On l’a noté, après plus de sept ans de travaux, l’Opéra d’Etat de Berlin (la Staatsoper) réintègre ses locaux historiques à Unter den Linden (l’avenue emblématique « sous les tilleuls » de Berlin) et pour l’occasion, l’établissement organise une double inauguration : une « pré-inauguration », actuellement, pour accompagner les festivités traditionnelles de la capitale allemande qui commémore chaque année début octobre la chute du mur de Berlin ; suivi d’une « inauguration » le 7 décembre prochain à l’occasion du 275e anniversaire de la création de la Staatsoper, alors que les travaux de l’établissement seront totalement achevés.
Et à l’occasion de cette pré-inauguration qui prend des allures de renouveau pour la maison lyrique berlinoise, nous avons rencontré Matthias Schulz, le jeune intendant de la Staatsoper nouvellement nommé et qui succède à Jürgen Flimm en poste depuis 2010. Il nous propose une « visite guidée » de la nouvelle Staatsoper, qui servira de théâtre de ces futurs projets.
Dans une première partie de cet entretien vidéo (quelques autres suivront jusqu’au 7 décembre prochain), il revient notamment sur le programme lyrique de l’inauguration ou encore ses relations avec Daniel Barenboim, l’emblématique directeur musical de la Staatsoper.
Entretien réalisé en allemand, mais un sous-titrage français est disponible dans les options de la vidéo.
On en retient notamment que la Staatsoper devait initialement rouvrir ses portes avec la création d’un nouvel opéra de Wolfgang Rihm. La maladie empêchera le compositeur allemand d’achever son œuvre dans les délais et c’est finalement avec les Scènes de Faust, de Robert Schumann, que la Staatsoper accueillera le public ce 3 octobre au soir, confiées à la baguette de Daniel Barenboim, dans une mise en scène de Jürgen Flimm, et avec notamment René Pape, Roman Trekel ou encore Elsa Dreisig sur scène.
Et de prime abord, le choix est étonnant car les Scènes de Faust, adaptées du Faust « incommensurable » de Goethe (qualifié de « Bible mondaine de tous les Allemands » par Heinrich Heine), sont une œuvre à la fois méconnue, inclassable et souvent jugée difficile d’accès. Robert Schumann s’est attelé à la mise en musique de l’œuvre de Goethe pendant plus de dix ans, accouchant finalement d’une œuvre à mi-chemin entre opéra et oratorio littéraire dont les treize scènes distribuées en trois parties ne font montre d’aucune unité musicale ou dramatique apparente – notamment parce que le compositeur a débuté son œuvre en en composant la troisième partie, avant de s’atteler aux deux premières.
Pour autant, l’œuvre est puissante et particulièrement spirituelle (notamment parce que Schumann pose ici les base de l’oratorio profane, là où le genre est traditionnellement dévolu à la musique religieuse) et a le mérite d’avoir été composée à la fois pour des voix solistes, un chœur et un orchestre symphonique, permettant donc d’y impliquer tous les ensembles de la Staatsoper Unter den Linden. Pour cette inauguration, Jürgen Flimm et Daniel Barenboim, associés à Matthias Schulz, avaient à cœur de monter une œuvre collective susceptible de réunir tous les corps de la maison berlinoise.
Et dans une certaine mesure, les Scènes de Faust se veulent aussi à l’image des projets pour la nouvelle Staatsoper, originaux, forts, et axés sur les découvertes. Matthias Schulz affiche ainsi l’ambition d’y donner « tout le spectre de l’opéra », sans considérer l’art lyrique comme un simple divertissement mais comme un puissant vecteur d’émotions, porté notamment par autant de nouvelles productions que possible.
À noter que la représentation des Scènes de Faust à la Staatsoper de Berlin le 3 octobre font l'objet d'une captation, en vue d'une diffusion sur Arte Concert.
03 octobre 2017 | Imprimer
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