Carmen est sans doute l’un des opéras les plus donnés à travers le monde et depuis sa création en 1875 à l’Opéra-Comique, l’œuvre de George Bizet s’est déclinée dans une multitude de productions. Celle proposée par l’Opéra de Rouen Normandie est néanmoins un peu particulièrement dans la mesure où elle recrée aussi fidèlement que possible la mise en scène originelle de l’ouvrage, tel qu’il a été donné il y a presque un siècle et demi sur la scène parisienne.
Comme souvent, cette résurrection est due à la minutieuse démarche scientifique et historique du Palazzetto Bru Zane, qui s’est fait une spécialité de faire redécouvrir la musique romantique française du XIXe siècle. C’est ainsi qu’ont été exhumées les esquisses du décor (notamment des gravures de presse) et des costumes de la création de Carmen, mais aussi le carnet de mise en scène qui détaille précisément les entrées et sorties de scène des interprètes. Autant d’éléments précieux qui ont permis au scénographe Antoine Fontaine de reproduire l’atmosphère sévillane de la première, à Christian Lacroix de confectionner les 155 costumes de la production ou encore au metteur en scène Romain Gilbert de régler les déplacements du chœur et des solistes – tout en réinventant une direction d’acteurs, qui n’existait que très peu au XIXe siècle.
Cette curiosité historique est d’autant plus notable qu’elle est portée par une belle distribution, sous la direction endiablée du chef Ben Glassberg : dans le rôle-titre, la jeune mezzo canadienne Deepa Johnny (qui fait sensation à l’occasion d’une prise de rôle, en remplacement de Marianne Crebassa initialement annoncée) aux côtés notamment du Don José de Stanislas de Barbeyrac (qui succède à Thomas Atkins, contraint de quitter la production après le soir de la première).
Diffusion de la Carmen originelle
L’Opéra de Rouen a la bonne idée de proposer une captation de la production, diffusée sur les réseaux sociaux. La démarche scientifique du Palazzetto Bru Zane et les défis auxquels l’équipe artistique s’est heurtée sont présentés en liminaire de la représentation (qui débute à partir de 56e minute dans la vidéo ci-dessous).
03 octobre 2023 | Imprimer
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