Ermione - Ermione

Quelques mois après la première de Ricciardo e Zoraide, Gioacchino Rossini signe Ermione, azione tragica en deux actes sur un livret d'Andrea Leone Tottola qui adapte Adromaque de Racine. L’ouvrage fait l’objet d’une création au Teatro San Carlo de Naples le 27 mars 1819 et malgré une distribution prestigieuse (notamment Isabella Colbran dans le rôle-titre), l’opéra est un cuisant échec public. Ermione est retiré de l’affiche après une unique représentation.

Outre une forme déconcertante pour l’époque, l’ouvrage se révèle particulièrement exigeant pour la distribution. Sans doute faut-il y voir l’une des raisons expliquant la rareté de l’œuvre sur les scènes lyriques – il faudra attendre 1977 pour que l’opéra soit donné de nouveau, en version de concert.

Acte 1

Pyrrhus, fils d'Achille et roi d'Épire, a promis d'épouser Hermione, fille de Ménélas. Il tombe néanmoins amoureux de la prisonnière troyenne Andromaque, veuve d'Hector. Au début de l'opéra, dans un cachot, les prisonniers troyens évoquent la grandeur passée de leur pays et se lamentent sur leur sort. Andromaque entre avec Attalo et Fenicio. Elle a été autorisée à passer quelques minutes avec son fils Astianax. Attalo lui conseille d'enlever ses vêtements de deuil et de penser désormais à l'avenir de son fils, mais Fenicio l'interrompt, ayant compris qu'Attalo veut encourager l'amour de Pyrrhus pour Andromaque, un amour que les Grecs ne toléreront jamais et qui ne pourrait que conduire à une nouvelle guerre.

A l'extérieur du palais, les servantes invitent Hermione à profiter de la chasse, mais la princesse souffre des affres de la jalousie. Lorsque Pyrrhus entre, elle lui reproche d'aimer Andromaque et menace de se venger. Mais Pyrrhus n'est pas un homme faible, même si l'annonce de l'arrivée d'Oreste en tant que messager des rois de Grèce l'inquiète. Dans le palais, Oreste ne pense qu'à retrouver Hermione, dont il est amoureux depuis longtemps, mais Pylades l'exhorte à se maîtriser et à penser plutôt à la mission que la Grèce lui a confiée. Pyrrhus entre avec sa cour et, à la grande colère d'Hermione, il invite Andromaque à s'asseoir parmi les nobles. Oreste lui explique sa mission : les rois de Grèce souhaitent que le jeune Astianax soit mis à mort afin que la puissance de Troie ne ressurgisse pas en la personne de ce "jeune pousse". Non seulement Pyrrhus refuse cette demande, mais il révèle publiquement son amour pour Andromaque et annonce son intention de l'épouser. À l'extérieur du palais, Cléone conseille à Hermione de laisser Oreste la venger. Lorsqu'Oreste lui déclare son amour, Hermione n'arrive pas à se décider, mais elle ne le repousse pas. Pyrrhus revient avec ses partisans. Puisque Andromaque, fidèle au souvenir d'Hector, a refusé sa main, il a décidé de céder Astianax à Oreste et de faire la paix avec Hermione. Mais lorsque les gardes conduisent Astianax, Andromaque est submergée par ses instincts maternels et supplie Pyrrhus de lui laisser le temps de réfléchir. Pyrrhus est ravi, tandis qu'Hermione et Oreste sont consternés et furieux.

Acte 2

Dans la cour du palais, Pyrrhus est ravi d'apprendre qu'Andromaque a enfin consenti à devenir sa femme et il ordonne que la cérémonie de mariage ait lieu sans délai. En réalité, Andromaque a l'intention de lui faire jurer sur l'autel de protéger Astianax, puis elle se tuera. Pendant ce temps, Hermione est en proie à des émotions contradictoires : son amour pour Pyrrhus, le désir de mort et la soif de vengeance. Cependant, furieuse à la vue du cortège nuptial de Pyrrhus et d'Andromaque, elle exige d'Oreste qu'il tue le traître. Mais elle le regrette aussitôt et se sent à nouveau encline à pardonner à Pyrrhus - en vain, car Oreste lui donne son poignard, dégoulinant du sang de Pyrrhus. Hermione lui reproche sauvagement de ne pas avoir compris ses véritables sentiments, et tombe évanouie sur le sol après avoir invoqué les Furies pour punir l'auteur du crime ; Pylades et ses hommes ramènent Oreste sur leur navire pour éviter qu'il ne tombe entre les mains de la population en colère.