À l’occasion du bicentenaire de la disparition d’Antonio Salieri et 50 ans après la nouvelle inauguration du Teatro Filarmonico de Vérone, la Fondazione Arena di Verona invite à redécouvrir l’une des raretés du compositeur, Falstaff, ou les trois farces, dans le cadre de son festival hivernal.
Si les amateurs d’opéras connaissent Vérone principalement pour son amphithéâtre antique et son festival estival, la cité de Vénétie compte aussi un théâtre plus récent, le Teatro Filarmonico di Verona qui accueille notamment le public pendant la saison lyrique hivernale de la Fondazione Arena di Verona. Le Théâtre philharmonique date de 1732, mais a été détruit pendant la seconde guerre mondiale avant d’être reconstruit à l’identique ou presque, et inauguré une nouvelle fois en 1975. Cette année, on célèbre le cinquantenaire de la salle véronaise et pour l’occasion, la Fondazione inaugure sa saison hivernale avec Falstaff, ossia Le tre burle (Falstaff ou les trois farces), l’opéra buffa d’Antonio Salieri originaire de Vérone avant qu’il ne fasse carrière à Vienne. Il y a un demi-siècle, c’est ce même opéra qui avait déjà été donné sur la scène du Théâtre philharmonique de Vérone pour inaugurer sa saison lyrique de réouverture en 1975, concomitamment aux commémorations du 150e anniversaire de la disparition du compositeur.
Du 19 au 26 janvier prochains, la Fondazione Arena di Verona invite donc à redécouvrir ce Falstaff de Salieri créé à Vienne en 1799 et plutôt rare sur scène – manifestement éclipsé par le Falstaff de Verdi, bien plus fréquemment donné. Comme son homologue, Falstaff, ossia Le tre burle trouve son inspiration dans la pièce de Shakespeare, Les Joyeuses Commères de Windsor : le goguenard et vantard chevalier Falstaff se targue de pouvoir séduire à la fois Madame Slender et Madame Ford, l’une et l’autre mariées. Au fait des ambitions du chevalier, elles lui joueront trois mauvaises farces successives avant qu’il n’admette ses erreurs et jure, penaud, de ne jamais plus courtiser de femmes mariées.
Une nouvelle édition critique de Falstaff ou les trois farces
Le Teatro Filarmonico proposera une nouvelle production de ce Falstaff ou les trois farces – dans une nouvelle édition critique réalisée par la Fondazione Arena et éditée par Casa Ricordi, sur la base du travail de la musicologue Elena Biggi Parodi à qui l’on doit la redécouverte de nombreux écrits du compositeur. Partant du principe que Falstaff est un Casanova au moins par l’esprit à défaut d’en avoir le physique, le metteur en scène Paolo Valerio imagine un décor vénitien et rococo pour offrir un cadre « libertin » aux différents protagonistes de l'opéra – souligné par la scénographie et les projections d’Ezio Antonelli, en plus des lumières de Claudio Schmid.
La production réunit par ailleurs une distribution de jeunes interprètes qu’on a déjà pu entendre aux Arènes de Vérone. Le rôle-titre est ainsi confié à Giulio Mastrototaro face aux deux couples Ford et Slender composés d’abord par Gilda Fiume et Marco Ciaponi et ensuite par Laura Verrecchia et Michele Patti. Les rôles des domestiques Bardolf et Betti sont confiés à Romano Dal Zovo et Eleonora Bellocci. Au pupitre, le chef d’orchestre vénitien Francesco Ommassini dirigera l’orchestre de la Fondazione Arena di Verona.
Antonio Salieri a longtemps souffert d’une mauvaise réputation, du fait d’une légende lui prêtant l’empoisonnement de Mozart – entretenue par la pièce Mozart et Salieri de Pouchkine, puis le film Amadeus de Milos Forman, mais qu’on sait aujourd’hui historiquement infondée. L’œuvre de Salieri se fait plutôt rare sur scène, à commencer par son Falstaff. À l’occasion du bicentenaire de sa disparition, la Fondazione Arena di Verona contribue à la redécouverte du répertoire du compositeur, en marge du Festival Mozart de Vérone. Plusieurs concerts Mozart / Salieri sont aussi programmées dans les prochaines semaines. On en trouve le détail sur le site des Arènes de Vérone.
publié le 16 janvier 2025 à 17h40 par Aurelien Pfeffer
16 janvier 2025 | Imprimer
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