Saison 2025-2026 du Théâtre des Champs-Elysées, « entre tradition et audace »

Xl_saison-2025-2026-theatre-des-champs-elysees © Théâtre des Champs-Elysées

Pour sa première saison à la tête du Théâtre des Champs-Elysées, Baptiste Charroing fixe ses priorités : renforcer l’identité de l’institution de l’avenue Montaigne et l’ouvrir à tous les publics. Il compose une saison articulée autour de grandes « séquences » thématiques (notamment la musique française ou la musique contemporaine), dans une cohérence pertinente et défendue par de belles distributions. 

Les 15 ans de mandat de Michel Franck à la tête du Théâtre des Champs-Elysées s’achèveront au terme de la saison en cours pour laisser la direction de l’institution de l’avenue Montaigne à Baptiste Charroing. Le nouveau directeur lève maintenant le voile sur la programmation de sa première saison et s’il dit « s’inscrire dans l’héritage » de son prédécesseur « avec la volonté de le faire fructifier et d’élargir ses horizons », il annonce aussi le développement une solide stratégie d’avenir pour le Théâtre.

Nouvelle identité et ouverture à tous les publics

Derechef, Baptiste Charroing se fixe un double objectif : renforcer l’identité du Théâtre des Champs-Elysées et ouvrir l’établissement en grand – à tous les publics comme aux artistes. On le sait, Paris compte de nombreuses scènes lyriques, certaines ont une identité très singulière, d’autres moins. Baptiste Charroing entend manifestement faire en sorte que le Théâtre des Champs-Elysées se classe résolument dans la première catégorie. Première étape : un logo modernisé, affichant dorénavant une « nouvelle identité visuelle en écho à l’esprit du Théâtre et à son architecture art déco si novatrice pour l’époque ». Le nouveau logo affiche aussi les mentions « maison de musique » manifestement pour mieux définir la vocation du théâtre et « avenue Montaigne » pour mieux l’identifier dans la capitale.

Baptiste Charroing souhaite manifestement aussi que le public se réapproprie le lieu « afin de renouer avec l’intention première de ses architectes et que cette scène mythique soit aussi dédiée au partage de moments de sociabilité ». Le hall et l'atrium seront donc réaménagés au cours de l’été pour être plus accueillants, et le Théâtre développera surtout « des activités afin de faire vivre le lieu en complément des concerts, avec notamment des expositions, des rencontres avec les artistes, des présentations de concert mais aussi des visites plus fréquentes du Théâtre en-dehors des spectacles ».

Musique contemporaine et musique française

Le Théâtre reste néanmoins une « maison de musique », donc, et c’est sa programmation qui a vocation à attirer le public. Baptiste Charroing la veut éclectique et l’articule autour de plusieurs « séquences » qui s’enchaineront tout au long des saisons : chacune de ces séquences comptera un opéra mis en scène, avec au moins une découverte par saison (une rareté ou une création) et la volonté de mettre en lumière « la jeune génération de metteurs en scène qui placent l’esthétique et l’exigence plastique au cœur de leurs projets ».

En termes de répertoire, le Théâtre des Champs-Elysées entend faire une place à la « musique d’aujourd’hui » et « s’affirmer comme un lieu où la création a toute sa place » (des créations musicales, lyriques ou chorégraphiques). La musique française, « emblématique de l’identité et de l’histoire du lieu », sera aussi à l’honneur chaque saison – faisant aussi écho au passé de Baptiste Charroing, qui a longtemps travaillé avec le Palazzetto Bru Zane, dédié notamment à la redécouverte et au rayonnement du patrimoine musical français.

Fort de cette politique, la saison 2025/26 du Théâtre des Champs-Elysées propose six productions lyriques mises en scène, dont un opéra participatif pour le jeune public. Et chaque séquence se complète d’une multitude de concerts, récitals et autres rendez-vous musicaux ou chorégraphiques qui contribueront à façonner l’identité artistique de l’établissement.

Saison 2025/26 du Théâtre des Champs-Elysées

Séquence #1 : Osez Joséphine

Pour ouvrir sa saison 2025/26, du 24 au 28 septembre prochains, le TCE imagine une première « séquence » très chorégraphique, intitulée Osez Joséphine et articulée autour de la figure de Joséphine Baker qui « se produisit pour la première fois en France sur la scène du Théâtre » en 1925. Pour marquer ce centenaire, le Théâtre donnera la dernière création de la chorégraphe Germaine Acogny, Joséphine, en diptyque avec Le Sacre du Printemps, chorégraphié par Pina Bausch et recréé pour l’occasion par Germaine Acogny.

