Comment rajeunir le public de l’opéra ? Par exemple en programmant des œuvres destinées aux plus jeunes, mais sans qu’elles soient simplistes ou manichéennes. C’est l’ambition de La petite fille, le chasseur et le loup, opéra de Vasco Mendonça donné fin janvier à l’Opéra de Paris.
Comment rajeunir le public de l’opéra ? C’est une question que se posent bon nombre de maisons lyriques aujourd’hui. Les réponses sont multiples mais dans le lot, certains établissements entendent s’adresser aussi aux spectateurs les plus jeunes, afin de cultiver leur attrait pour la musique et le spectacle vivant dès le plus jeune âge – ils pourraient y prendre goût, en faire une habitude et devenir les spectateurs de demain. C’est une politique qui a longtemps été très en vogue en Autriche, l’une des grandes nations de l’art lyrique, et qui s’exporte aujourd’hui de plus en plus, notamment à l’Opéra de Paris.
Au cours de la saison, « plus de 60 représentations sont proposées à tous les publics pour découvrir l’art lyrique et la danse » qui, selon l’établissement parisien, permettent « à plus de 20 000 nouveaux spectateurs chaque année de faire la rencontre d’œuvres, d’artistes et de compagnies venus du monde entier ».
En novembre dernier, l’établissement proposait ainsi par exemple la comédie musicale Halloween Parc (mettant en scène des monstres dans un parc d’attraction), et du 29 janvier au 3 février, l’Opéra de Paris accueillera les plus jeunes (dès 6 ans) à l’Amphithéâtre Olivier Messiaen pour redécouvrir La petite fille, le chasseur et le loup, l’opéra du compositeur Vasco Mendonça – qui avait fait l’objet d’une création à l’Opéra d’Amsterdam en octobre 2022.
La petite fille, le chasseur et le loup, renverser le postulat du conte
On connait le livret de La petite fille, le chasseur et le loup : le Loup de contes de fée n’est plus le méchant de l’histoire (il a faim et il a peur, traqué par le Chasseur) et la jeune Rosa n’est pas un petit chaperon rouge en détresse (mais une jeune fille débrouillarde qui tente d’aider le Loup à se rendre sur la Lune, où il n’y a plus de chasseurs). En renversant le postulat du conte, Vasco Mendonça incite à dépasser les idées reçues, raconte une « histoire de différences, de désaccords et de malentendus » et souligne « que ce qui est différent n'est pas nécessairement dangereux ». Le compositeur portugais s’émancipe de tout manichéisme et considère surtout que « les enfants aussi méritent d’être pris au sérieux » à l’opéra.
À l’Opéra de Paris, La petite fille, le chasseur et le loup est donné en français, dans la mise en scène « poétique » et « très ingénieuse » d’Inne Goris inaugurée lors de la création à Amsterdam. Sur scène, l’ouvrage est défendu par les sopranos Lise Nougier et Pauline Texier aux côtés du contre-ténor Fernando Escalona dans le rôle du Loup. Une nouvelle occasion d’initier le jeune public à l’opéra.
La petite fille, le chasseur et le loup, du 29 janvier au 3 février 2024 à l'Opéra de Paris
25 janvier 2024 | Imprimer
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