Informations générales
- Compositeur:Philip Glass
- Librettiste:Rudy Wurlitzer
- Date de création:2013
- Lieu de création:Espagne
- Nombre d'acte:4
- Langue originale:Anglais
- Maison d'opéra de la production originale:Teatro Real.
Description de l'Œuvre
Philip Glass n’en est pas à son coup d’essai des opéras essentiellement articulés autour de figures historiques célèbres : chronologiquement Einstein on the Beach, Satyagraha (sur Gandhi), Akhnaten, The Voyage (sur Christophe Colomb), Galileo Galilei et Kepler. L’évocation d’instants de vie, plutôt que la chronologie biographique, constitue le matériau de travail du compositeur. Son goût de l’échange avec les écrivains l’a mené à collaborer avec Peter Stephan Jungk, auteur d’un brûlot contre Walt Disney (Der König von Amerika, ou Le Roi de l'Amérique dans sa traduction française), qu’il adapte dans l'opéra contemporain The Perfect American sur la base d'un livret signé de Rudy Wurlitzer.
Le compositeur minimaliste américain met en musique quelques moments-clés de la success story d’un créateur hors normes aux méthodes pourtant décriées. L’opéra se concentre sur les travers réactionnaires de Walt Disney dans une partition aux accents industriels, comme dans le fonctionnement d’une entreprise aussi immense que l’empire du même nom. Les associations et les visions harmoniques rythment une action constamment mise en perspective avec la perception presque idéologique de l’entreprise. Si « les rêves deviennent réalité », c’est la facette sombre et tourmentée d’un génie du marketing qui est ici au menu.
Né d’une commande du Teatro Real de Madrid en coproduction avec l'English National Opera de Londres, The Perfect American fait l’objet d’une création mondiale le 22 janvier 2013 dans le théâtre madrilène, dirigée par de Dennis Russell Davies, dans la mise en scène de Phelim McDermott laissant toute sa place au dessin pour façonner un fil rouge abstrait et prenant. Quelques mois plus tard, le 1er juin 2013, l’ouvrage est donné à Londres au Coliseum Theatre sous la direction de Gareth Jones.
Prologue
Walt Disney se réveille depuis un lit d’hôpital en imaginant qu’un hibou se tient devant lui, puis le chœur vante la magie du monde de Disney.
Acte 1
Scène 1
Pour Walt et son frère Roy, la petite ville de Marceline, d’où ils viennent, est un lieu où les rêves deviennent réalité. Walt reçoit un accueil très chaleureux des habitants, mais ignore la poignée de main lancée par William Dantine, un de ses anciens salariés.
Scène 2
À l’hôpital, Walt, désormais d’un âge avancé, déplore que le temps soit passé si vite et que la mort s’approche inexorablement. L’infirmière Hazel George, qu’il surnomme Blanche-Neige, apaise ses craintes, mais Walt n’apprécie guère que son nom ne soit connu de tous que pour la marque qu’il représente. Il lui demande de bénéficier d’une cryogénisation à sa mort pour qu’une fois le jour venu, il puisse devenir le nouveau Messie. Son épouse Lilian, ses deux filles Diane et Sharon, ainsi que son frère Roy, viennent lui rendre visite aux côtés du conseil d’administration de l’entreprise. Il leur fait promettre devant le drapeau des États-Unis de ne jamais prononcer le mot « mourir ».
Scène 3
Plusieurs années plus tôt, au siège de Disney à Los Angeles, Walt et Roy se félicitent de leurs succès passés et regrettent que les stations-service, hôtels et boutiques de vêtements n’aient envahi les environs. En plus de se voir en digne successeur de Henry Ford et Thomas Edison, Walt se félicite d’être celui qui mènera Ronald Reagan à la Maison Blanche par ses conseils avisés. Entre soudain Dantine, qui lui reproche de l’avoir injustement renvoyé, avant d’être raccompagné vers la sortie par la sécurité.
Scène 4
Dans sa maison à Belair, Walt est réveillé par son épouse Lillian avec de bonnes nouvelles sur ses rapports médicaux. Elle et ses filles lui ont organisé une fête d’anniversaire surprise. Une petite fille sonne à la porte affublée d’un masque de hibou. Walt se présente comme le créateur des personnages de Donald et Mickey Mouse, qu’elle ne semble pas connaître, puis la met à la porte. Il explique par la suite qu’il est parvenu à l’âge de sept ans à tuer un hibou qui l’attaquait.
Scène 5
Walt est en pleine discussion avec un automate défaillant du président Abraham Lincoln. Il lui rappelle leurs points communs : des origines modestes et l’incarnation de l’esprit américain. Cependant, il lui reproche d’avoir œuvré pour la défense des Noirs. L’automate, bégayant, affirme la toute-puissance éternelle des États-Unis.
Acte 2
Scène 1
Roy reçoit dans son bureau l’insistant Andy Warhol, qui a fait un long voyage pour peindre un portrait de Walt. Warhol déclare à Roy être le même homme que Walt, illustrant toute la beauté de l’Amérique sans aucune de ses faiblesses. Roy ne laisse pas Warhol rencontrer Walt mais lui annonce qu’il informera son frère de sa venue.
Scène 2
Walt est, avec sa femme et ses filles, à bord du train miniature qu’il possède dans son jardin à Holmby Hills. Le train déraille à l’arrivée inopinée de Dantine ; Walt se souvient de l’avoir renvoyé pour avoir tenté de créer un syndicat. Dantine l’accuse de n’avoir imaginé lui-même aucun des personnages qui l’ont rendu célèbre.
Scène 3
Dans une unité de soins intensifs, Walt, très âgé, fait la connaissance de Josh, un enfant atteint d’un cancer occupant le lit voisin du sien. Le garçon est très impressionné par cette rencontre, considérant Walt comme un héros. L’infirmière leur suggère d’aller se promener.
Scène 4
Le docteur révèle à Lillian et à ses filles que Walt va devoir subir une ablation du poumon gauche suite à son cancer. Il évalue l’espérance de vie de Walt à deux ans maximum.
Scène 5
Dans le couloir de l’hôpital, Josh demande à Walt comment il a pu trouver le temps d’élaborer tant de personnages. Walt lui confesse ne pas dessiner, mais prendre les décisions. Josh rétorque qu’il est donc un équivalent de Dieu, ce à quoi Walt ne peut s’empêcher d’acquiescer. Quand l’enfant retourne dans la chambre, Walt s’enfuit en voyant Lucy avec son masque de hibou.
Scène 6
Walt est décédé à l’hôpital. Le chœur exprime encore une fois au monde que les rêves deviennent réalité.
Épilogue
Dantine, en guenilles, s’entretient avec le croque-mort dans le salon funéraire. Walt sera bel et bien incinéré, et non cryogénisé. Le chœur loue le bonheur et la beauté qui règnent à Disneyland, où le mot « mourir » n’est jamais prononcé.
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