Quel bilan pour Dominique Meyer après cinq ans à La Scala de Milan ?

Xl_dominique-meyer-scala © Dominique Meyer

Ce 28 février, Dominique Meyer quittera ses fonctions à la tête de La Scala de Milan. Quel bilan dresse-t-il de ses cinq ans de mandat ? Il a notamment contribué à remplir de nouveau la salle milanaise. 

Dans son bureau de La Scala de Milan, Dominique Meyer fait ses cartons. À la fin de la semaine, ce 28 février, il quittera ses fonctions d’intendant de la maison scaligère (atteint par la limite d’âge), pour laisser la place à son successeur, Fortunato Ortombina. Dominique Meyer n’en fait pas mystère : il a « beaucoup d’affection » pour le théâtre milanais, le quitte à regret et sera manifestement aussi regretté par les équipes de l’institution italienne. Un départ teinté de mélancolie, donc, mais il dit aussi qu’il restera « le plus grand fan de La Scala » et assure que l’établissement est « entre de bonnes mains » avec Fortunato Ortombina. C’est ce qu’il confie dans un entretien au Corriere della Sera, dans lequel il dresse également un bilan de ses cinq ans de mandat.

Dès sa prise de fonction, Dominique Meyer a très vite été confronté à des « débuts tourmentés ». La pandémie de Covid a touché les maisons italiennes très durement, mais les difficultés ont sans doute aussi contribué à resserrer les liens entre les équipes de l’Opéra et le surintendant.

Ensuite, au cours de son mandat, il a aussi œuvré à la modernisation du théâtre, des installations informatiques (les tablettes intégrées aux sièges avec des sous-titres en huit langues) ou à l’amélioration des mesures d’économies d’énergie. Il a aussi initié le développement de la ScalaTV, la plateforme de diffusion numérique de La Scala, qui contribue au rayonnement de l’établissement et à la démocratisation de l’opéra.

Des spectacles « trop populaires » ? « Ce n'est pas un gros mot »

Dominique Meyer souligne surtout qu’il a fait revenir le public dans la salle de La Scala. « Ce n'était pas comme ça avant, on faisait descendre les spectateurs de la galerie pour ne pas montrer trop de sièges vides ». Maintenant, tout est plein. D’aucuns râlent encore : il a trop d’étrangers parmi les spectateurs, pas assez de Milanais. « Ramener un public international était l’un de (s)es objectifs ». Il poursuit : « le tourisme génère des revenus et ceux qui viennent à la Scala génèrent un tourisme de qualité – et l'augmentation des abonnements montre que ce n'est pas au détriment des Lombards ».

Dominique Meyer aurait néanmoins rempli La Scala en programmant des spectacles « trop populaires ». Là encore, il s’en explique : « Ce n'est pas un gros mot. L'opéra était originellement une grande machine à émotions, pour tous les publics. Ceux qui viennent à la Scala ne devraient pas avoir à passer un examen, ils doivent pouvoir accéder à la plus haute qualité et comprendre ce qu'ils voient. Et si la magie opère, peut-être s’investiront-ils davantage plus tard. Pour faire plaisir à certains mélomanes qui s'ennuient toujours au théâtre, devrais-je inviter les metteurs en scène à scandale ? Pour quel résultat ? Quatre critiques positives et le mécontentement du reste du public ».

Manifestement, Dominique Meyer assume. Il nourrit néanmoins aussi un regret : il ne sera pas là la saison prochaine, alors qu’il en a composé la programmation. Les saisons se planifient dans un temps long et les artistes sont engagés des années à l’avance. Les intendants de La Scala, eux, sont nommés au dernier moment. Fortunato Ortombina hérite donc d’une prochaine saison déjà bouclée – sans doute la plus personnelle de Dominique Meyer.

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