Selon l’adage, nul n’est prophète en son pays et peut-être s’est-il appliqué à Cecilia Bartoli : après avoir régulièrement chanté dans la Péninsule dans les années 1990, elle s’en était tenue éloignée pendant près de vingt ans, avant de revenir à la Scala à l’occasion d’un récital en 2012 – et ce soir-là, le public scaligère s’était montré fidèle à sa réputation, sifflant la cantatrice italienne. On ne l’y a plus revue depuis.
Conjointement avec le surintendant de la Scala de Milan, Alexander Pereira, Cecilia Bartoli annonce néanmoins aujourd’hui son retour dans la maison scaligère pour y proposer un programme de musique baroque – un « immense trésor culturel » italien, selon la cantatrice. « En un sens, la musique baroque a été oubliée en Italie, alors même qu’on y vit dans des cités baroques et qu’on respire "baroque" en Italie ». À ce titre, tooujours selon la cantatrice, « il est pertinent de remettre les compositeurs et auteurs de partitions baroques sur le devant de la scène ». « Quand on pense à Verdi, à Puccini, nous ne devrions pas oublier que ces compositeurs sont devenus ce qu’ils étaient grâce à ceux qui les ont précédés. Il est évident que Mozart était un génie, mais aussi parce que des compositeurs comme Hayden ont été une inestimable source d’inspiration pour lui ».
En conséquence, à compter de l’année prochaine et pour trois saisons, Cecilia Bartoli proposera à la Scala une nouvelle production baroque chaque année : d’abord Giulio Cesare in Egitto en 2019, dans une nouvelle mise en scène de Robert Carsen, dirigée par Giovanni Antonini, avec notamment Philippe Jaroussky, Bejun Mehta ou Christophe Dumaux, puis Semele en 2020 et enfin Ariodante en 2021 – l'une et l'autre dirigées par Gianluca Capuano. Et selon Alexander Pereira, les trois productions seront données à la Scala, avant de tourner ensuite dans d’autres maisons italiennes, notamment le théâtre San Carlo de Naples, où « les plus grands musiciens baroques ont fait leurs armes ».
De quoi commencer à entrapercevoir la saison 2018-2019 de la Scala. D’autant qu’Alexander Pereira profitait de l’annonce de cet événement baroque pour livrer quelques indiscrétions à la radio italienne sur sa prochaine saison : Riccardo Chailly devrait poursuivre son cycle consacré à Puccini avec Manon Lescaut, et la Scala devrait reprendre Gianni Schicchi dans la mise en scène de Woody Allen (créée à l’Opéra de Los Angeles en 2008). Le surintendant annonce aussi une production d’Hélène d'Égypte, rareté de Richard Strauss qui sera là donnée pour la première fois à la Scala. L’intégralité de la saison 2018-2019 du Teatro alla Scala devrait être officiellement dévoilée le 30 mai prochain à Milan.
24 mai 2018 | Imprimer
Commentaires