Après l'Autriche et l'Allemagne, la Belgique opte elle aussi pour un durcissement des mesures sanitaires. En effet, le gouvernement belge envisage une nouvelle fermeture des théâtres du pays en raison d'une augmentation des cas de Covid-19 jugée préoccupante.
Le Premier ministre belge devrait tenir une conférence de presse demain matin afin de préciser les modalités de cette fermeture : notamment sa durée ou la possibilité de maintenir des répétitions par exemple, afin de pouvoir monter certaines productions sans public en vue de retransmission comme c'est le cas en Antriche.
L'Opéra de Flandres a déjà fait savoir que sa production de La bohème, qui devait débuter le 10 décembre, sera en toute logique affectée par cette décision, et qu'il sera « très peu probable » qu'une première ait bien lieu la semaine prochaine.
En attendant davantage de précisions, les principales maisons lyriques belges se mobilisent pour signifier leur incompréhension face aux mesures qui s'annoncent, dans une lettre commune (reproduite ci-dessous) signée par Peter de Caluwe (Directeur Général et Artistique du Théâtre Royal de la Monnaie), Sophie Lauwers (Directrice Générale de Bozar), Hans Waege (Intendant de l'Orchestre National de Belgique), Pierre Thys (Directeur Général du Théâtre National Wallonie-Bruxelles), Michael De Cock (Directeur Artistique du Koninklijke Vlaamse Schouwburg).
Ensemble, ils rappellent que les théâtres accueillent le public dans les meilleures conditions de sécurité sanitaires et soulignent surtout que la culture reste plus que jamais nécessaire dans le contexte actuel : « la pandémie s'attaque à notre corps, mais également à notre esprit. Pour le premier, nous avons pris des mesures sanitaires et de sécurité. Pour le deuxième, nous avons un remède. Laissez la culture ouverte : la société a besoin d'elle ».
DÉCLARATION DE LA MONNAIE, DE BOZAR, DE L'ORCHESTRE NATIONAL, DU THÉÂTRE NATIONAL ET DU KVS
Le secteur culturel est parfaitement conscient que des mesures sont nécessaires pour contenir la quatrième vague. Nous contribuons depuis plus de 18 mois à trouver des solutions constructives et à assurer la sécurité de notre personnel, de nos artistes et de notre public. En ce sens également, nous restons un secteur créatif et toujours flexible. Nous trouvons incompréhensibles les nouvelles voix qui demandent l'interdiction de tous les événements en salle. Depuis plus d'un an, notre secteur a recours à des protocoles stricts, le port du masque est obligatoire, nous travaillons en bulles, nous faisons passer des tests à notre personnel plusieurs fois par semaine, etc. De plus, nous travaillons désormais avec le CST dans une pièce bien ventilée - grâce à un système de ventilation contrôlé par des virologues - face à un public assis et masqué, qui regarde droit devant lui.
Nous trouvons que la demande de fermer les théâtres et les musées est inconcevable et nous avons une sensation désagréable de "déjà-vu", face à cette proposition qui ne repose vraisemblablement sur aucune preuve scientifique. Refuser maintenant au public l'accès à la culture alors qu'il est clair pour tout le monde que les sources de contamination les plus dangereuses ne s'y trouvent pas, semble terriblement arbitraire.
Nous regrettons également que de telles mesures soient prises sans consultation avec le secteur concerné, sans explication et sans vérifier dans quelles mesures les protocoles déjà stricts pourraient être améliorés. Cela donne l'impression que les responsables politiques ne prennent pas le secteur culturel au sérieux, qu'il ne vaut pas la peine d'appliquer à ce secteur la même logique de consultation et de mesures minutieuses que celle appliquée aux autres secteurs.
Nous demandons donc avec insistance qu'en cette période de fin d'année difficile et dangereuse, le secteur culturel ne soit pas privé de la possibilité d'exercer sa raison d'être : donner du sens, émouvoir, remettre en question, donner de la profondeur, soulager la solitude, offrir du réconfort.
La pandémie s'attaque à notre corps, mais également à notre esprit. Pour le premier, nous avons pris des mesures sanitaires et de sécurité. Pour le deuxième, nous avons un remède. Laissez la culture ouverte : la société a besoin d'elle.
Peter de Caluwe (Directeur Général et Artistique du Théâtre Royal de la Monnaie)
Sophie Lauwers (Directrice Générale de Bozar)
Hans Waege (Intendant de l'Orchestre National de Belgique)
Pierre Thys (Directeur Général du Théâtre National Wallonie-Bruxelles)
Michael De Cock (Directeur Artistique du Koninklijke Vlaamse Schouwburg)
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