Informations générales
- Compositeur:Giuseppe Verdi
- Librettiste:Francesco Maria Piave
- Date de création:1844
- Lieu de création:Italie
- Nombre d'acte:4
- Langue originale:Italien
- Maison d'opéra de la production originale:Teatro La Fenice.
Description de l'Œuvre
Au soir du 9 mars 1844, deux ans jour pour jour après le formidable succès de Nabucco à la Scala de Milan, véritable début de la carrière de Verdi, les Vénitiens accueillent dans l’enthousiasme le premier opéra que le maestro a composé pour la Fenice. Le triomphe d’Ernani, dont on fredonnait les plus beaux airs avant même le soir de la première, confirme définitivement la position de Verdi qui entame ce qu’il appellera lui-même ses « années de galère ». Il lui faudra désormais composer sans relâche, un ou deux ouvrages par an, pour répondre aux sollicitations des directeurs d’opéra. Car le public réclame du Verdi, encore et toujours. Après les grandes fresques que sont Nabucco et Les Lombards, le compositeur recherche un livret tout aussi grandiose mais différent, dans lequel il souhaite : « beaucoup de feu, énormément d’action et de la concision ». Son choix se porte sur Hernani, le drame de Victor Hugo qui avait donné lieu en 1830 à une fameuse « bataille » entre les « classiques » et les « romantiques » sous les lambris de la Comédie-Française. Pour cette première incursion dans l’univers hugolien, l’écriture du livret se fait en étroite collaboration avec le jeune Francesco Maria Piave qui deviendra le meilleur complice du maestro pour dix de ses opéras. En lutte constante contre la censure autrichienne très active à Venise, Verdi construit son ouvrage à la mesure de sa musique qui prime sur tout. L’exceptionnelle invention mélodique, les rythmes ardents et les couleurs dramatiques de l’orchestration concourent à la puissance de cet opéra flamboyant qui se déploie avec la fougue et le panache d’un roman de cape et d’épée. L’intrigue se noue autour d’une femme, Elvira, héroïne fragile, convoitée par trois hommes : Ernani, ténor romantique plein d’ardeur, Carlo, roi d’Espagne, baryton aux accents ambigus et désenchantés, et Silva, basse, l’oncle abusif. Les trois archétypes de voix masculines qu’on retrouvera dans les œuvres à venir se trouvent réunis ici pour produire le maximum d’efficacité dramatique. Verdi lui-même désignera le trio final réunissant Elvira, Ernani et Silva, comme le point de départ des nouvelles recherches formelles qui aboutiront à Don Carlo.
Résumé
L’action se situe en Espagne en 1519. Après l’assassinat de son père, Don Juan d’Aragon est devenu Ernani, chef d’une troupe de rebelles montagnards. Proscrit et pourchassé par les émissaires de Don Carlo, roi de Castille, il aime d’un amour partagé mais impossible, Elvira, qui doit épouser un vieux parent, Ruy Gomez de Silva. La jeune fille est également confrontée aux avances de Don Carlo qui doit devenir empereur sous le nom de Charles Quint. Ernani décide d’enlever sa bien-aimée au moment où Don Carlo lui dévoile son amour. Les trois protagonistes sont surpris par Silva qui doit s’incliner devant son roi tandis qu’Ernani peut prendre la fuite. Mais le jeune homme revient dans le château de Silva le jour même de ses noces avec Elvira. Silva, fidèle aux lois de l’hospitalité, refuse de livrer son rival proscrit à Don Carlo qui emmène avec lui Elvira comme gage de la loyauté de Silva. Ernani conclut alors un pacte avec Silva : ils combattront le roi pour sauver l’honneur d’Elvira, puis dès que le vieillard le décidera, il fera résonner son cor qu’il lui confie pour signifier à Ernani le moment de mourir. Carlo devenu l’empereur Charles Quint accorde sa clémence aux conjurés et consent aux noces d’Ernani et Elvira. Mais au milieu des réjouissances retentit le son du cor. Silva inflexible exige son dû : la vie d’Ernani, qui respecte sa parole en se poignardant sous le regard jubilatoire du vieillard.
Acte 1
Le Bandit. Don Juan d’Aragon proscrit et pourchassé, est devenu le bandit Ernani. Il projette avec ses hommes d’aller enlever celle qui partage son amour, Elvira, pour la soustraire à un mariage odieux avec le vieux Silva. Dans ses appartements Elvira se lamente : « Ernani, Ernani, involami… ». Don Carlo, roi de Castille, se présente à la jeune fille pour lui déclarer son amour. Ernani les rejoint. Alors que les deux rivaux s’affrontent, ils sont surpris par Silva qui doit s’incliner devant le roi et accepter de laisser partir Ernani.
Acte 2
L’Hôte. Elvira qu’on a trompée en lui annonçant la mort d’Ernani, s’apprête à épouser Silva. Mais le jeune homme se présente déguisé en pèlerin. Il devient l’hôte de Silva qui le protège et le cache comme l’exige l’honneur d’un Grand d’Espagne. Quand Don Carlo exige que le proscrit lui soit remis, le vieillard refuse malgré La fureur du roi qui se retourne contre lui en emmenant Elvira comme otage. Après le départ de Don Carlo, Ernani refuse un duel avec Silva auquel il propose un pacte : il jure d’accepter de mourir dès que Silva lui en donnera le signal en faisant résonner un cor qu’il lui confie, pourvu qu’avant ils puissent unir leur force contre le roi pour le salut d’Elvira.
Acte 3
La Clémence. Don Carlo devenu l’empereur Charles Quint, se recueille devant le tombeau de Charlemagne dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle. Il se laisse aller à une sombre méditation « O de’verd’anni miei ».Il entend les conspirateurs s’approcher. « Si redesti il Leon di Castiglia ». Ernani a été désigné pour tuer le nouvel empereur qui finit par choisir de pardonner, touché par les supplications d’Elvira. Il va jusqu’à consentir au mariage des deux jeunes gens enfin réunis.
Acte 4
Le Masque. Les festivités des noces sont sinistrement interrompues par le son du cor qui retentit trois fois signifiant au malheureux Ernani le moment d’accomplir son funeste serment. Il supplie l’inflexible Silva : « Solingo, errante misero ». Les prières d’Elvira sont également impuissantes. Au terme d’un formidable trio, Ernani, fidèle à son sens de l’honneur, se poignarde sous le regard impitoyable de Silva, tandis qu’Elvira s’écroule, anéantie par la douleur.
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