
À l’heure où les maisons d’opéra sont de plus en plus sensibles aux enjeux énergétiques et de développement durable, le Teatro Real achève sa rénovation énergétique et devient « le théâtre le plus durable d’Espagne ».
Ces dernières années ont fait la démonstration que les maisons d’opéra pouvaient être particulièrement tributaires des problématiques énergétiques – on se souvient de ces salles de spectacles contraintes de réduire leur saison faute de pouvoir assumer financièrement la hausse des coûts de l’énergie. Dorénavant, le Teatro Real ne sera manfiestement plus (ou moins) confronté à ces problématiques : l’institution madrilène vient d’inaugurer, ce 6 mars dernier, une toiture solaire de 1500 m² composée de tuiles photovoltaïques qui contribueront à répondre aux besoins énergétiques du théâtre.
Cette toiture marque l’achèvement d’un processus d’optimisation énergétique initié en 2019, visant à rendre l’institution madrilène neutre énergétiquement – après avoir déjà remplacé ses éclairages énergivores par des LED, modifié l'enveloppe thermique de ses bâtiments ou renouvelé ses systèmes de chauffage et de climatisation grâce à la géothermie.
Au total, les travaux auront représenté un investissement de 5,3 millions d’euros (partiellement pris en charge par des subventions dans le cadre du Plan de Transition Énergétique espagnol) mais qui permettent au Teatro Real de réaliser une économie d'énergie de 1,5 GWh/an – selon l’institution, « l'équivalent de 411 tonnes de CO² qui ne seront plus émis dans l'atmosphère, ou la capacité d'absorption annuelle de 2 378 arbres ». Et comme la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas, le théâtre précise aussi avoir réduit sa consommation énergétique de moitié (48%), passant de 7 GWh/an à moins de 4 GWh/an actuellement, tout en autoproduisant un un gigawatt pour sa propre consommation.
Transformer une construction de 1850 en un bâtiment à bilan énergétique nul
Un « projet emblématique mais aussi compliqué » puisque, selon le théâtre, il convenait de transformer une construction de 1850 en un bâtiment à bilan énergétique nul, sans affecter ni son intégrité technique, ni ses qualités architecturales et historiques. Le projet du Teatro Real s’impose néanmoins comme un modèle du genre : lors de l’inauguration de la toiture, la Ministre espagnole de la transition écologique Sara Aagesen saluait « les efforts » du Teatro Real, aujourd’hui premier bien immobilier d’intérêt culturel à être intégré au registre de la Transition Énergétique espagnol. Et de le justifier en affirmant que « nous ne pouvons plus nous permettre de supporter les coûts sociaux et économiques de l’inaction ».
Pour Ignacio García-Belenguer, les enjeux culturels et de durabilité écologique sont néanmoins indissociables : raison pour laquelle le directeur du Teatro Real indique se réjouir que son établissement soit aujourd’hui « le théâtre le plus durable d’Espagne » en attendant d’être « l’un des plus durables d’Europe et du monde ». Et comme pour joindre le geste à la parole, la musique était associée à l’événement : lors de l’inauguration de la toiture, le ténor Moisés Marín, accompagné par le pianiste Edoardo Barsotti, a interprété les airs Se di lauri il crine adorno et Avete o Numi... Vado incontro al fato estremo du Mitridate de Mozart, que la maison madrilène donnera à partir de ce 23 mars dans une nouvelle production de Claus Guth avec notamment Juan Francisco Gatell, Sara Blanch, Elsa Dreisig ou Franco Fagioli.
publié le 10 mars 2025 à 15h15 par La rédacion
10 mars 2025 | Imprimer
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