Changement d’équipe artistique pour la suite du Ring à la Monnaie

Xl_de-munt-mjmwmjq3mjuxma © Théâtre royal de La Monnaie

Si les changements de distributions sont assez fréquents à l’opéra, ceux d’équipe artistique le sont moins. C’est toutefois ce qu’annonce le Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles, pour sa Tétralogie de Wagner.

On se souvient que La Monnaie de Bruxelles avait initialement annoncé un cycle du Ring des Nibelungen de Wagner réparti sur deux saisons et confié à Romeo Castellucci. « Une entreprise considérable à laquelle seuls des artistes visionnaires osent s’essayer et qui constitue un formidable défi pour toute maison d’opéra ». Malheureusement, le projet ne pourra pas totalement aboutir.

Une première moitié réussie

En novembre 2023, nous rendions compte de L’Or du Rhin qu’avait imaginé le metteur en scène aux côtés du directeur musical de la maison, Alain Altinoglu : « Dans ce prologue, l’homme de théâtre et plasticien traite du pouvoir, dans sa composante de domination : celle des dieux sur leur main-d’œuvre pour la construction du Walhalla (et les ruines de leur empire historique, symbolisé par des bas-reliefs sous lesquels se cachent des flots de corps anonymes), celle d’Alberich pour faire fondre l’or rhénan, celle du chantage par la force (Fasolt et Fafner), celle du statut divin de Wotan sur les Nibelungen. La forme et les matières prennent ainsi part à chacune des quatre scènes, à travers une concentration précise sur les objets ou les attributs, afin de caractériser les personnages ».

Minimalisme et gigantisme continuaient à évoluer main dans la main lors de la Walkyrie, dont nous rendions compte en février dernier. Ici, le metteur en scène faisait « le parti d’une grammaire visuelle plus radicale pour faire cheminer le Ring par le regard, dans l’esprit du spectateur. Le sens des images découle des mouvements qui entourent les personnages plutôt que de leurs propres gestes. Le statisme des chanteurs n’est certes parfois pas sans décontenancer, mais oblige à ce que la couleur, la forme ou l’attente fasse naître l’émotion sur les intéressés ». Les symboles étaient distribués au compte-goutte, mais certains des tableaux semi-vivants proposés n’échappaient pas « à la surintellectuallisation, à la passivité ou à l'ennui, au détriment de l’intrigue ».

Changement pour la saison 2024-2025

Ainsi que l’indique le communiqué de La Monnaie : « l’équipe de Romeo Castellucci prévoyait une approche artistique distincte pour chaque titre : la réalisation d’un long métrage impliquant une technologie encore inexplorée pour Siegfried, et un double projet mêlant opéra et théâtre pour Götterdämmerung, le volet final. Après plusieurs mois de préparation, de recherche et d’étude, force a été de constater que nous étions dans l’incapacité de monter ces projets dans les délais et le cadre budgétaire impartis. C’est avec un immense regret que Romeo et ses collaborateurs, ainsi que les équipes de la Monnaie, sont arrivés à cette inévitable conclusion. Nous espérons tous que ce projet ambitieux pourra un jour être mené à son terme ».

Toutefois, la maison belge a souhaité maintenir le projet du Ring avec l’ensemble des effectifs du Théâtre, la distribution annoncée et son directeur musical. Elle a toutefois dû trouver un nouveau metteur en scène, et c’est vers Pierre Audi qu’elle s’est tournée. Malgré la contrainte de temps – les projets artistiques bénéficient généralement de plusieurs saisons pour être réfléchis et présentés au public – le metteur en scène a accepté. Il travaillera avec une nouvelle équipe de production, comprenant Michael Simon pour les décors et Petra Reinhardt pour les costumes.

Par ailleurs, « Pierre Audi est un grand spécialiste de Wagner, et son précédent Ring, que nous avions monté ensemble lors de son mandat à Amsterdam, peut sans nul doute être qualifié d’historique. Nous sommes convaincus que la nouvelle narration élaborée par Pierre et son équipe offrira à notre public une suite inspirée du RingSi les deux premiers chapitres, à vocation « allégorique », traitent essentiellement des dieux, les deux suivants se concentrent sur l’histoire « humaine » de Siegfried et Brünnhilde et la fin de l’amour. Le cycle peut donc, sur le plan dramaturgique, se concevoir sous la forme de deux diptyques. Nous sommes heureux que la solution ainsi trouvée nous permette, comme promis, de présenter ces œuvres durant la saison 2024-25 ».

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