A l'occasion de la présentation de Norma au Festival de Pentecôte de Salzbourg, incarnée par Cecilia Bartoli, Opera Online revient sur l'histoire de l'un des rôles les plus difficiles du répertoire lyrique.
Le personnage de Norma, qui selon la grande Lilli Lehmann devait être « chanté et joué avec fanatisme », constitue un des rôles les plus écrasants du répertoire. L’opéra de Bellini, créé à la Scala en 1831, fut un échec malgré la présence des deux plus grandes chanteuses de l’époque : Giuditta Pasta et Giulia Grisi. Cet accueil décevant s’explique par l’embarras du public devant un ouvrage qui se situe à la jonction du classicisme et du romantisme naissant. Nous sommes encore dans la séduction du « bel cantisme » : Giuditta Pasta, créatrice du rôle, parlait de « l’ivresse de l’oiseau » qu’elle éprouvait en chantant le fameux « Casta Diva ». Et pourtant la force tragique de Norma, « perfection de la tragédie », comme le disait le philosophe Schopenhauer, atteint une tout autre dimension que l’émotion née du beau chant.
Dès la deuxième représentation, Norma rencontra le succès, dans toute l’Italie et plus encore à l’étranger, singulièrement à Londres où le rôle-titre fut repris par la Malibran. Ce fut un engouement qui confinait au délire. Cet éclatant succès de la Malibran reste gravé dans l’histoire de Covent Garden. La célèbre diva sut admirablement révéler toute la beauté et la pureté du chant bellinien que Wagner avait célébrée ainsi : « j’admire en Norma l’inspiration mélodique, unie avec la plus profonde réalité à la passion la plus intime ; une grande partition qui parle au cœur, le travail d’un génie ». Giulia Grisi, Lili Lehmann, Rosa Ponselle, furent ensuite de grandes interprètes de Norma. Mais celle qui marqua à jamais ce grand rôle fut sans conteste, Maria Callas. Elle l’interpréta pour la première fois à Florence, le 30 novembre 1948. Cette mémorable représentation, sous la direction de Tullio Serafin sera suivie de quatre-vingt-neuf autres à travers le monde entier. La Callas recrée véritablement le rôle ; elle porte à son sommet la pureté et la poignante vérité du bel canto romantique. Norma est sans doute le personnage qu’elle a su le mieux incarner et on peut dire qu’aucune des autres grandes interprètes qui l’ont suivie : Joan Sutherland, Montserrat Caballé, Renata Scotto ou June Anderson, n’ont pu faire oublier cette exceptionnelle interprétation. Le défi à relever est considérable.
Aujourd’hui, Cecilia Bartoli reprend ce « rôle des rôles », bien sûr dans la version mezzo qui est celle que chantait Maria Malibran. Pourtant l’essentiel n’est pas dans la tessiture mais bien dans le poignant portrait de femme qu’on attend de chaque nouvelle Norma.
Maria Callas interprétant l'air de Casta Diva dans Norma à Paris
Callas : Deux récitals à Paris voir la version complète sur medici.tv
18 mai 2013 | Imprimer
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