Depuis 2015, l’Opéra de Lyon met en place chaque année un événement qui s’inscrit dans sa politique d’ouverture à un public toujours plus large et plus jeune, quand bien même le public lyonnais est déjà parmi les plus jeunes des maisons d’opéra. Nous parlons ici de « Tous au balcon ! » qui propose 500 places d’une production dispersées dans tous les balcons de l'établissement au prix unique de 10 euros. L’unique condition requise pour obtenir une telle place est d’être âgé entre 18 et 28 ans.
Lors de sa première édition, l’Opéra de Lyon faisait cadeau d’une « carte open » pour l’achat de l’une de ces places. Cette carte permettait alors d’obtenir un verre à l’achat du premier spectacle ainsi qu’une invitation au bout de trois places achetées, sans oublier les promotions tout au long de la saison. Cette offre a évolué pour aboutir l’an passé à l’inscription à une newsletter secrète intitulée « Le Guichet n°8 » qui permettait d’être informé chaque vendredi d’offres, de réductions, d’invitations, etc. Finalement, cette année, la maison lyonnaise semble avoir décidé que l’offre se suffisait à elle-même et ne propose que la vente de ces 500 places, sans que ces dernières soient accompagnées d’un quelconque cadeau supplémentaire.
La production choisie cette année pour accompagner l’édition de « Tous au balcon ! » est Le Cercle de craie (Der Kreidekreis), le dernier opéra achevé d’Alexander von Zemlinsky, imaginé en 1932 et adapté de la pièce de Klabund, elle-même tirée du drame chinois de Ling Sing-Tao datant du XIIIe siècle. L’œuvre avant tout politique dénonce la misère, la corruption et l’oppression, pour raconter « entre conte de fée et réalisme social »*, « le triomphe d’une jeune fille promise à un destin tragique »*. La mise en scène de cet opéra extrêmement rare, et donné ici pour la première fois en France, est confiée à Richard Brunel dont nous avions vu la Béatrice et Bénédict à Toulouse. Il souhaite conserver ici la noirceur de la pièce tout en s’attachant à faire entendre comment l’imaginaire et le désir d’une justice meilleure transforment la noirceur de la société. Lothar Koenigs sera pour sa part à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon. L’occasion pour le public lyonnais de réentendre Ilse Eerens déjà présente dans Jeanne d’Arc au bûcher où elle interprétait la Vierge (la production avait également été choisie l’an passé pour « Tous au balcon ! »). Ici, elle sera Tschang-Haitang aux côtés de Lauri Vasar en Tschang-Ling, de Nicola Beller Carbone en Yü-Pei ou encore Stephan Rügamer en Prince Pao.
Cette initiative a pour objectif d’ouvrir les portes de l’opéra au plus grand nombre en visant une tranche d’âge souvent réticente, soit à cause du coût, soit à cause de l’image faussement poussiéreuse de l'opéra, parfois véhiculée par des idées reçues. Il faut bien avouer que l'Opéra de Lyon est l'une des maisons dont le public est particulièrement jeune, notamment grâce à sa politique d'ouverture, d'accessibilité, et aux nombreuses actions dédiées à destination de ce public afin de le fidéliser. Ainsi, outre ces 500 places à dix euros qui leur sont dédiées et qui feront peut-être naître des passions, il sera possible de poursuvre cette plongée dans l'univers lyrique grâce au "pass illimité 18/28 ans" qui permet aux jeunes amateurs d'art lyrique de se rendre à l'opéra autant de fois qu'il ou elle le souhaite durant trois mois (pour 25 euros par mois). Il existe également une "carte blanche" qui offre des réductions et des avantages au cours de la saison, telle qu'une newsletter exclusive, valabe pour deux personnes (plus d'informations disponibles sur la billetterie du site officiel de l'Opéra de Lyon).
*Cités depuis le site officiel de l’Opéra de Lyon
17 janvier 2018 | Imprimer
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