Jérôme Boutillier : « Nous autres chanteurs sommes des amuseurs publics »

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Le jeune baryton Jérôme Boutillier est l’un des chanteurs français qui connaît l’ascension la plus fulgurante, ces deux ou trois dernières années, et nous avons eu le bonheur de l’applaudir souvent sur scène durant ce laps de temps, comme dernièrement dans le rôle de Zurga des Pêcheurs de perles à Toulon ou Gaveston dans La Dame Blanche de Boieldieu à l’Opéra-Comique. Très attentif à choisir le répertoire qui convient à sa voix en devenir, et animé par la passion de la scène, il nous a parlé de ses choix, de ses envies, de ses doutes, de sa vie de chanteur tout simplement…

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Opera-Online : Quel a été l’élément déclencheur qui vous a fait choisir la carrière de chanteur lyrique ?

Jérôme Boutillier : L’élément déclencheur de ma carrière ? Je ne peux pas le dire avec exactitude... Ma passion pour ce répertoire, sans doute. Mais le chant lyrique proprement dit, c’est à cause du piano que c’est venu ; ou plutôt, d’une désillusion au piano. Dan Millman écrivait dans Le Guerrier Pacifique : « Je ne peux pas (…) faire de plus grand cadeau que la désillusion » ; cette phrase a un sens tout particulier pour moi. L’année de mes 23 ans, dans un concours international de piano à Barcelone, mes bras se sont tétanisés en jouant une Etude-Tableau de Rachmaninov que pourtant vingt minutes avant, dans les coulisses, je déroulais sans trop de problème. A l’époque, saturé que j’étais de musique savante dite « pure », né d’une famille où l’on n’aimait pas le chant mais où on tolérait la chanson, je me suis finalement rendu compte que le piano seul m’ennuyait ; en revanche, j’aimais ce qu’on pouvait faire avec, que je trouvais beaucoup plus intéressant. Fils unique, mon plaisir musical est rapidement né du partage ; musique de chambre d’abord – lycéen, j’avais un duo de sonate piano-violon avec Julien Leroy, qui m’a dirigé en février dernier dans La Dame Blanche à l’Opéra-Comique – puis accompagnement de cours de danse, de chœurs, mélodie, Lied… et enfin, un jour de l’été 2008, je me suis jeté à l’eau, délaissé mon clavier et posé la voix sur l’air de Papageno devant la classe de Blandine de Saint Sauveur, qui se chargea ensuite de ma formation.
C’est un processus qui est toujours vivant en moi aujourd’hui : le chant naît du piano. Quand je me mets à travailler, je commence par pianoter, puis par vocaliser du clavier et à un moment, je me lève et chante.

Vous avez été Révélation classique de l’ADAMI en 2016. Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?

Ce fut d’abord un évènement unique, une très belle expérience artistique et un atout sérieux pour l’avenir. Le souvenir de l’audition devant Françoise Pétro et Sonia Nigoghossian à la Cité des Arts à Paris, où j’ai chanté sept airs et fini par un Lied au piano, m’arrache toujours un sourire. Elles avaient à l’époque contacté mon agent, Bettina Brentano, car elles étaient à la recherche d’un chanteur pour leurs Révélations.
Une fois embarqué dans l’aventure, je me suis retrouvé « dans le bain » ; le premier concert aux Bouffes du Nord avec Catherine Trottmann, Pauline Texier et Enguerrand de Hys, que j’ai retrouvés quelque temps après en production, reste un moment inoubliable. Puis, à Prades, au Festival Pablo Casals, on s’est occupé de nous, on nous a bichonnés, mis sur scène, valorisés et offert un enregistrement de qualité professionnelle pour faire connaître notre travail ; pour un chanteur ou un instrumentiste qui démarre dans la carrière, c’est très précieux ! D’un seul coup, on se retrouve avec un matériel de promotion qui vous offre une bonne visibilité auprès des théâtres et du métier tout entier. Les Révélations, c’est aussi comme une grande famille ; il m’est arrivé de découvrir au fil des productions ou dans mes anciens professeurs, des gens dont on découvre que pour eux aussi, l’ADAMI a été, quelques années auparavant, un catalyseur de carrière. Donc, encore et toujours, merci l’ADAMI ! 

