Informations générales
- Compositeur:Nikolaï Rimski-Korsakov
- Librettiste:Vladimir Bielski
- Date de création:1900
- Lieu de création:Russie, fédération de
- Nombre d'acte:5
- Langue originale:Russe
- Maison d'opéra de la production originale:Théâtre Solodovnikov
Description de l'Œuvre
Membre du fameux « Groupe des Cinq » aux côtés de Balakirev, Borodine, Cui et Moussorgski, Rimski-Korsakov (1844-1908) joua un rôle de premier plan dans la vie musicale russe. Les quinze opéras qu’il composa sont malheureusement peu connus du grand public hors de Russie, alors qu’ils sont éminemment représentatifs d’une composante essentielle de l’art lyrique russe qui puise son inspiration dans l’univers féérique des contes et légendes traditionnels.
Comme l’écrit le philosophe Vladimir Jankélévitch : « Rimski-Korsakov, émerveillé par ses propres visions, contemple la grande imagerie de la Russie… et de l’Orient slave qu’il a lui-même composée… Ce ne sont que villes magiques, toutes bourdonnantes de leurs bulbes d’or, mers d’azur, archipels fabuleux, trésors rutilants et princesses aux yeux de turquoise ».
On ne saurait mieux décrire l’atmosphère merveilleuse qui se déploie dans Le Tsar Saltan où l’on voit le Prince Guidon métamorphosé en bourdon attaquer de son dard ses ennemis tandis que l’on entend les sonorités célébrissimes de son fameux vol… Chez Rimski-Korsakov la poésie de l’imaginaire se teinte souvent d’ironie. C’est à l’occasion de la célébration du centenaire de la naissance de Pouchkine en 1899 que Vladimir Bielski propose à Rimski-Korsakov l’adaptation qu’il vient de faire du Conte du Tsar Saltan (1831). Le musicien accepte avec enthousiasme de mettre en musique ce récit de Pouchkine et l’opéra est rapidement achevé pour être donné dans le théâtre privé d’un éminent mécène de l’époque, Savva Mamontov. Les grandes scènes russes resteront longtemps prudentes à l’égard de cette œuvre qui finira par s’imposer et parcourir l’Europe.
Comme dans tous ses autres opéras, Rimski-Korsakov utilise largement la technique du « leitmotive » mais d’une manière qui diffère de celle de Wagner. La découverte de la Tétralogie donnée en 1888 et 1889 au Théâtre Mariinski a influencé Rimski-Korsakov mais il a adopté bien avant le principe du « leitmotive » qu’il réserve surtout aux parties vocales. Le compositeur nous indique lui-même : « Saltan fut composé comme un mélange que je qualifierais d’instrumental-vocal. Sa partie fantastique appartient à la première catégorie, l’élément mélodique est réservé aux voix dont la ligne ne colle pas aux éléments de l’orchestre ».
L’expression de la dimension fantastique du conte est dévolue à l’orchestre qui commente l’action en de somptueux tableaux symphoniques tandis que les aspects plus réalistes sont confiés à la voix. L’exceptionnel talent d’orchestrateur de Rimski-Korsakov se révèle dans de nombreuses pages comme celle de l’apparition de la Princesse-Cygne ou encore celle du célèbre « Vol du bourdon » au début de l’Acte III. Des réminiscences de mélodies populaires traversent la partition marquée par une stylisation archaïsante. Une fanfare orchestrale retentit au début de chaque tableau présenté comme un nouveau chapitre du conte dont on brûle de connaître la suite.
Résumé
Deux méchantes sœurs se vengent de leur cadette, Militrissa, avec la complicité de leur tante Babarikha. La belle et bonne Militrissa a été choisie par le tsar Saltan qui en a fait son épouse. Alors qu’il est parti guerroyer, Militrissa met au monde un tsarévitch, Guidon, qui grandit à une vitesse prodigieuse. La perfide Babarikha fait annoncer à Saltan que sa femme a accouché d’un monstre. Le Tsar ordonne qu’on l’enferme avec son enfant dans un tonneau et qu’on les jette à la mer. Voilà les deux sœurs et la tante enfin vengées et débarrassées de Militrissa. C’est sans compter sur le fabuleux destin du tsarévitch Guidon qui échappe à la mort avec sa mère. Devenu un beau jeune homme, il sauve un cygne sous l’apparence duquel se cache une merveilleuse princesse qui l’aidera à réunir ses parents séparés par les deux méchantes sœurs et Babarikha.
