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La musique contemporaine perd l’un de ses représentants. Le chef allemand Michael Boder s’est éteint le 7 avril dernier à Vienne, à l’âge de 65 ans. Sa disparition suscite des témoignages émus dans le monde de la musique.
Né à Darmstadt en 1958, Michael Boder a étudié à la Musikhochschule de Hambourg avant de se perfectionner auprès de Zubin Mehta et Riccardo Muti en Italie. Il débute ensuite sa carrière à l’Opéra de Francfort en tant qu’assistant de Michael Gielen, réputé pour sa grande connaissance du répertoire du XXe siècle. Il devient chef principal de l’Opéra de Bâle à 29 ans, avant de devenir directeur musical du Gran Teatre del Liceu de Barcelone de 2008 à 2012, puis chef d'orchestre principal du Det Kongelige Teater de Copenhague jusqu'en 2016.
S’en suit une carrière internationale qui le mène dans les fosses les plus prestigieuses à travers le monde, notamment à l’Opéra de Vienne où il fait ses débuts en 1995 avec Wozzeck. Il y multipliera les directions : Elektra, La Femme sans ombre, Ariane à Naxos, Lulu, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, et bien d’autres. Il était régulièrement invité à la Royal Opera House de Londres, à l’Opéra de Munich, mais aussi à Dresde, Tokyo, San Francisco, Bruxelles ou encore Milan.
Un goût prononcé pour la musique contemporaine
Son répertoire couvre Wagner, Strauss, Bruckner, Mahler ou encore Berg et Schönberg, mais Michael Boder était particulièrement réputé pour son appétence pour la musique contemporaine (ou du moins des XXe et XXIe siècles). Peut-être était-ce lié à son enseignement auprès de Michael Gielen. On ne s’étonne donc pas de le voir particulièrement attentif à ce répertoire, comme par exemple avec la Lulu de Berg immortalisée dans la mise en scène d’Olivier Py, ou Le Grand Macabre de Ligeti signé par La Fura dels Baus.
Il s’engage avec passion dans de nombreuses premières et créations de compositeurs tels que Georg Friedrich Haas, Friedrich Cerha, Hans Werner Henze, Krzysztof Penderecki, Manfred Trojahn et Aribert Reimann. Il dirige par ailleurs de façon marquante la création de Faustus, the Last Night de Pascal Dusapin à la Staatsoper de Berlin en 2006.
Il laisse ainsi derrière lui plusieurs captations en plus de celles déjà citées, comme Moses und Aron mis en scène par Willy Decker en 2009 ou la Medea de Reimann paru en 2011.
Des hommages sur les réseaux sociaux
L’annonce de son décès a suscité de nombreux témoignages et hommages sur les réseaux sociaux. Parmi eux, la mezzo-soprano Stéphanie Houtzeel partage son émotion sur Facebook : « (…) J’ai pu chanter sous la main ferme et élégante de Michael Boder dans Medea, Elektra et Der Rosenkavalier à Vienne, Copenhague et Graz. Il apportait de la lumière et de la clarté même aux passages les plus compliqués de Reimann ou de Strauss. Son œil clair et ses connaissances approfondies étaient toujours accompagnés de chaleur personnelle et de patience. Il va beaucoup nous manquer (...) ».
Barbara Hannigan exprime elle aussi sa tristesse dans une publication : « J'ai été triste d'apprendre la mort récente du chef d'orchestre Michael Boder. C'était un collègue bon et généreux, et un merveilleux musicien. Nous avons d'abord travaillé ensemble au Liceu à Barcelone sur l'incroyable opéra de Ligeti Le Grand Macabre en 2011. À ce moment-là, je me préparais pour ma première Lulu, et il m'a généreusement guidée, et m'a orientée dans la bonne direction à prendre pour aborder l'ouvrage, et avec qui. Par hasard, Michael a fini par prendre le relais de la direction de trois représentations de ma première production de Lulu à La Monnaie. Comme la production était déjà en cours, il n'a eu qu'une après-midi de répétitions avec les interprètes et l'orchestre. Je n'oublierai jamais ces heures : il souriait jusqu'aux oreilles, nous soulageait et nous embarquait dans une musique qu'il connaissait et aimait tant. Il connaissait tous les détails de l'opéra, c'était magistral, contagieux, amusant, spirituel et puissant. Mes condoléances à tous ses chers collègues, amis et famille ».
11 avril 2024 | Imprimer
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