Pouvez-vous nous mieux nous parler de votre goût et de votre pratique pour l'instrument-roi, le piano ?...

En fait, j’ai eu la chance d’être pianiste et de l’être resté en devenant chanteur, ce qui m’a permis de gagner ma vie comme chef de chant jusqu’à mes trente ans passés. Outre cela, une fois abandonné le projet de devenir soliste concertiste, j’ai revendu mon piano à queue Yamaha noir, dont le son m’agaçait et m’assourdissait, pour me tourner vers les pianos français du XIXème siècle (Erard, Pleyel, Gaveau…)
C’est grâce à ce type d’instruments et au charme particulier de leur « son » que j’ai pu me remettre à travailler, non plus en force et en tension, mais en souplesse et en puissance. Du simple point de vue de la genèse du son, le piano et le chant me semblent tellement opposés que parfois certains pianos deviennent dangereusement « anti-chant » si l’on ne prend garde de faire en sorte que de cette opposition naisse une complétude harmonieuse ; c’est là, à mon sens, que se situe peut-être l’enjeu principal du pianiste accompagnateur.
C’est cette délicate synthèse que j’essaie d’opérer dans le travail du Kammersänger (littéralement « chanteur chambriste »…) qui s’accompagne. A l’automne dernier, Frédéric Chaslin et Julie Cherrier, son épouse, ont été les premiers à m’inviter pour interpréter le Voyage d’Hiver de Schubert devant le public du Festival Musique aux Mirabelles à Hattonchâtel, dans la Meuse ; Frédéric m’avait imposé la condition expresse qu’il fallait que ce fût exécuté de mémoire. Je le remercie pour cette exigence qui m’a fait accéder à un autre étage de connaissance de cette musique et explorer plus en avant le geste de chanter depuis le clavier. A présent, j’aimerais passer à une autre phase de ce travail, en y adjoignant une démarche historiquement informée : envisager d’enregistrer ce cycle en jouant sur un piano viennois des années 1810 grâce au concours d’Alan Rubin, illustre collectionneur bien connu dans le monde de la musique baroque.
Mais tout reste à faire, à commencer par trouver une forme aboutie, un label éventuellement intéressé et les fonds nécessaires…

Et vous êtes un passionné de moto également…

Ah ça, la moto… avec prudence et sans modération ! (rires) C’est une passion que je partage avec quelques-uns de mes collègues, Pierre-Michel Durand, Julien Dran, Ildebrando D’Arcangelo, Paul Montag (ce dernier doit d’ailleurs fumer le cigare en route, certainement)… et j’en passe ! Si dans le monde (pas si lointain) des clichés, le ténor italien est inséparable de sa Ferrari, peut-on concéder au chanteur français sa monture bavaroise ? Car oui, mon engouement pour la culture germanique va jusque-là… et il m’est impossible d’être passionné à moitié ! Mais enfin, à l’heure où j’écris, elle est au garage avec un roulement de pont cassé…
Blague à part, je trouve une analogie bien réelle entre le fait de dessiner des courbes à moto et le legato ; du moins, j’y pense chaque fois que je pilote, et il suffit parfois d’un trajet à moto seul dans mon casque pour remettre les idées en place, penser, et faire que tout s’ordonne dans la tête.
D’une manière générale, je vais travailler à moto, en France et à l’étranger ; j’aime voyager le nez dehors, sans être enfermé dans un habitacle, à goûter l’odeur et la température de l’air… et parfois la pluie ou l’orage. Philosophiquement, cela rappelle la dangerosité omniprésente et toute proche de la vie, et je prends la contrainte du faible emport de bagages (moins de 120 litres en tout doivent suffire pour deux mois parfois) comme un exercice de sobriété... même si cela doit faire parfois blêmir certains directeurs comme Jean-Louis Pichon qui, début février 2019, me vit arriver – pour la production de Dante de Godard – dans Saint-Etienne recouverte par 40 cm de neige fraîche ! (rires)
Il m’a fait promettre de ne pas recommencer ; ne lui répétez surtout pas, mais je risque fort de ne pas honorer cette promesse. Je reste très prudent toutefois… surtout si je veux encore avoir le plaisir d’être motocycliste dans quarante ans (c’est ce que je dis à ma maman pour la rassurer…).