Prologue
Il était une fois trois sœurs et leur vieille tante, Babarikha, la marieuse du village. Alors qu’elles imaginent ce qu’elles feraient si leur rêve d’épouser le Tsar se réalisait, les trois sœurs sont surprises par l’arrivée du Tsar lui-même, qui les écoutaient en se dissimulant. Il choisit d’épouser la plus jeune, Militrissa, et emmène les quatre femmes au Palais. Babarikha promet aux deux méchantes sœurs dépitées de n’avoir pas été choisies que l’heure de la vengeance ne tardera pas à sonner.
Acte 1
Pendant que le tsar Saltan est parti guerroyer Militrissa met au monde un héritier, Guidon, qui a la faculté de grandir à une vitesse prodigieuse « comme le levain ». Babarikha décide d’utiliser ce phénomène inexpliqué en annonçant au Tsar que sa femme a donné le jour à un monstre. Le tsar ordonne de placer la mère et l’enfant dans un tonneau qu’on abandonnera au gré des flots. Les deux méchantes sœurs et leur tante se réjouissent de cette vengeance.
Acte 2
Le tonneau échoue sur une île déserte. Militrissa et Guidon sortent de leur étrange prison. Le tsarévitch est déjà devenu un jeune homme qui sauve aussitôt la vie d’un cygne attaqué par un vautour. Le cygne est en réalité une princesse comme il convient dans les contes de fées… Guidon vient de faire preuve de l’exceptionnelle bravoure qui distingue les véritables héros. Mais il reste tourmenté par l’injustice que son père a commise envers sa mère. Au lever du jour, l’île déserte s’est transformée en une ville somptueuse, Lédénets, qui fait de Guidon son roi car le vautour qu’il a tué était un mauvais génie dont il a délivré la ville.
Acte 3
Guidon contemple un navire de marchandises qui part vers le royaume de Saltan. Le jeune homme est toujours en proie à la tristesse car il voudrait voir son père en restant lui-même invisible. Qu’à cela ne tienne, le beau cygne qu’il a sauvé lui vient en aide en le transformant en bourdon pour lui permettre de se cacher dans une fissure du navire qui vogue vers les terres du tsar Saltan. A leur arrivée au palais de Saltan, les marins racontent comment une île déserte a fait place à une ville prodigieuse gouvernée par le prince Guidon. Saltan décide d’aller voir de ses propres yeux ce pays enchanté. Mais les méchantes sœurs et Babarikha prennent peur et veulent à tout prix l’en dissuader. Elles sont attaquées et piquées par un mystérieux bourdon qu’on essaie de chasser dans la plus grande confusion. Saltan proclame que désormais l’entrée du palais sera interdite à tous les bourdons !
Acte 4
Guidon qui a repris son apparence humaine voudrait maintenant voir une princesse merveilleuse dont il a entendu célébrer la beauté. Le cygne accepte encore de l’aider. Il se métamorphose soudain et Guidon découvre que l’animal était en réalité cette princesse inconnue qu’il cherchait. Le prince s’abandonne à la joie et présente à sa mère celle qu’il désire épouser. Arrive alors le Tsar Saltan accompagné de sa suite. Il vient voir la ville qu’on lui a tant vantée. Mais tous ces prodiges ne le distraient pas de son chagrin et il finit par confier à Guidon qu’il n’a jamais pu se consoler de la perte de son épouse. C’est alors que la princesse exauce le vœu de Saltan : Militrissa réapparaît enfin devant lui et Guidon lui révèle aussitôt qu’il est son propre fils. Dans une atmosphère de liesse et de pardon général, les deux couples, Saltan et Militrissa d’une part, Guidon et la Princesse d’autre part, s’apprêtent à partager un prodigieux festin.
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