Avec ses trois maisons d’opéra d’envergure (la Komische Oper, la Deutsche Oper et la Staatsoper), Berlin est évidemment l’une des principales capitales lyriques d’Europe, que ce soit au regard du foisonnement de son offre, de sa diversité (entre œuvres de répertoire et créations) ou des interprètes de premiers plans qu’elle accueille sur ses scènes. Pour autant, cette offre peine à pleinement s’exprimer puisque depuis juin 2010, la Staatsoper Unter den Linden fait l’objet de travaux ambitieux, obligeant l’établissement à exporter ses productions au Schiller Theater. Mais après sept ans de travaux, l’établissement lyrique emblématique de Berlin s’apprête à rouvrir ses portes.
On le sait, les travaux de la Staatsoper ont été laborieux, en plus d’être coûteux : l’établissement berlinois devait initialement rouvrir ses portes en octobre 2014, avant que sa rénovation ne soit ralentie successivement par la découverte de vestiges moyenâgeux impliquant des fouilles, puis par des infiltrations d’eau imposant des travaux supplémentaires ou encore la complexité architecturale de son tunnel reliant la scène de l’opéra à son centre de répétitions – autant de déconvenues ayant pesé sur le budget global de la rénovation, évalué aujourd’hui à plus de 400 millions d’euros au regard des 239 millions initialement envisagés.
La Staatsoper rouvrira néanmoins ses portes temporairement, du 30 septembre au 3 octobre prochains (commémorant ainsi, par tradition, la réunification de l’Allemagne), avant d’apporter les dernières touches à sa rénovation et d’accueillir normalement le public à partir de décembre – à l’occasion du 275e anniversaire de son inauguration, le 7 décembre 1742.
Le public berlinois aura là l’occasion de (re)découvrir sa (nouvelle) maison d’opéra, intégralement rénovée, et notamment repensée pour offrir la meilleure acoustique. Dans cette optique, le plafond de l’opéra a notamment été rehaussé de cinq mètres, et surtout complété d’une vaste grille d’émail courant sur toute sa superficie, permettant ainsi de conserver l’esthétique originale de la salle et d’assurer une meilleure diffusion du son.
Et la programmation musicale de cette préouverture du 3 octobre n’a pas été choisie au hasard. Initialement, l’événement devait être marqué par la création d’un nouvel opéra de Wolfgang Rihm, que le compositeur n’a pas été en mesure d’achever dans les délais. À défaut, Matthias Schulz (le jeune nouveau directeur de l’établissement) et Daniel Barenboïm (directeur musical) ont opté pour une production des Scènes du Faust de Goethe, l’oratorio de Robert Schumann, avec notamment Elsa Dreisig et René Pape. Un choix atypique pour une réouverture, mais qui a le mérite de proposer une œuvre suffisamment rare pour piquer la curiosité des mélomanes et qui offre surtout toutes les qualités musicales pour mettre en valeur les évolutions techniques et acoustiques de la nouvelle salle. Entre retards et dépassements de budget, la rénovation de la Staatsoper Unter den Linden n’aura pas été sans heurts, mais gageons que l’établissement saura combler les attentes des mélomanes berlinois.
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