Samedi dernier se tenait à l’Opéra de Marseille la finale du premier Concours International de Chant de Marseille. Cette finale fait suite aux éliminatoires qui avaient eu lieu mercredi à l’Odéon ainsi qu’à la demi-finale de vendredi au même endroit, ces deux événements étant gratuitement ouverts au public tandis que la finale était payante (10 euros seulement).
Maurice Xiberras, qui est le Directeur général de l’Opéra de Marseille et du Théâtre de l’Odéon, avait en effet souhaité lancer cette année ce tout nouveau concours lyrique « afin de découvrir les talents de demain ». Pour ce faire, l’épreuve est répartie en deux catégories, « opéra » et « opérette », permettant de mettre à l’honneur – ou du moins au même niveau d’appréciation – cette forme qui fut longtemps considérée comme inférieure au « grand opéra ». Les candidats, âgés entre 18 et 32 ans, ont dû présenter cinq morceaux dont deux en français.
Les récompenses avaient également de quoi susciter l’intérêt des participants : d'abord la possibilité d’initier ou de poursuivre une carrière grâce à un engagement dans une production à l’Opéra ou à l’Odéon, et ensuite une dotation financière (chacune des deux catégories est dotée d'un premier prix de 2 000 euros et d’un second à 1 000 euros). Le « Grand prix » (5 000 euros) n'a malheureusement pas pû être décerner, faute d'un candidat qui se détache vraiment, tandis qu’une Mention spéciale du jury / Prix Jeune Espoir français CFPL destiné aux moins de 22 ans (500 euros) et un prix de Meilleure interprétation française (doté à hauteur de 1 500 euros) ont, eux, trouvé preneurs.
Le succès fut au rendez-vous avec plus de deux cents inscriptions de jeunes candidats nationaux et internationaux. Ces derniers ont été jugés par un jury de professionnels, mêlant différents domaines se rapportant à l’art lyrique. Les membres comptaient ainsi parmi eux Renée Auphan en tant que présidente du jury, choix des plus naturels lorsque l’on sait que cette marseillaise a notamment travaillé à l’opéra de Marseille (ainsi qu’à celui de Monte-Carlo) en tant qu’assistante metteur en scène, régisseur de scène et administrateur artistique. Elle a par ailleurs reçu le premier prix de chant (soprano) à l’académie de musique Rainier-III avant d’être nommée directrice de l'opéra de Lausanne d’octobre 1984 à juin 1995, puis du Grand Théâtre de Genève jusqu’en 2001 avant de prendre la tête de l’Opéra de Marseille à la suite de Jean-Louis Pujol en 2002.
À ses côtés, Roselyne Bachelot en tant qu’éditorialiste et critique (notamment sur France Musique), Raymond Duffaut (président du CFPL et conseiller artistique de l'Opéra Grand Avignon), Jean-Jacques Groleau (directeur artistique (en interim) du Théâtre du Capitole de Toulouse), Richard Martet (directeur d'Opéra Magazine), Dominique Riber (agent artistique, notamment de Sabine Devieilhe, Cyrille Dubois, Ermonela Jaho, Nathalie Manfrino, Annick Massis, Sylvie Brunet, Kate Aldrich, Valer Sabadus, ou encore Juan Diego Florez), Frédéric Roels (directeur artistique et général de l'Opéra de Rouen Normandie jusqu’en octobre prochain), Christoph Seuferle (directeur général de la Deutsche Oper Berlin), Béatrice Uria-Manzon (mezzo-soprano) et bien entendu Maurice Xiberras à l’origine de ce concours.
Le 1er Prix Opéra est attribué au ténor polonais Maciej Kwasnikowski, qui gratifie l’auditoire de son magnifique timbre, doté d’une grande souplesse, avec des phrasés toujours soignés. Son inépuisable souffle fait merveille dans le célèbre « Il mio tesoro » extrait de « Don Giovannni ». En deuxième air, il délivre un air tiré d’un opéra rare sous nos contrées, Dobryana Nikitich de A. Gretchaninov : « Les fleurs poussaient dans les champs ».
Le 2ème Prix Opéra est emporté par la soprano française Cécile Achille, grâce à un « Comme autrefois » (tiré des Pêcheurs de perles de Bizet) dont on admire la musicalité en plus d’une voix tout en fraîcheur et aisance. Elle n’émeut pas moins dans le bouleversant air d’Ann Trulove (The rake’s progress) « No word from Tom ».
Le 1er Prix Opérette est décerné au baryton canadien Geoffroy Salvas, récompensant un « Adieu je pars » tiré de Véronique de Messager et « Par Dieu ! c’est une aimable charge » extrait de La Jolie parfumeuse d’Offenbach. Au-delà d’une voix riche et sonore, ses talents de comédiens ont sans soute fait pencher la balance.
Le 2ème Prix Opérette est dévolu à la mezzo française Claire Peron qui interprète tour à tour l’ « Air de diane » dans Les Aventures du Roi Pausole (Honegger) et « Les couplets de l’aveu » dans La Périchole d’Offenbach. Elle y déploie un timbre large mais jamais gras, et son aisance en scène complète un talent plein de promesses.
Le Prix du CFPL se voit remporté par la soprano française Charlotte Bonnet après l’exécution de « Regnava nel silenzio » (Lucia di lammermoor) et de l’ « Air du poison » dans Roméo et Juliette de Gounod. Avouons qu’à titre personnel, elle ne nous pas convaincu : le chant s’avère fort trop prudent et la voix pas assez large pour rendre justice à ces deux personnages.
Le Prix du public est remporté par la soprano italienne Claudia Sasso après un « Air des clochettes » tiré de Lakmé qui a remporté tous les suffrages auprès du public (c’est le cas de le dire…) ainsi qu’un « No word from tom » (air déjà cité) empli d’émotion.
Enfin, la Meilleure interprétation française est assez cocasse puisqu’elle est remportée par la jeune française Cecilia Arbel... qui n’a pas atteint la finale. Il revenait à Mme Auphan d’attribuer ce prix (don d’un Mécène suisse) à la personne de son choix… qui s’est porté sur cette demi-finaliste !
Vivement la Deuxième édition dont la finale aura lieu – avec l’orchestre de l’Opéra de Marseille en fosse cette fois – le 9 juin 2018.
Plus d'informations sur le site officiel de l'Opéra de Marseille.
12 juin 2017 | Imprimer
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