Le metteur en scène autrichien Otto Schenk est décédé ce 9 janvier, à l’âge de 94 ans. Il laisse à la postérité des productions d’un classicisme assumé, mais résolument mises au service des œuvres et des artistes, et qui continuent d’emporter le public.
Otto Schenk se classe parmi ces figures emblématiques du monde de l’opéra. Le metteur en scène autrichien est décédé ce 9 janvier 2025, à l’âge de 94 ans. Aujourd’hui, on se souvient sans doute de ses productions les plus classiques, qui font encore les hautes heures de l’Opéra dEtat de Vienne. On pense par exemple à son Chevalier à la rose ou sa Chauve-souris au faste délicieusement viennois, encore régulièrement à l’affiche aujourd’hui et dont le public ne se lasse pas malgré un classicisme peut-être un brin surannée. On pense aussi à sa Tétralogie au Metropolitan Opera de New York dirigé par James Levine, restituant toute la dimension épique de l’œuvre wagnérienne.
Pour autant, Otto Schenk n’était pas qu’un metteur en scène « classique ». Il se fera connaitre avec sa mise en scène de Lulu de Berg au Theater an der Wien en 1962. Dans ans plus tard, l’Opéra de Vienne fera appel à lui pour mettre en scène une autre œuvre du XXe siècle, Jenufa de Janacek, et il deviendra l’une des références de l’institution viennoise – il y signera 31 productions différentes, des grandes œuvres de répertoire de Carmen à Boris Godunov, en passant par La Flûte enchantée, Così fan tutte ou Don Giovanni, La Traviata, Don Carlo ou Il trittico, mais aussi les créations mondiales d'opéras contemporains (Der Besuch der alten Dame ou Kabale und Liebe).
La direction d'acteurs au cœur de la théâtralité
Au-delà de son répertoire, on retiendra peut-être davantage son goût pour la théâtralité et sa passion pour le jeu d’acteur. Dans un hommage, l’Opéra de Vienne rappelle que sa « marque de fabrique reposait sur une conception scénique cohérente de tous les personnages sur scène : chaque membre du chœur, chaque figurant, au même titre que les solistes, avait son rôle à jouer, spécifiquement pensé pour chacun » (et il a mis en scène les plus grands interprètes). L’établissement viennois poursuit : Otto Schenk articulait son travail autour de la « dimension humaine », c’est-à-dire en considérant que « l’émouvant portrait de chaque destin individuel devait être une exigence fondamentale du théâtre ».
Bogdan Roščić, directeur de l'Opéra de Vienne, lui rend hommage : « Otto Schenk incarne un chapitre essentiel et inoubliable de l'histoire de notre théâtre, mais c'est aussi un artiste qui a façonné le monde du théâtre pendant un demi-siècle comme peu d'autres. (...) Son amour infini pour les chanteurs allait de pair avec un travail de répétition acharné, sans concession, et une grande honnêteté. Il exigeait autant qu’il aimait. L'Opéra national de Vienne pleure la perte d'un artiste qui a su puiser dans la richesse intellectuelle et artistique de toute l'histoire du théâtre et la communiquer brillamment à un large public ».
L’histoire retiendra peut-être d’Otto Schenk le classicisme de ses productions, mais sans doute aussi qu’elles étaient mises au service des œuvres et de leurs interprètes avec sincérité. Otto Schenk s’est éteint à l’âge de 94 ans. Il laisse des productions intemporelles qui, sans doute, lui survivront dans l’imaginaire du public.
publié le 10 janvier 2025 à 08h49 par Aurelien Pfeffer
10 janvier 2025 | Imprimer
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