Le vie reprend progressivement son cours : non seulement plusieurs scènes et festivals annoncent leur réouverture ou maintien, mais les annonces de saison sortent elles aussi de la pause indécise de ces derniers mois. L’Opéra de Marseille vient ainsi de dévoiler sa saison 2020-2021 composée de sept productions (dont deux inédites) reposant principalement sur de grands classiques.
L’année s’ouvrira dès octobre avec La Dame de Pique, en coproduction avec l’Opéra de Toulon et de Nice où nous avons vu la production. La mise en scène particulièrement sombre d’Olivier Py sera ici servie par la Comtesse de Marie-Ange Todorovitch, la Pauline de Marion Lebègue, le Hermann de Misha Didyk (grand habitué du rôle que nous avions notamment entendu à Strasbourg en 2015), ou encore le Yeletski de Serban Vasile qui reprend ce rôle dans lequel il nous avait déjà conquis à Nice.
Le mois suivant sera marqué par L’Italienne à Alger, dans la mise en scène de Nicola Berloffa donnée ici en 2012, plusieurs fois reprise depuis, comme à St-Etienne en 2015-2016 où nous avions pu apprécier le sens de l'image et du spectacle du metteur en scène. Le trio féminin sera campé par Marie-Ange Todorovitch (Zulma), Amélie Robins (Elvira) et Silvia Tro Santafé dont l’Isabella nous a déjà ébloui dans cette même production à Avignon en 2014. La distribution masculine ne sera pas en reste avec Philippe Talbot (Lindoro), Florian Sempey (Taddeo) et Mirco Palazzi (Mustafa). Le voyage en Italie se poursuivra durant les Fêtes avec La Bohème, dans une coproduction avec le Teatro Comunale Luciano Pavarotti di Modena, le Teatro Municipale di Piacenza et le Teatro Giovanni Battista Pergolesi di Jesi qui permettra d’apprécier le travail de Leo Nucci non pas en tant que chanteur, mais metteur en scène. Sous la baguette de Paolo Arrivabeni, Angélique Boudeville tiendra le rôle de Mimi face au Rodolphe d’Enea Scala et au Marcel d’Alexandre Duhamel.
Nous ne quitterons pas l’Italie en février puisque sera reprise la production de Tosca imaginée par Louis Désiré, que nous avions pu voir à Nice en 2017. Jennifer Rowley y tiendra le rôle-titre, tandis que Marcelo Puente sera Mario Cavaradossi et Samuel Youn Scarpia (il nous avait déjà fait une belle impression dans ce rôle en 2016 à Londres). Enfin, dernière escale italienne de la saison, Luisa Miller sera proposée en mars dans une nouvelle production signée par Louis Désiré. Nous y retrouverons Zuzana Marková dans le rôle-titre, mais aussi Sophie Koch en Federica, Stefano Secco en Rodolfo, ou encore Nicolas Courjal en Comte Walter.
Retour ensuite en terre française avec Les Pêcheurs de perles de Bizet donnés en version concertante les 11 et 14 avril sous la direction de Gaspard Brécourt. Patrizia Ciofi retrouvera la scène marseillaise qu’elle connaît si bien en Leïla, aux côtés de Julien Dran (Nadir), de Jean-François Lapointe (Zurga) et de Patrick Bolleire (Nourabad).
Toutefois, c’est par ce qui pourrait être la production la plus attendue de la saison que celle-ci se termine, avec une nouvelle production de L’Africaine de Meyerbeer, ultime œuvre du compositeur décédé le lendemain du point final mis à son opéra – après une longue et laborieuse gestation avec Scribe – sans qu'il puisse y apporter les éventuelles modifications et corrections souhaitées (ce que fit le musicographe belge François-Joseph Fétis). L’œuvre dresse « un portrait singulier de l’explorateur Vasco de Gama et de la reine indienne Sélika tout en y incluant des propos critiques à l’égard de l’esclavage et de l’expansion coloniale européenne ». Rarement donnée, L’Africaine prend des allures de (re)découverte, et c’est vers Charles Roubaud que s’est tourné l’Opéra pour la mise en scène, tandis que Roberto Rizzi-Brignoli dirigera la partition. Karine Deshayes semble être toute indiquée pour redonner vie et corps à la reine Sélika, et trouvera face à elle le Vasco de Gama de Florian Laconi ainsi que le Nelusko de Florian Sempey. La profondeur de la basse Jean Teitgen devrait de son côté servir à merveille Don Pedro.
A côté de cette programmation, il ne faut pas oublier celle de l’Odéon qui se tourne vers le registre plus léger de l’opérette et qui proposera La Belle Hélène imaginée par Bernard Pisani – que nous avons vue à Tours en 2015 – avec Laurence Janot dans le rôle-titre et Jérémy Duffau en Pâris. La soprano sera également de la partie pour une nouvelle production des Trois de la Marine de Vincent Scotto, une opérette datant de 1933 et racontant le débarquement de matelots à Toulon qui amènent avec eux « leurs histoires de cœur ainsi qu’une enquête autour de la mystérieuse disparition de documents classés secret défense ». Décembre fera place à la traditionnelle Chauve-Souris, ici signée par Jacques Duparc, que nous avons d’ailleurs pu voir en 2015. Florian Laconi et Philippe Ermelier tiendront les rôles des deux compères. L’année débutera de son côté par Le chanteur de Mexico, avec Jérémy Duffau en Vincent Etchebar avant de laisser la place à une nouvelle production du Pays du sourire de Franz Lehár imaginée par Olivier Lepelletier, à qui l’on doit une Veuve joyeuse des plus plaisantes en janvier 2019. Notons enfin la présence d’Eléonore Pancrazi dans la nouvelle production de La Mascotte d’Edmond Audran, un « enfant du pays », qui connut un formidable succès lors de sa création en 1880 ainsi que les années suivantes.
Entre rire et sérieux, l’Opéra de Marseille, en duo avec l’Odéon, permettra ainsi à son public de retrouver des noms familiers ainsi que des œuvres majoritairement connues du grand public, mettant principalement en avant l’opéra italien généralement plus accessible au plus grand nombre. De quoi s’assurer l’attrait du public, tout en osant une dernière production hors des sentiers battus, mais qui ne devrait pas en être pour autant moins attendue.
05 juin 2020 | Imprimer
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