Quels sont les opéras et comédies musicales à ne pas rater au cours de ce mois de février 2025 ? Retenons la comédie musicale Gypsy donnée pour la première fois en France, une création mondiale qui entend bousculer le public londonien avec Festen, et puis aussi de l’opéra baroque aussi avec Semele au Théâtre des Champs-Elysées, la poésie de Pelléas et Mélisande servi par Wajdi Mouawad à l'Opéra de Paris ou encore Mitridate à Lausanne et sa cohorte de prises de rôle. Sélection subjective et non exhaustive.
Gypsy à l’Opéra national de Lorraine, les 1er et 2 février
Comédie musicale. La comédie musicale s’invite de plus en plus régulièrement à l’opéra, mais certaines se font encore rares sur scène. C’est le cas de Gypsy, encore jamais donnée en France et pourtant signée de deux monuments du genre : Jule Styne pour la musique (qui s’est notamment fait connaître avec Les hommes préfèrent les blondes) et l’incontournable Stephen Sondheim pour les paroles (qu’on connait pour West Side Story). En ce début février, l’Opéra national de Lorraine invite à découvrir Gypsy et manifestement de belle façon.
Gypsy se déroule aux Etats-Unis pendant la Grande dépression et met en scène le personnage de Rose, mère de deux filles, June et Louise, pour qui elle rêve de grandes carrières dans le music-hall. Si Natalie Dessay ne se produit (presque) plus à l’opéra, elle endosse ici le rôle de Rose et partage la scène avec sa fille, Neïma Naouri, qui interprète Louise. Pour l’occasion, la mise en scène est confiée à Laurent Pelly et la direction musicale à Gareth Valentine, grand spécialiste du genre.
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Semele au Théâtre des Champs-Elysées du 6 au 15 février
Baroque. Depuis 2023, le Royal Ballet and Opera de Londres conduit un cycle consacré à Haendel, initié avec Arminio, poursuivi avec Jephtha et qui doit s’achever avec Semele. Avant d’être donnée à Londres en fin de saison, cette nouvelle production de Semele confiée à Oliver Mears fera halte à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées du 6 au 15 février prochains. Le metteur en scène s’émancipe de la dimension mythologique de l’œuvre, pour la transposer à notre époque et explorer les enjeux de pouvoir entre la jeune et naïve Sémélé face au puissant Jupiter et la retorse Junon...
Outre le fait que cet oratorio (aux allures d’opéra) n’est pas fréquemment donné malgré la beauté de sa partition, la production est ici défendue par une équipe artistique de premier ordre : en fosse, la spécialiste du répertoire baroque Emmanuelle Haïm à la tête de son orchestre du Concert d’Astrée, et sur scène, Pretty Yende dans le rôle-titre aux côtés notamment de Ben Bliss en Jupiter et Alice Coote en Junon, ou encore Brindley Sherratt, Niamh O’Sullivan, Carlo Vistoli et Marianna Hovanisyan.
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Festen au Royal Ballet and Opera de Londres, du 11 au 27 février
Création mondiale. Enfant terrible de la scène contemporaine britannique, le compositeur Mark-Anthony Turnage (à qui l’on doit déjà les opéras Anna Nicole ou Coraline) est de retour au Royal Ballet and Opera de Londres avec une nouvelle création, Festen – librement adaptée du film homonyme de Thomas Vinterberg sorti en 1998. Comme le long-métrage, l’opéra met en scène la soirée d’anniversaire d’un patriarche confronté à de sordides secrets familiaux. L’ouvrage est manifestement très cru et l’Opéra londonien multiplie les avertissements : les spectateurs seront confrontés à des thématiques lourdes, la maltraitance infantile, le suicide ou le racisme, entre autres. Pour autant, selon le compositeur, c’est précisément la raison pour laquelle on va à l’opéra, pour être poussé dans ses retranchements, et parce que, selon lui, « rien de tout ça ne pourrait être sur Netflix ».
En attendant de la découvrir sur scène, cette création promet d’être l’une des sensations de ce début d’année, défendue par une distribution de premier plan réunissant Allan Clayton, Stéphane Degout et Gerald Finley, sous la direction musicale du chef Edward Gardner.
