Pas de streaming pour Tristan et Isolde à Munich, pour préserver les artistes

Xl_tristan-et-isolde_opera-munich_jonas-kaufmann_anja-harteros2 J. Kaufmann, A. Harteros (© W. Hösl)

Au terme d’une saison rudement chamboulée par la crise sanitaire, l’Opéra d’Etat de Bavière attire tous les regards avec sa nouvelle production de Tristan et Isolde, dont la première représentation se tiendra ce soir. Une production particulièrement attendue du fait de son équipe artistique. Qu’on en juge : Kirill Petrenko dans la fosse munichoise avant qu’il ne se consacre pleinement à l'Orchestre philharmonique de Berlin ; Krzysztof Warlikowski à la mise en scène dont les productions suscitent toujours au moins de la curiosité ; et surtout Jonas Kaufmann et Anja Harteros sur scène dans les rôles-titres, dont on connait la complicité de longue date alors que le premier chantera ce soir son premier Tristan – après en avoir « repoussé l’idée pendant 20 ans ».

Autant de raisons justifiant que toutes les représentations affichent « complet » et que les billets se soient vendus en un temps record. Des raisons qui incitent aussi les internautes à réclamer depuis plusieurs jours une diffusion de la production en streaming, faute de pouvoir y assister depuis la salle munichoise.

Sur les réseaux sociaux, l’Opéra de Munich précise néanmoins qu'à cette heure, il n'est pas prévu que la production fasse l'objet d'une retransmission en ligne, et la maison bavaroise s’en explique sur les réseaux sociaux : le Bayerische Staatsoper n’entend pas ajouter une pression supplémentaire sur les artistes.

Au regard du contexte, nous partageons quelques réflexions sur Tristan et Isolde, à destination de tous ceux qui réclament, plus ou moins fortement depuis quelques semaines, une diffusion en direct de la production.

Avez-vous déjà réfléchi aux raisons pour laquelle le Bayerische Staatsoper parvient toujours à réunir des interprètes aussi remarquables sur sa scène ? Vous êtes-vous déjà interrogé sur les raisons qui encouragent de nombreux artistes à faire le choix de l’Opéra de Munich pour leur prise de rôle ? Aujourd’hui, nous vous dévoilons notre secret : parce qu’ils se sentent particulièrement à l’aise chez nous ! Pourquoi ? Parce que nous ne leur imposons pas de pression. Parce que nous leur laissons de l’espace, parce que nous leur donnons le temps de respirer, de répéter et de se préparer. Une première « ascension de l’Everest » (comme Jonas Kaufmann dans Tristan et Isolde) impose une phase de préparation et de répétition détendue, dans un environnement protégé. C’est ce que nous voulons pour tous les artistes, et nous vous demandons de respecter ce désir compréhensible de tous les participants.

Et si quelque-chose change à ce sujet, nous vous tiendrons évidemment informé dès que possible.

Et on comprend ce choix des artistes, notamment parce que le rôle de Tristan est particulièrement exigeant. En interview à la presse allemande, Jonas Kaufmann confie avoir redouté le rôle très longtemps, de peur de briser sa voix, de ne pas parvenir à tenir le rôle jusqu’au troisième acte, de ne pas avoir les ressources nécessaires pour la débauche d'énergie qu’impose le rôle. Au regard du contexte, on comprend que l’interprète préfère roder son interprétation de Tristan uniquement devant une salle, plutôt que devant le monde sur Internet.
Mais ce n’est peut-être que partie remise : Jonas Kaufmann envisage déjà de chanter Tristan régulièrement. Sa voix est en bonne forme – grâce au confinement qui lui a permis de « ne rien faire pendant des mois ». 

Crédit photo: © W. Hösl

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