En 1967, Herbert von Karajan fondait le Festival de Pâques de Salzbourg, son propre événement musical susceptible d'accueillir des productions d'opéra sur lesquelles il aurait un total contrôle, sans avoir à subir les contraintes imposées par les festivals déjà installés (et notamment Bayreuth, au sein duquel il avait renoncé à se produire depuis 1952) ou les lourdeurs des maisons d'opéra traditionnelles.
Et pour inaugurer son festival, en 1967, Herbert von Karajan imaginait une Walkyrie d'anthologie, initiant une tétralogie qui poserait les bases des quatre premières saisons de son Festival de Pâques.
Le Festival de Pâques de Salzbourg attire toujours les mélomanes et alors que la première de la production de cette année (Otello) se tenait hier soir dans la capitale lyrique autrichienne, l'équipe exécutive du festival dévoile aujourd'hui le programme de son cinquantenaire.
En 2017, le Festival de Pâques de Salzbourg proposera une « recréation » de la Walkyrie de 1967, dans une réinterprétation de la scénographie originale de Günther Schneider-Siemssen, avec l'ambition « non pas de glorifier le passé, mais d'interroger sur l'esthétique scénique d'hier, d'aujourd'hui et de demain ».
En attendant de découvrir cette réinterprétation confiée à la metteure en scène Vera Nemirova (dans des décors inspirés des originaux et reconstruits par Jens Kilian, également en charge des décors), cette nouvelle production promet de s'appuyer sur un casting vocal de wagnériens de premier ordre : Christian Thielemann (également directeur artistique du Festival) dirigera cette Walkyrie, portée sur scène par le heldentenor Peter Seiffert dans le rôle de Siegmund, aux côtés notamment d'Anja Harteros (en Sieglinde, une prise de rôle), Anja Kampe (Brünnhilde) et Christa Mayer (Fricka). Les basses Vitalij Kowaljow et Georg Zeppenfeld incarneront respectivement Wotan et Hunding.
Une recréation « en hommage à la vision de Karajan », qui fait montre encore aujourd'hui d'une « incroyable puissance » selon Christian Thielemann, mais que le festival entend « confronter aux compréhensions esthétiques contemporaines » à l'occasion de son jubilée. Et pour mieux éclairer cette volonté de recréation, le festival accueillera également une exposition devant mettre en lumière à la fois la fondation de l'événement musical par Karajan il y a cinquante ans et la création de la production de la Walkyrie de 1967.
À noter que le festival poursuivra sa thématique à la fois wagnérienne et de réinterprétation dans le cadre de sa seconde œuvre lyrique puisqu'on pourra également y entendre une production de Lohengrin. Non pas l'opéra de Wagner, mais la curiosité de Salvatore Sciarrino créée à Milan en 1982, inspirée du livret de l'œuvre de Wagner, mais présentée par l'auteur comme une ’Azione invisibile per solista, strumenti e voci’ (une action invisible pour interprète féminine, instruments and voix), confiée à la soprano Sarah Maria Sun accompagnée par les membres de la Giuseppe Sinopoli Academy de la Staatskapelle Dresden.
Crédit photo : Peter Ruzicka, Christian Thielemann. (c) Michael Größinger
20 mars 2016 | Imprimer
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