© Anna Netrebko
Après avoir été écartée de la scène du Metropolitan Opera, Anna Netrebko engageait l’année dernière des poursuites contre l’institution new-yorkaise. Trois de ses plaintes sont rejetées mais la quatrième, une accusation de discrimination du fait du genre, est jugée recevable par les tribunaux américains.
Depuis maintenant plusieurs années, Anna Netrebko et le Metropolitan Opera de New York sont en conflit. On le sait, la soprano d’origine russe n’est plus la bienvenue sur la scène de l’institution new-yorkaise depuis la guerre d’invasion de la Russie contre l’Ukraine : selon Peter Gelb, le directeur du Met, Anna Netrebko entretiendrait des relations ambigües avec le régime russe et plusieurs de ses engagements à New York ont donc été annulés. Anna Netrebko conteste les affirmations de Peter Gelb, rappelle ses différentes déclarations contre le conflit russo-ukrainien (à défaut de critiquer le régime de Vladimir Poutine), et l’affaire se règle maintenant devant les tribunaux américains.
Trois plaintes rejetées
L’année dernière, Anna Netrebko engageait en effet des poursuites contre le Metropolitan Opera pour diffamation, rupture abusive de contrat, discrimination du fait de sa nationalité et de son genre. Le Met Opera demandait le rejet de ces quatre plaintes et l’affaire a été entendue en fin de semaine dernière à Manhattan par la juge Analisa Nadine Torres : trois des quatre plaintes ont été rejetées. La juge ne retient que la discrimination du fait du genre.
Plus concrètement, la juge Torres estime que les accusations de diffamation ne sont pas suffisamment caractérisées dans les faits rapportés par les avocats d’Anna Netrebko. De même, la soprano dénonçait une rupture de contrat. On se souvient qu’un accord d’arbitrage lui avait déjà accordé 209 103 dollars de dédommagements début 2023 suite à l’annulation de ses engagements au Met en 2022 (calculés sur la base d’un cachet de 17 000 dollars par représentation finalement annulée par l’établissement new-yorkais). La soprano évoquait maintenant 40 représentations supplémentaires dont elle aurait été exclue au cours des prochaines saisons 2024-25 (dans Tosca et La Dame de Pique), puis pour la saison 2025-26 dans Manon Lescaut et Macbeth – dont on sait maintenant que le rôle de Lady Macbeth sera interprété par Lise Davidsen. La juge Analisa Nadine Torres acte que ces engagements ont certes été évoqués avec Anna Netrebko, mais n’ont jamais été finalisés contractuellement. L’accusation de rupture de contrat est donc rejetée. Enfin, Anna Netrebko dénonçait également une discrimination du fait de sa nationalité russe. Là encore, la juge a estimé que la nationalité d’Anna Netrebko n’était pas en cause dans la décision du Met, à l’inverse de ses engagements réels ou supposés à l’égard du régime de Vladimir Poutine.
Une plainte recevable pour discrimination du fait du genre
Néanmoins, l'accusation de discriminations en raison du genre est bien jugée recevable par la juge Torres, manifestement sensible aux arguments de la soprano : les avocats d’Anna Netrebko soutiennent que des chanteurs masculins ayant eu des relations avec le gouvernement russe auraient été mieux traités par le Met que la soprano. Et de mentionner le cas du baryton-basse Evgeny Nikitin ou des barytons Igor Golovatenko et Alexey Markov qui ont pu continuer à se produire sur la scène new-yorkaise. Cette dernière plainte est donc jugée recevable par la juge, et elle sera examinée au fond par les juridictions américaines à une date ultérieure, non encore précisée.
Suite à la décision de la juge Torres, Miguel Esteban, le manager d'Anna Netrebko, estime par voie de communiqué que « le tribunal reconnaît ici que les faits tels qu'ils sont allégués montrent que le Met a causé un préjudice à Anna Netrebko, qu'une affaire importante reste en cours » et qu’ « Anna Netrebko reste pleinement déterminée à poursuivre cette plainte, à faire valoir ses droits, à restaurer sa réputation et à démontrer que le Metropolitan Opera et Peter Gelb l'ont traitée de manière illégale ». De son côté, le Metropolitan Opera se dit « satisfait de constater que trois des quatre plaintes ont été complètement rejetées » et affirme « croi(re) fermement que la quatrième se révélera également sans fondement si elle est jugée ».
publié le 26 août 2024 à 06h57 par Aurelien Pfeffer
26 août 2024 | Imprimer
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