Informations générales
- Compositeur:Aribert Reimann
- Librettiste:Claus H.
- Date de création:1978
- Lieu de création:Allemagne
- Nombre d'acte:2
- Langue originale:Allemand
- Maison d'opéra de la production originale:Bayerische Staatsoper - Nationaltheater
Description de l'Œuvre
Avant la création de Lear, qu’on peut considérer comme son chef-d’œuvre,Aribert Reimann (1936) acquiert une certaine notoriété avec deux premiers opéras Traumspiel (1965) et Melusine (1970).C’est un véritable défi que d’adapter pour la scène lyrique Le Roi Lear, un des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire du théâtre. Marquée par un pessimisme désespéré, la tragédie de Shakespeare a tenté plus d’un compositeur, dont Verdi, mais la complexité et la démesure de la pièce ont souvent été un obstacle. Aucune adaptation lyrique n’est parvenue à s’inscrire durablement dans le répertoire avant l’ouvrage de Reimann dont le succès fut immédiat. Une vingtaine de nouvelles productions ont vu le jour depuis sa création en 1978, ce qui reste exceptionnel pour un opéra contemporain. C’est pour répondre à la suggestion pressante du grand baryton Dietrich Fischer-Dieskau (1925-2012), dont il est l’accompagnateur privilégié depuis les années 1960, qu’Aribert Reimann se lance dans la composition de Lear. Claus Hobe Henneberg-Zimmermann (1936-1998) écrit un livret qui se révèle être un support idéal pour la musique de Reimann, tout à fait représentative de l’esthétique des années 1960-1970 à laquelle se rattachent Xenakis (1922-2001), Ligeti (1923-2006) ou Penderecki (1933). Composé entre 1976 et 1978, l’ouvrage est créé avec Fischer-Dieskau dans le rôle-titre.L’aveuglement, le désir de pouvoir, la trahison et la folie « commandent » le choix d’une musique qui semble tout emporter avec une puissance et une violence inouïes.Reimann parvient à donner son langage spécifique à chaque personnage en prenant ses distances avec le chant syllabique, abandonné au profit de mélismes et de vocalises jugés plus expressifs.Utilisant des séries dodécaphoniques, l’écriture instrumentale est extrêmement complexe et l’exécution de cet opéra regorgeant de difficultés est réservée à des artistes aguerris.
Résumé
Las d’exercer le pouvoir, le vieux Roi Learchoisit d’abdiquer en faveur de ses trois filles. Il entend partager son royaume entre elles selon l’exacte mesure de ce qu’il imagine être leur affection pour lui. Les deux premières filles témoignent à leur père un attachement hypocrite alors que la plus jeune, Cordelia, se montre moins démonstrative malgré un amour filial sincère. Lear, aveuglé par la déception, la chasse. Puis, trompé et bafoué par ses deux filles aînées, le vieillard finit par être lui aussi chassé de son palais. Il est condamné à errer, seul, à travers la lande, perdu entre tempêtes et folie. En choisissant de se dépouiller du pouvoir, Lear a fait se déchaîner autour de lui une violence qui engendre désordre et chaos. Tous les protagonistes périront, y compris l’innocente Cordelia dont Lear reconnaîtra trop tard la sincérité et la droiture. Le vieux roi mourra terrassé par la souffrance.
Première partie
Le Roi Lear annonce à ses trois filles qu’il partagera son royaume entre elles selon l’affection qu’elles lui témoigneront. Goneril et Regan expriment leur amour avec la plus grande emphase, tandis que Cordelia, la fille préférée de Lear, reste muette. Furieux, le roi déshérite sa fille qui devra épouser le roi de France sans dot tandis que ses sœurs se partageront sa part du royaume. Edgar, le jeune fils du comte Gloucester est horrifié par la haine et l’injustice dont Lear fait preuve envers Cordelia. Mais Edmund le fils bâtard du comte, en conclut qu’il est indispensable de se prémunir contre la folie des pères. Bientôt, enivrées par le pouvoir, Goneril et Regan cherchent à se débarrasser de leur père qui n’est plus rien. Lear comprend trop tard son erreur. Il voudrait rejoindre Cordélia pour implorer son pardon. Chassé de son château, il doit affronter seul une terrible tempête. Il est recueilli par Gloucester qui veut conduire le vieux roi à Douvres où il sera en sécurité.
Deuxième partie
Devenu un traître en aidant Lear, Gloucester est capturé par le duc de Cornouailles, mari de Regan. Le duc arrache un premier œil à Gloucester avant d’être tué et Regan lui arrache le second. Devenu aveugle, Gloucester est lui aussi chassé de son château. Goneril et Regan se préparent à affronter les troupes françaises de Cordelia, venue porter secours à Lear. Edgar retrouve Gloucester, son père, qui veut se suicider. Goneril décide d’empoisonner sa sœur Regan pour être seule à régner. Le duc d’Albany, horrifié, laisse sa femme Goneril pour rejoindre les troupes françaises. Cordélia parvient à retrouver Lear. Edmund, le fils bâtard de Gloucester, est devenu à la fois l’amant de Goneril et de Regan. Combattant pour elles, il défait les troupes françaises et arrête Cordelia et Lear. Il ordonne qu’on les tue avant que le Duc d’Albany ne vienne à leur secours. Regan expire, victime du poison administré par sa sœur ; Edmund est tué et Goneril se poignarde en voyant son amant expirer. C’est alors qu’apparaît Lear portant le cadavre de Cordelia qui a été pendue selon l’ordre d’Edmund. Lear, foudroyé par la douleur, meurt à son tour.
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