Informations générales
- Compositeur:Georg Friedrich Haendel
- Librettiste:Nicola Francesco Haym
- Date de création:1724
- Lieu de création:Royaume-uni
- Nombre d'acte:3
- Langue originale:Italien
- Maison d'opéra de la production originale:King's Theatre, Haymarket
Description de l'Œuvre
Tamerlano est souvent considéré comme l’un des plus beaux opéras de Haendel. Le livret de Nicola Haym s’inspire de la véritable histoire du conflit qui opposa l’empereur Tamerlan (1333-1405) au Sultan Bajazet (1347-1403). L’affrontement de ces deux grands conquérants avait déjà séduit un grand nombre de dramaturges tels Marlowe (1587) mais aussi des musiciens tels Scarlatti, Porpora, Vivaldi ou Gasparini. Haendel composa son ouvrage en moins de trois semaines puis il le modifia profondément en y pratiquant des coupures et en réécrivant de longs passages, influencé par un célèbre chanteur, Francesco Borosini. Ce remarquable ténor avait déjà chanté le rôle de Bajazet dans Il Bajazet (1719) de Francesco Gasparini, auquel il avait suggéré des modifications dont la pertinence dramatique séduit Haendel à son tour. Pour la première fois dans un « opera seria » la voix de ténor, habituellement dévolue aux personnages secondaires, fait jeu égal avec celle de la « prima donna » et celle du rôle principal masculin, tenu par un castrat. Véritable pivot de l’ouvrage, Bajazet est le premier grand rôle de ténor écrit par Haendel. Il est très rare de trouver un personnage d’une telle richesse psychologique dans l’opéra baroque. Son agonie finale (Acte III, sc. 9-10) est d’une grande force dramatique et d’une étendue exceptionnelle. Elle n’a aucun équivalent dans l’œuvre du compositeur, sauf peut-être les scènes de folie qu’on trouve dans Orlando (1733) et Hercules (1745). Adoptant une perspective très différente de celle du Bajazet (1672) de Racine, Tamerlano a pour sujet la relation père-fille. Bajazet, père de la belle Asteria, inaugure toute une lignée de figures paternelles marquantes, depuis l’Idoménée de Mozart jusqu’à l’Argirio du Tancrède (1813) de Rossini. Cette relation père-fille, présente dans deux autres opéras de Haendel, Ariodante (1735) et Jephté (1752), deviendra plus tard l’un des thèmes favoris de Verdi. Dépassant les conventions, Haendel compose un drame d’une grande force émotionnelle : l’ « aria da capo », élément essentiel de l’ « opera seria » se met au service de l’expression des émotions des personnages. Tamerlano offre certaines scènes qui sont parmi les plus longues écrites par le musicien. La scène de la salle du trône (Acte II, Sc.9-10) et celle du banquet de Tamerlano (Acte III, Sc.6-8) sont d’une tension dramatique inhabituelle à l’époque baroque.
Résumé
L’empereur des Tartares Tamerlano a vaincu et fait prisonnier le Sultan turc Bajazet. Bien qu’il soit fiancé à la princesse Irène, Tamerlano tombe amoureux de la fille de Bajazet, Asteria, qu’un amour partagé unit à Andronicus, général grec allié du sultan. Pour conquérir Asteria, Tamerlano est prêt à rendre la liberté à Bajazet. Horrifiée par les propositions de Tamerlano, Asteria feint d’accepter pour mieux préparer son assassinat. Tamerlano échappe à ce projet d’attentat et se montre désormais résolu à faire périr le père et la fille. Mais Bajazet se donne lui-même la mort. Tamerlano, bouleversé par l’agonie de son ennemi, pardonne en accordant la main d’Asteria à Andronicus. Il épouse lui-même Irène, qui monte sur le trône à ses côtés.
Acte 1
Tamerlano a fait prisonnier son ennemi turc, le Sultan Bajazet, qui n’attend plus que la mort. Tamerlano confie une mission à Andronico, le général grec auquel est déjà promise la fille de Bajazet, Asteria. Ignorant l’amour qui unit les deux jeunes gens, Tamerlano promet à Andronico le trône de Byzance et la main de sa propre fiancée, Irène, s’il parvient à convaincre Bajazet de lui accorder sa fille. Apprenant de Tamerlano lui-même ce curieux marchandage, Asteria est profondément troublée et commence à douter fortement des sentiments d’Andronico. Bajazet rejette avec fierté la proposition de Tamerlano qui lui offre aussi la liberté et la paix en échange de la main d’Asteria. Irène, la fiancée de Tamerlano, arrive à la Cour. Elle est désorientée en découvrant le changement des projets matrimoniaux de Tamerlano.
Acte 2
Tamerlano annonce à Andronico qu’Asteria consent à devenir sa femme en dépit du refus de Bajazet. A cette nouvelle, le pauvre père est indigné et jure de tout faire pour empêcher cette union. Il se précipite pour interrompre la cérémonie nuptiale et renie sa fille, qui semble toute prête à s’unir à leur ennemi. Mais, accablée par les imprécations paternelles, Asteria révèle soudain qu’elle avait en réalité l’intention de poignarder son nouvel époux au cours de leur nuit de noces. Tamerlano, trahi et meurtri, se déchaîne contre le père et la fille qu’il voue à une mort cruelle. Bajazet se prépare sereinement à la mort maintenant qu’il a compris l’héroïsme de sa fille.
Acte 3
Asteria et Bajazet envisagent de s’empoisonner. Tamerlano réitère son offre de mariage et s’abandonne à la fureur quand il comprend la force des liens qui unissent Asteria et Andronico. Il condamne Bajazet à la décapitation et ordonne le mariage d’Asteria avec l’esclave le plus vil. Asteria implore le pardon pour son père mais Bajazet refuse toute grâce venant d’un ennemi qu’il défie par son orgueilleuse attitude. Tamerlano projette d’humilier une dernière fois ces irréductibles ennemis en les conviant à un banquet où il entend bien leur faire subir les pires affronts. Asteria se voit réduite à devoir servir Tamerlano. Elle en profite pour tenter de l’empoisonner. Mais Irène, qui l’a démasquée, sauve la vie de l’empereur. Tamerlano, déchaîné, ordonne alors qu’on conduise Asteria au sérail des esclaves où elle leur sera jetée en pâture. Bajazet jure de revenir d’entre les morts pour venger le déshonneur de sa fille et il boit la coupe contenant le poison destiné à Tamerlano : il expire en maudissant le tyran. Dévastée, Asteria supplie Tamerlano de lui donner la mort. Soudain touché par tant de malheur et fortement impressionné par la mort héroïque de son ennemi, Tamerlano abandonne toute idée de vengeance et la clémence succède à la fureur. Il demande pardon à Irène qu’il épousera et donne Asteria à Andronico.
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