour s’adresser à l’ouïe, à la vue – et ponctuellement aussi à l’odorat ! Dans ses mises en scène, il arrive à Cyril Teste de convoquer des parfums pour renforcer l’émotion suscitée par les œuvres qu’il met en scène, de sorte que les accords olfactifs deviennent « une extension ou une illustration de la dimension scénique » de l’ouvrage. Au théâtre, il avait notamment collaboré avec le parfumeur Francis Kurkdjian pour créer l’ambiance olfactive de ses productions de Festen ou d’Opening Night. En 2023, le duo s’était reformé à l’occasion de la mise en scène de Salomé à l’Opéra de Vienne : les fragrances imaginées par Francis Kurkdjian accompagnaient la Danse des sept voiles du rôle-titre, pour souligner la dualité de Salomé, entre innocence et provocation – au travers d’un parfum diffusé via le système de ventilation de la salle au moment opportun.
Pour sa mise en scène de Norma, actuellement donnée à l’Opéra d'Etat de Vienne, Cyril Teste réitère. Il a de nouveau fait appel à Francis Kurkdjian : le parfumeur a composé une fragrance exclusive pour la production, cette fois proposée au public via une « carte olfactive » qui accompagne le programme de salle, que chacun est libre d’utiliser ou non, en salle ou pour la rapporter chez soi et ainsi conserver la mémoire olfactive de l’expérience artistique.
Mais quelle est la senteur associée à l’opéra de Bellini ? Selon Cyril Teste, Norma évoque une fragrance de nature et des odeurs de forêts – en écho aux fonctions de la druidesse, guérisseuse et chamane, et aux volutes olfactives de ses rituels.
Hasard du calendrier, voici quelques jours, la production d’Herbert Fritsch du Barbier de Séville (toujours à Vienne) se faisait aussi remarquer à cause d’odeurs... mais nauséabondes cette fois, au point d’incommoder le public – manifestement à cause de bâches de plastique utilisées dans le décor, mal conservées et dont émanaient des « odeurs de vieux fromages ». L’établissement viennois a été contraint de redéployer temporairement une ancienne production, le temps de modifier les décors d’Herbert Fritsch. On imagine que les fragrances de forêts imaginées par Francis Kurkdjian pour Norma seront moins déstabilisantes pour le public.
publié le 24 février 2025 à 15h26 par Aurelien Pfeffer
24 février 2025 | Imprimer
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