Annulation de la première d’Une Nuit à Venise à l’Opéra de Lyon : un préavis de grève est déposé jusqu'au 23 décembre

Xl_2016-12-15_173253 © Opéra de Lyon

Comme nous l’annoncions dès mercredi sur notre compte Twitter (voir le tweet), la première d’Une Nuit à Venise de Johann Strauss à l'Opéra de Lyon a dû être annulée suite à un mouvement social, rappelant les grèves qui avaient eu lieu la saison dernière à l’Opéra de Paris.

Si la maison lyonnaise n’est pas une aussi grande habituée de ce genre de situations que sa consœur parisienne, elle n’en est pas pour autant totalement étrangère : le 28 juin dernier, la représentation de l’Enlèvement au Sérail avait été reportée d'une journée suite à une grève. C’est cependant le mouvement social d’avril 2012 qui a le plus marqué les esprits des habitués de l’Opéra de Lyon : le Rossignol de Stravinsky n’avait malheureusement pas pu chanter à cette époque. Les techniciens se plaignaient alors de conditions de travail trop éprouvantes, après avoir enchaîné Parsifal de Wagner et le triptyque de Puccini. La Première de Parsifal avait d’ailleurs due être repoussée suite aux difficultés techniques engendrées par le décor : « il fallait six jours pour monter le décor, on nous en a donné deux », assurait alors à l’AFP Frédéric Vray, représentant CGT du personnel à l'Opéra et meneur de la grève. Serge Dorny avait par ailleurs reconnu « des plannings de travail parfois chargés et denses ».

Bien que la grève touchant actuellement l’Opéra de Lyon ravive ces souvenirs, ses raisons sont différentes et le mouvement social ne se cantonne pas à la maison lyrique mais à l’ensemble des personnels des théâtres de la Ville de Lyon (l'Opéra National de Lyon, le Théâtre des Célestins, le Théâtre du Point du jour, la Maison de la Danse, le Théâtre de la croix rousse, l'Auditorium de Lyon et le Théâtre nouvelle génération). Dans le préavis adressé au maire, Gérard Collomb, Marc Fintzi et Richard Delauzun (représentant ici la CGT) réclament « l’arrêt immédiat des suppressions de postes dans tous les théâtres cités ci-dessus, en particulier à l’Opéra et au Théâtre des Célestins ». Ils affirment également que « le manque de personnel amène la direction de l’Opéra à faire appel à la sous-traitance. Mais cette dernière est délocalisée. Le dernier exemple est une délocalisation de la sous-traitance en Roumanie et en Espagne pour accompagner l’atelier couture. La moitié des costumes a donc été fabriquée dans ces deux pays » et demandent donc « à ce que les subventions dont bénéficie l’Opéra servent bien à maintenir son niveau d’emploi prioritairement et d’en revenir à un développement de l’emploi local voire régional ». Enfin, ils souhaitent la réévaluation des forfaits des tournées pour les techniciens, inchangés « depuis le précédent règlement de 1997 ».

La CGT a donc déposé un préavis de grève s'étendant du 14 au 23 décembre, rendant les représentations d’Une Nuit à Venise incertaines jusqu’à cette date-là (celles des 27 et 29 décembre, puis du 1er janvier devraient en toute logique ne pas être impactées).
Cet opéra plutôt rare de J.Strauss ici mis en scène par Peter Langdal est également l'une de ses plus achevées. Son carcatère joyeux, emprunt de l'esthétique viennoise ainsi que sa pétillance s'inscrivent parfaitement dans la continuité de la Fête des Lumières terminée ce weekend, tout en amenant et en respectant l'esprit des Fêtes. Difficile alors de statuer sur l’avenir du spectacle de fin d’année de l’Opéra de Lyon : après l’annulation de la première, la menace de bloquer les représentations suivantes (au risque d’obérer la santé financière de l’établissement lyonnais) sera-t-elle suffisante pour débloquer le conflit social et lever le préavis de grève ? On l’espère – a fortiori quand les revendications de la grève ne concernent pas toutes l’Opéra. 

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