Disparition du metteur en scène britannique Graham Vick

Xl_graham-vick-groves-artists © DR

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la disparition de Graham Vick, décédé ce 17 juillet de la Covid-19, à l’âge de 67 ans.

Né le 30 décembre 1953 à Birkenhead (dans le comté de Merseyside), Graham Vick avait étudie au Royal Northern College of Music de Manchester avant de mettre en scène à 24 ans une production de Savitri (de Gustav Holst) au Scottish Opera, dont il deviendra le directeur de production en 1984. Dix ans plus tard, il devenait directeur des productions au célèbre Glyndebourne Opera dont la réputation du festival n’est plus à faire. Il ne quittera ce poste qu’en 2000, et poursuivra son travail de metteur en scène à travers le monde. Parmi les productions qu’il signe au cours de sa carrière, citons Macbeth en 1997 (sous la direction musicale de Riccardo Muti), Outis de Berio en 1996, ou encore La ville morte en 2019, toutes à la Scala de Milan. Le public parisien a pu voir son travail dans le Don Carlo de 2010 ou dans le Roi Arthus en 2015, mais il a également signé une Mort à Venise à Berlin en 2017, Parsifal à Palerme en 2020, Zaide à Rome en octobre dernier, ou encore de nombreuses autres productions en Angleterre ou dans des festivals, comme ceux de Salzbourg ou de Baden-Baden. Il devait par ailleurs signer en septembre prochain Un Bal masqué au Festival Verdi.

Outre ces travaux de mises en scène, il avait fondé en 1987 la Birmingham Opera Company dont il était le directeur artistique. D’ailleurs, parmi ses productions avec l'Opéra de Birmingham, on note la première mondiale en 2012 de Mittwoch aus Licht de Karlheinz Stockhausen, particulièrement difficile. Cette compagnie qu’il a fondé est aujourd'hui connue pour son programme de sensibilisation, en présentant des spectacles dans des lieux inhabituels (comme des usines ou des entrepôts) à un public d'opéra non traditionnel. Il travaillait ainsi énormément à l’accessibilité de l’art lyrique et à son rayonnement. Graham Vick a été fait Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique en 2009, et venait d'être été fait Chevalier en début d'année pour services rendus à la musique et aux régions.

Sa disparition suscite de nombreux élans de la part des artistes lyriques de tous horizons, comme David McVicar« Je suis profondément attristé par la nouvelle du décès de Graham Vick. Je l’ai tellement admiré et il a toujours été un collègue gentil et généreux avec moi personnellement. Notre industrie et notre monde créatif perdent beaucoup sans lui. Mais il laisse un héritage incroyable d’engagement passionné envers notre forme d’art, en particulier dans le travail révolutionnaire qu’il a créé à Birmingham mais aussi à travers le monde, partout où l’opéra est reconnu comme vital et d’une importance vitale ». Une nouvelle qui touche bien sûr aussi l'univers des chanteurs, comme par exemple Dame Sarah Connolly qui indique : « la Covid 19 a fauché l’un des plus grands metteurs en scène d’opéra-théâtre de notre temps. Un grand galvaniseur, innovateur et il a pleinement vécu. C’est sans espoir de trouver un sens à la façon dont quelqu’un meurt – je me sens indigné et je ne sais pas vraiment pourquoi », mais aussi Asmik Grigorian qui avait travaillé avec lui dans la cadre de sa production de la Ville Morte à la Scala de Milan en 2019 et qui indique : « Cher Graham… Je ne peux pas le croire… Repose en paix mon très cher Maître ! Je ne peux pas croire… Ron, je suis tellement désolé pour ta perte… » ; ou encore Catherine Hunold« Quelle tristesse... Un maître vient de s'éteindre. RIP Graham Vick ».

Elodie Martinez

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