Vous avez beaucoup collaboré avec le Palazetto Bru Zane. Que devez-vous à cette structure culturelle qui semble beaucoup faire pour les jeunes chanteurs français ?

Ce que je dois au Palazzetto ? Et bien énormément. Cinq enregistrements déjà, parus en deux ans et demi ; pour un jeune chanteur, même en étant dans le bas de la distribution, c’est une formidable expérience. Les frères Dratwicki, Benoît le premier, m’ont donné mon tout premier contrat, Chimène ou le Cid de Sacchini, produit par l’Arcal et le CMBV et dirigé par Julien Chauvin avec le concert de la Loge en 2016/17. Puis, au fil de leurs conseils et des différentes œuvres dans lesquelles ils m’employèrent, s’est tissé avec eux une relation précieuse : ils sont l’entité savante, garante du style et de l’esthétique, et nous chanteurs servons cela par notre voix. Nous sommes le sous-marin, eux le périscope. Je ne vous dis pas que ça ne chauffe pas parfois entre les deux, mais c’est pour la bonne cause ! (rires)
A présent, j’évolue dans un répertoire qui relève plus de la juridiction d’Alexandre Dratwicki, et nous étions censés nous retrouver à quatre reprises cette saison 2019/20 – pour Phèdre de Lemoyne, La Carmélite de Hahn, les reprises de Cendrillon d’Isouard et Psyché d’Ambroise Thomas… –, avant que la situation sanitaire que nous connaissons n’en décide autrement. Il me tarde de les retrouver autour de ces œuvres, dont une partie est reportée à la saison prochaine.
Le travail du Palazzetto Bru Zane, qui a fêté ses dix ans l’an dernier, fait unanimité dans la presse spécialisée, et c’est là le moindre hommage qu’on lui peut rendre. Grâce à eux, beaucoup de compositeurs de premier ordre sortent de l’ombre, et on peut désormais entendre leurs meilleures œuvres en concert et au disque, et cela redonne une fraîcheur que je qualifierais d’indispensable au répertoire. Et de surcroît, les frères Dratwicki s’attachent beaucoup à écouter et à employer les chanteurs français (pourvu qu’ils soient disposés à rouler les « r » et fermer les « e » muets, sous peine de se voir fusillés du regard sur le champ !), et nous leur rendons grâce car c’est une attitude qui s’était un peu passée de mode dernièrement, dans l’ensemble de nos théâtres nationaux jusqu’aux plus grands, et qui tend à revenir, pour notre plus grand bonheur.

Et pour coller à l’actualité, quel est votre état d’esprit face à la crise actuelle ?

Pour ne rien vous cacher, mon état d’esprit oscille quotidiennement entre un pessimisme tel que l’affiche M. Lissner dans son entrevue à Diapason et l’optimisme de circonstance de mes agents.
A l’évidence, la génération présente de chanteurs lyriques n’a, me semble-t-il, jamais connu pareille situation, à savoir être ainsi du jour au lendemain réduits au silence sans certitude de reprise. Le premier enseignement que j’en retire est une leçon d’humilité : nous autres chanteurs sommes des « amuseurs publics », avec tout ce que cela peut comporter de grandeur et de noblesse. Mais dans une conjoncture de ce type, nos métiers font partie de ceux qui sont mis à l’arrêt les premiers et qui reprendront leur activité en tout dernier. C’est peut-être regrettable, mais c’est un fait. Manifestement, nous semblons être tributaires du bon fonctionnement d’une société économique majoritairement urbaine qui travaille, conçoit, fabrique… et enfin, se repose et/ou se divertit ; nos horaires en témoignent, car dans la plupart du temps notre temps de travail débute quand celui de la majorité finit. Nous n’existons pas sans notre public ; cela paraît évident, mais cette période nous le rappelle sans ménagement.
En conséquence, la seule issue viable semble être la patience : plusieurs fois par jour, j’ai une pensée pour mes collègues, quelquefois nous échangeons au téléphone. On se console un peu en se disant que nous sommes tous dans le même cas, quels que soit l’âge et l’expérience, et qu’il nous faut garder espoir en la réouverture prochaine de nos lieux de travail et de vie, même si je ne crois pas me tromper en affirmant que nous redoutons tous un peu l’état dans lequel nous allons retrouver notre métier. Pourra-t-on toujours décemment espérer défendre l’art lyrique demain ?
D’un point de vue matériel surtout, même si le Président de la République a annoncé une année blanche pour les intermittents, ce qui est déjà très bien, mais sommes-nous rassurés pour autant ? Est-ce épanouissant, à terme, de percevoir des indemnités ou du chômage partiel sans plus avoir la possibilité de travailler ? Sur les réseaux sociaux, je vois poindre des questions qui m’interloquent tant elles semblent pleines de bon sens ; depuis le 11 mai dernier, nous avons donc le droit de nous embarquer dans un avion, mais pas dans une salle de spectacle ? Quelle différence cela fait-il ? Pourquoi les nombreuses personnes des métropoles qui s’entassent dans les transports en commun pour retourner travailler, n’auraient-ils pas également le droit d’aller peupler en toute sécurité les salles de cinéma ou de théâtre (où l’on est bien moins serré que dans un RER aux heures de pointe) ? Loin de moi l’idée de me mêler de politique, et il me manque certainement beaucoup de données pour pouvoir embrasser l’ensemble des enjeux, mais nous sommes beaucoup à nous interroger sur l’ordre de priorité donné par nos dirigeants à la reprise du secteur culturel et de son économie.
Donc, ni vraiment pessimiste ni totalement optimiste, mais plutôt franchement dubitatif…