On retiendra davantage ici les temps forts lyriques de la séquence. Le 2 octobre, la mezzo française Adèle Charvet se produira en récital, accompagnée par l’Orchestre de Picardie, pour interpréter des extraits de chansons du répertoire de Joséphine Baker et de ses contemporains, ainsi que la création mondiale de la nouvelle pièce de Caroline Marçot, Baker. Deux jours plus tard, le 4 octobre, le Théâtre donnera un Gala en hommage à Joséphine Baker, réunissant Pretty Yende aux côtés de la jeune soprano guadeloupéenne Luan Pommier et de la danseuse de ballet américaine Precious Adams.

Séquence #2 : Monstres et merveilles

Du 3 au 15 novembre, le Théâtre inaugura une nouvelle séquence Monstres et merveilles faisant la part belle à la musique française et à La Damnation de Faust de Berlioz, opéra peu fréquemment donné. La mise en scène en est confiée à la jeune artiste italienne Silvia Costa, qui répond aux ambitions artistiques réaffirmées du Théâtre de proposer des projets basés sur « l’esthétique et l’exigence plastique » : « son travail est empreint de poésie, et développe une réflexion sur le sens et le pouvoir des images », ici dans une « mise en scène qui assume l’essence libre et fragmentaire de l’œuvre, une forme qui ne cherche à taire ni les sauts ni les discontinuités, un spectacle qui soit un événement musical plus qu’une histoire classique allant d’un point A à un point B ».

Musicalement, l’ouvrage devrait aussi susciter une certaine curiosité puisqu’elle sera l’occasion de découvrir la prise de rôle de Benjamin Bernheim en Faust (on connait son goût pour le répertoire français), aux côtés notamment de la jeune mezzo-soprano Victoria Karkacheva en Marguerite, du baryton-basse Christian van Horn dans le rôle de Méphistophélès et de Thomas Dolié en Brander. En fosse, le jeune chef allemand Jakob Lehmann dirigera Les Siècles.

La séquence se complète le 5 novembre, d’une version de concert d’Alcina dirigée par Philippe Jarousskyà la tête de son ensemble baroque Artaserse, avec Marina Rebeka dans le rôle de la sorcière. Le 14 novembre, on retrouvera Berlioz cette fois avec sa Symphonie fantastique, interprétée par Les Siècles.

Séquence #3 : Fééries Montaigne

Le Théâtre des Champs-Elysées promet des raretés chaque saison. Du 3 au 14 décembre 2025, le rare Robinson Crusoé d’Offenbach sera celle de la saison 2025/26. Le Théâtre invitera à (re)découvrir cet opéra, éclipsé par les autres grands succès du compositeur, dans une nouvelle production confiée à Laurent Pelly, qui a déjà mis en scène moult autres ouvrages d'Offenbach, très souvent avec succès. Il retrouvera par ailleurs Marc Minkowski au pupitre avec qui il a déjà collaboré à plusieurs reprises. Pour ne rien gâcher, la distribution a de quoi séduire : Lawrence Brownlee dans le rôle-titre et Julie Fuchs en Edwige, aux côtés d’Adèle Charvet dans le rôle de Vendredi. La distribution se complète avec Laurent Naouri, Marc Mauillon (Toby), Rodolphe Briand (Jim-Cocks) ou encore la jeune québécoise Emma Fekete en Suzanne.

Cette séquence Fééries Montaigne se complète de l’Oratorio de Noël de Saint-Saëns dirigé par Thomas Hengelbrock (le 4 décembre) ou du Broadway Family Show de Natalie Dessay dont on connait le goût dorénavant pour la comédie musicale, avec son époux Laurent Naouri et leurs enfants, Tom et Neïma Naouri (11 décembre). Retenons aussi un Concert de Noël de nouveau avec Pretty Yende, le 16 décembre.

Séquence #4 : La Voix humaine / Point d’orgue

Le Théâtre entend faire une place à la musique française et contemporaine. Du 9 au 17 mars, l’établissement proposera un diptyque réunissant La Voix humaine de Poulenc et Point d’orgue de Thierry Escaich. Au monologue de la première œuvre (qui en scène Elle), Thierry Escaich imagine une « pièce miroir » aux allures de suite prenant la forme d’un dialogue renoué entre Elle et Lui.

Le diptyque a été mis en scène par Olivier Py en 2021 et avait fait l’objet d’une captation vidéo, mais sans être donné en public du fait de la pandémie. Cette (nouvelle) production est finalement reprogrammée dans la même distribution que celle de la création, avec Patricia Petibon, Jean-Sébastien Bou et Cyrille Dubois. Ils seront accompagnés par la cheffe Ariane Matiakh à la tête de l’Orchestre National de France, grande spécialiste de musique contemporaine.