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Mitridate à l’Opéra de Lausanne du 23 février au 2 mars
Premières fois. Mitridate n’a été donné qu’une seule fois à l’Opéra de Lausanne (qui, à l’époque, était encore le Théâtre Municipal), en 1984. Après une longue absence, le premier opéra seria du jeune Mozart (il n’a que 14 ans lorsqu’il le compose) est de retour sur la scène suisse dans une nouvelle production marquée par une multitude de « premières fois ». On compte sept prises de rôle pour les sept solistes de la production, dans une distribution emmenée notamment par Paolo Fanale dans le rôle-titre et la très prometteuse Lauranne Oliva en Aspasia. Pour la première fois aussi, le chef Andreas Spering est à la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne et dans l’ouvrage mozartien.
Quant à la mise en scène, si les conflits militaires et politiques fondent l’arrière-plan de Mitridate, la metteuse en scène Emmanuelle Bastet préfère se concentrer sur les enjeux familiaux et psychologiques des personnages qui font le sel de la dramaturgie de l’ouvrage. Avec le scénographe Tim Northam, ils imaginent un « labyrinthe architectural » fait d’un « dédale d’escaliers qui envahissent l’espace, menacent et parfois se dérobent, des jeux de miroirs, des rideaux d’eau, des effets de transparence » en guise de « traduction poétique et esthétique de la manière dont les personnages sont enfermés dans la complexité de leurs sentiments ». À découvrir du 23 février au 2 mars prochains à l’Opéra de Lausanne.
La production fera l’objet d’une captation vidéo en Suisse par la RTS / Espace 2. Elle sera également ensuite donnée à l’Opéra de Montpellier les 8, 10 et 12 avril prochains.
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Pelléas et Mélisande à l’Opéra Bastille du 28 févriver au 27 mars
« Pelléas et Mélisande, histoire d’amour éventrée car rôdent, ici et là, des loups autrement plus dangereux que les loups des contes : le raisonnable, la loi du plus fort, la violence du pouvoir, le mensonge et le désir de possession ». C’est ainsi que Wajdi Mouawad aborde le drame lyrique de Debussy pour sa deuxième mise en scène à l’Opéra de Paris. Le metteur en scène y oppose un Golaud qui voit le monde au singulier face à une Mélisande pour qui « tout est polyphonie » dans une infinie de possibilités...
On est curieux de retrouver la poésie de Wajdi Mouawad dans l’œuvre onirique de Debussy et plus encore quand Sabine Devieilhe doit y interpréter Mélisande pour la première fois dans une version scénique de l’œuvre, aux côtés notamment de Huw Montague Rendall qui retrouve le rôle de Pelléas qu'il a déjà chanté à plusieurs reprises à Toulouse, Rouen ou Aix-en-Provence.
Et aussi...
- Après L’Or du Rhin à l’automne 2023 et La Walkyrie début 2024 dans les mises en scène de Romeo Castellucci, avant que ne lui succède Pierre Audi pour Siegfried en septembre dernier, La Monnaie de Bruxelles achève finalement son Ring des Nibelungen. Le metteur en scène s’attaque au Crépuscule des dieux du 4 février au 2 mars, avec toujours Alain Altinoglu à la direction musicale. La conclusion d’un cycle d’envergure. Plus d’informations.
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La redécouverte de Guercœur à l’Opéra national du Rhin avait été l’un des très grands temps forts de la saison dernière. L’opéra d’Albéric Magnard s’exporte maintenant à l'Opéra de Francfort du 2 février au 8 mars, dans une nouvelle production cette fois signée David Hermann. Un petit pas de plus vers la réhabilitation d’une œuvre (majeure) longtemps oubliée. Plus d'informations.
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La Médée de Cherubini ne laisse jamais indifférent. Du 8 au 16 février, l’Opéra-Comique en propose une nouvelle production signée Marie-Ève Signeyrole, qui entend interroger « cette figure maternelle et cette violence absolue au XXIe siècle ». Laurence Equilbey est au pupitre, pour accompagner Joyce El-Khoury dans le rôle-titre face au Jason de Julien Behr. Plus d'informations.
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Du 15 au 18 février, l’English National Opera invite à (re)découvrir une rareté, Mary, Queen of Scots de la compositrice Thea Musgrave. Créé en 1977, l’opéra s’inspire de l’histoire de la reine Marie Stuart, alors qu’elle rentre en Écosse après la mort de son époux François II, éphémère roi de France en 1560. Pour découvrir cette curiosité, l’ENO confie l’ouvrage au metteur en scène Stewart Laing (plutôt habitué des comédies musicales) et sur scène, à la soprano Heidi Stober dans le rôle-titre. Plus d'informations.
publié le 31 janvier 2025 à 14h48 par La Rédaction
31 janvier 2025 | Imprimer
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