Comment vivez-vous le confinement et comment organisez-vous vos journées ?

Je vis ce confinement comme une période de jachère imposée où il est permis de s’adonner, si on le souhaite, à un certain « éloge de la lenteur ».
Depuis le 1er mars dernier où s’est achevée la production de La Dame Blanche à l’Opéra-Comique, je n’avais pas posé le pied chez moi plus de 72h d’affilée depuis trente-deux mois ; ce n’est guère un scoop, la vie du chanteur lyrique est loin d’être sédentaire, toujours en tournée... A ce rythme, on peut s’épuiser vite… et craindre la rupture.
Alors, depuis deux mois, c’est le contraire d’une vie pressée, la voilure est réduite et c’est très bien ainsi : j’ai la chance d’être confiné à la campagne, non loin de Rouen, avec une surface dont il faut s’occuper : tondre, faner, abattre, fendre, tailler, semer, arroser… et prodiguer des soins à l’âne domestique qui vit ici, et qui s’appelle Gaston. Le tout, bien sûr, non loin de la salle de musique… L’organisation des journées n’est plus comme avant régie par les rythmes de répétitions mais plutôt rythmée par le lever et le coucher du soleil, avec son cortège de tâches à accomplir et aussi ses périodes de vagabondage qui effraient presque au début, tant il est vrai qu’on ne les avait plus côtoyées depuis fort longtemps. Rendez-vous compte, on a enfin le droit de rêvasser, de procrastiner… et de penser ! Néanmoins, je sens bien que je suis prêt à repartir à tout instant.
Loin d’être une période d’inactivité passive, c’est plutôt un moment où j’essaie de prendre un peu de hauteur sur mon chemin, d’avoir une vision plus globale et à long terme, ce qui est plus difficile quand on a « la tête dans le guidon » ; revisiter ses abattis, reconsulter ses choix, reconsidérer ses projets. Bien sûr, ça a l’air chouette comme çà sur le papier… mais il faut aussi cohabiter quotidiennement avec les multiples inquiétudes quant à la reprise de notre métier sur lequel plane une incertitude grandissante. Mais en attendant, j’en profite pour étayer un pan encore trop fragile de ma culture : le théâtre ! J’ai relu beaucoup de pièces de Molière, et suis devenu accro à l’émission « Au théâtre chez soi » le dimanche sur France 5, où on peut goûter les captations des chef-d’œuvres interprétés par la troupe de la Comédie-Française, devant laquelle je suis béat d’admiration. Et puis, eux ont encore une troupe ! J’avoue que ça me fait un peu rêver parfois…

Vous deviez chanter dans deux des trois titres lyriques au prochain festival de Radio France & Montpellier ?