Séquence #5 : Festival sacré

En mars et avril 2026, à l’approche de Pâques, le Théâtre des Champs-Elysées imagine une séquence « sacrée ». Dès le 28 mars, une version de concert du Prophète de Meyerbeer réunira notamment Marina Viotti, John Osborn, Emma Fekete ou encore Edwin Crossley-Mercer sous la direction du jeune chef Marc Leroy-Calatayud à la tête de l’Orchestre de chambre de Genève.

Le festival se poursuivra le lendemain 29 mars avec la Messe en si de Bach dirigé par Hans-Christoph Rademann à la tête des Chœur et Orchestre du Gaechinger Cantorey. Le jour suivant, le Requiem de Mozart par la cheffe Alevtina Ioffe pour diriger l’orchestre symphonique de Berne, avec notamment Regula Mühlemann, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Ian Castro et William Meinert parmi les solistes.

Le 1er avril, la cheffe Camille Delaforge à la tête de son ensemble Il Caravaggio donnera La Passion selon Saint Jean avec Marie Lys, Marie-Nicole Lemieux ou Cyrille Dubois. Deux jours plus tard, Thibault Noally et Les Ambassadeurs - La Grande Ecurie (sur instruments d’époque) proposeront La Passion selon Saint Matthieu avec Emmanuelle de Negri, Apolline Raï-Westphal ou William Shelton. Le 8 avril, Julien Chauvin et le Concert de la Loge proposeront La Création de Haydn, dans une très distribution emmenée par Stanislas de Barbeyrac, Regula Mühlemann et Nahuel di Pierro.

Séquence #6 : Folles amours aux Champs-Elysées

Enfin, la saison s’achèvera dans une dernière séquence célébrant l’amour, avec deux opéras mis en scène et plusieurs opéras en concert. D’abord La Calisto, joyaux de l’opéra vénitien de Cavalli, donnée les 4 et 6 mai 2026. La mise en scène est confiée à Jetske Mijnssen, dont les créations font la part belle à la psychologie des personnages. Sur scène, la jeune et enthousiasmante Lauranne Oliva fera ses débuts dans le rôle-titre, accompagnée en fosse par Sébastien Daucé à la tête de son ensemble Correspondances.

Du 3 au 12 juin, pour conclure sa saison, le Théâtre proposera également une nouvelle production de L'Enlèvement au sérail de Mozart, réalisée par le jeune metteur en scène Florent Siaud. Le plateau promet une belle distribution : le ténor Amitai Pati sera Belmonte aux côtés de la Constance de Jessica Pratt et de la toute jeune et prometteuse Manon Lamaison à l’occasion de sa prise de rôle en Blonde. En fosse, la chef Laurence Equilbey, « l’une des spécialistes de ce répertoire », sera à la tête de ses formations Insula Orchestra et Accentus.

La séquence promet aussi deux cantates de Haendel (le 5 juin), Il Delirio amoroso et Aminta e Fillide. Sur scène, elles seront interprétées par l’impressionnant sopraniste Bruno de Sá et la soprano Emmanuelle de Negri. En fosse, on retrouvera le Kammerorchester de Bâle emmené par Baptiste Lopez à la direction et au violon. Une version de concert d’Ariodante suivra le 7 juin avec la mezzo-soprano tchèque Magdalena Kožená accompagnée par le chef Andrea Marcon à la tête de La Cetra Barockorchester de Bâle, dont il est le directeur musical depuis 2009. Enfin le 30 juin, une version de concert de Porgy and Bess de Gershwin sera défendue par une distribution notamment sud-africaine : la soprano Pumeza Matshikiza, le baryton Bongani Justice Kubheka et le ténor Zwakele Tshabalala, aux côtés desquels on retrouvera également la jeune mezzo Axelle Saint-Cirel. Pour l’occasion, le chef américain Joshua Weilerstein dirigera l’Orchestre National de Lille, dont il est le nouveau directeur musical.

Outre quelques opéras en versions de concert hors des séquences de l'établissement, la saison 2025/26 du Théâtre des Champs-Elysées se complète également de plusieurs récitals instrumentaux ou vocaux prestigieux. On retiendra plus spécifiquement ceux du contreténor Franco Fagioli et du pianiste Michele d’Elia, de Sonya Yoncheva accompagnée par le Sofia Philharmonic dirigé par Nayden Todorov, de Jonas Kaufmann et Malin Byström avec l’Orchestre Philharmonique de Baden-Baden sous la baguette de Jochen Rieder mais aussi de Pene Pati avec Il Pomo d’Oro, ou encore de Lea Desandre et Huw Montague Rendall avec l’Orchestre National de Belgique ou enfin d'Anna Netrebko accompagnée par Pavel Nebolsin.

Le détail de la saison 2025/26 du Théâtre des Champs Elysées sera disponible très prochainement sur le site de l’établissement.

par

| Imprimer

En savoir plus

Commentaires

Loading