La Flûte enchantée ouvre le Festival d'Aix-en-Provence

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Ce mercredi 2 juillet, La Flûte Enchantée ouvre l’édition 2014 du Festival d’Aix-en-Provence, qui malgré une période de tension autour des intermittents du spectacle, ne se laisse pas abattre (le 25 juin dernier, le personnel du Festival votait à 80% contre la grève pour assurer les représentations de l'événement), désireux de donner cette année encore des spectacles d’une grande qualité, comme l’annonçait il y a peu son directeur Bernard Foccroulle via le blog de l’évenement, ainsi que dans un entretien avec l’AFP.

C’est donc l’ultime chef d’œuvre de Mozart, compositeur cher au festival depuis ses débuts, qui ouvre les festivités dans une production événement signée par le britannique Simon McBurney – déjà donnée en décembre 2013 à l'English National Opera (coproducteur de cette création), mais dont la qualité unanimement saluée justifie que le Festival déroge à ses habitudes et la (re)programme. Et on comprend ce choix tant cette Flûte Enchantée séduit à la fois par sa forme et son discours. Œuvre de prédilection du metteur en scène britannique, elle est l'occasion d'une utilisation poétique de technologies modernes, manipulées en temps réel pour mieux illustrer son caractère « humain » et se mettre au service de la magie et de la féérie du théâtre – au sein d’un festival qui, traditionnellement, revendique une cohabitation forte des arts visuels et dramatiques et de l’art lyrique.
Une Flûte Enchantée vue par Simon McBurney surtout comme une œuvre symbolique et politique qui replace aussi l’Homme au cœur d’un monde en plein renouvellement. Le metteur en scène rappelle que Mozart compose sa Flûte deux ans après la Révolution française dans une Europe en pleine transition : l’utilisation de la magie apparait à l’époque comme l’espérance d’un nouvel ordre social et l’émergence d’un nouveau monde qui, selon le Britannique, reste pleinement d’actualité en 2014 dans une Europe en crise tant économique que démocratique. Dans sa production, la Reine de la nuit, symbole de ce pouvoir sclérosée et qui peine à se renouveler, apparait ainsi sur scène affaiblie et finie en fauteuil roulant, face à un Tamino, idéal de l’Homme qui aime et lutte par amour, triomphant et meilleure promesse d’un futur éclatant. Selon Simon McBurney, la musique de Mozart avait vocation à changer la société et c’est ce qu’il entend transcrire au travers d’une mise en scène ambitieuse, résolument moderne et cohérente, retravaillée spécialement pour le Festival d’Aix-en-Provence.

Dans le cadre d'une direction scénique faisant intervenir une vingtaine d’acteurs et de figurants, le plateau vocal n'est évidemment pas en reste. On y retrouve notamment Stanislas de Barbeyrac dans le rôle principal de Tamino (très attendu à l’occasion de cette première grande apparition du ténor français en pleine ascension), envoyé par la Reine de la Nuit Karthyn Lewek sauver la soprano osloïte Mari Eriksmoen en Pamina chez le mage Sarastro incarné par Christof Fischesser, il sera accompagné tout au long de son périple par l’oiseleur Thomas Oliemans en Papageno.

Enfin, dans la fosse, on retrouve le Freiburger Barockorchester (actuellement en résidence au Festival) sous la baguette du chef espagnol Pablo Heras-Casado, qui, on l’espère, sauront donner à cette fable viennoise fantastico-philosophique tout le relief qu’il se doit, à l’occasion de cette soirée particulière, annonciatrice d’un nouvel été lyrique !

La Flûte enchantée au Festival d'Aix-en-Provence, du 2 au 23 juillet 2014
En direct sur Arte et Arte Concert le 9 juillet à 19h, sur France Musique le 17 juillet à 19h

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