En effet, il était prévu que j’apparaisse dans Fedora de Giordano dans un double rôle : celui, chanté, du cocher Cirillo au premier acte et dans celui du pianiste qui accompagne les deux principaux protagonistes, Fedora et Loris, que devaient incarner Sonya Yoncheva et Charles Castronovo, dans un nocturne pour deux chanteurs et piano inclu dans l’œuvre. J’étais très enthousiasmé et même un peu fébrile de faire partie de ce projet atypique qui représente tout de même un certain défi : songez que c’est Jean-Yves Thibaudet qui tint le piano lors de la production et l’enregistrement de Fedora au Met en 1996…
La semaine qui suivait Fedora, je devais incarner le rôle de Mahouda dans l’immense opéra Bacchus de Massenet avec Catherine Hunold dans le rôle d’Ariane sous la baguette de Michael Schønwandt. A cette heure, nous n’avons pas encore connaissance des informations de report pour l’été 2021, mais je suis déjà reconnaissant au Festival pour sa confiance et serai heureux s’il s’avérait possible d’honorer ces engagements à la saison prochaine.

Quels seront vos premiers engagements à la rentrée ?

Le tout premier devait être une production des Talens Lyriques, Léonore ou l’amour conjugal de Pierre Gaveaux à l’occasion du Beethovenfest de Bonn en septembre ; las, j’ai appris avant-hier par Christophe Rousset que nos amis allemands avaient tout annulé également, et cela me chagrine beaucoup. L’occasion de fêter les 250 ans de la naissance de Beethoven ne risquant pas de se représenter, je doute qu’il ait été prévu de report pour cette œuvre, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une surprise…
Parmi les suivants, il faut noter la nouvelle production de Faust à l’Opéra de Limoges où j’aurai le plaisir de chanter Valentin dans une distribution réunie par Josquin Macarez : Camille Schnoor en Marguerite, Julien Dran en Faust, Nicolas Cavallier en Méphistophélès et Ambroisine Bré en Siébel. La mise en scène de Benjamin Lamarche et Claude Brumachon promet beaucoup et j’aurai, j’espère, le plaisir de retrouver Robert Tuohy à la baguette.
Sinon, si celle-ci tombe aussi sous le coup d’une annulation, il est censé se tenir la création de la grande production du Voyage dans la Lune d’Offenbach – à l’initiative du CFPL – à l’Opéra de Montpellier pour les fêtes de fin d’année, pendant laquelle il est prévu que j’officie dans le costume du Roi V’lan.

Et quels rôles aimeriez-vous aborder dans un proche futur ?

« Vaste programme, mon ami ! » aurait répondu un homme politique bien connu des Français… (rires).
Le « futur proche » pour un chanteur, c’est déjà ce que j’appellerais le moyen terme : entre le temps qu’il faut pour laisser émerger la maturité nécessaire, le travail puis le mûrissement d’un rôle souhaité, puis le temps de l’auditionner et éventuellement avoir la chance de le signer, cela fait quelques années. Néanmoins, je suis d’abord extrêmement heureux de voir arriver pour la saison suivante, si elle est effectivement maintenue, des prises de rôles dont j’ai pu rêver pendant mes études et mes débuts : Hamlet d’Ambroise Thomas, Oreste dans Iphigénie en Tauride de Gluck ou bien encore Leporello dans Don Giovanni de Mozart.
Par la suite, je souhaiterais avoir la possibilité de concentrer l’essentiel de mon travail sur deux sphères culturelles qui me sont chères : francophone tout d’abord, avec une prédilection toute particulière pour l’Opéra-Comique et germanique ensuite, à travers le Lied d’abord, puis l’opéra. J’adjoindrais à cela quelques rôles verdiens choisis, car Verdi est, à mon humble avis, bien plus que de la musique italienne.
Un journaliste bien connu du métier, venant entendre Les Chants d’un compagnon errant de Gustav Mahler au festival de Prades en 2018, m’avait confié qu’il m’entendrait volontiers dans Alberich… sans le prendre au pied de la lettre, j’avoue que je ne bouderais pas mon plaisir musical, vocal et scénique de pouvoir à terme aventurer ma barque dans ces eaux profondes !

Propos recueillis en mai 2020 par Emmanuel Andrieu
 

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