L’annonce du départ de l’actuel directeur de l’Opéra National de Lyon, Serge Dorny, avait vite fait place à des interrogations quant à son successeur. En effet, il s’agit aujourd’hui de l’une des maisons les plus réputées de France qui a notamment fait parler d’elle ces derniers temps par l’obtention de différents prix. Le nom du successeur était donc fort attendu, et c’est finalement Richard Brunel, actuel directeur du Centre dramatique national de Valence, qui vient d’être nommé.
Dans un communiqué, la ville de Lyon indique : « Au terme des entretiens conduits par le jury pour le recrutement du nouveau directeur général de l’Opéra de Lyon, le maire de Lyon, le président de l'association Opéra national de Lyon, Rémy Weber, la vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Florence Verney-Carron, et la vice-présidente de la Métropole de Lyon déléguée à la culture, proposent la nomination de Richard Brunel à ce poste, à compter du 1er septembre 2021, date à laquelle Serge Dorny quittera l’institution pour le Bayerische Staatsoper (Munich) ». Selon France info, la candidature du metteur en scène a été déposée ce mardi 22 octobre par les collectivités lyonnaises, et dans la foulée, le ministre de la Culture, Franck Riester, l'aurait « entérin(ée) en début de soirée ».
Pour le maire de Lyon, Gérard Collomb, « Richard Brunel traduit la même innovation que celle du recrutement de Serge Dorny en 2003 ». Il compte donc sur lui pour poursuivre le travail de l’actuel directeur de la maison lyonnaise. Selon les termes de son projet, le futur directeur prévoit d'explorer « de nouveaux processus de création qui permettront aux compositeurs, chefs d'orchestre, metteurs en scène et chorégraphes de la nouvelle génération de faire œuvre à Lyon aux côtés des grands noms d'aujourd'hui » et « portera une grande attention à la jeunesse, à la diversité et à l'accessibilité de tous les publics à l'Opéra de Lyon, en dialogue permanent avec la cité ». Il devrait donc développer un projet lyrique et chorégraphique ambitieux mêlant de grandes œuvres du répertoire, des redécouvertes d’œuvres rares et des créations contemporaines, en écho avec la démarche actuelle de la maison lyonnaise – une tendance générale à l’heure où le monde lyrique œuvre à son renouvellement et au renouvellement des publics. Par ailleurs, il aura donc deux ans – Serge Dorny ne quittant son poste qu’en septembre 2021 – pour préparer ses premières programmations et assurer une liaison cohérente avec l’équipe en place. Le communiqué ajoute : « Homme d’opéras, ayant régulièrement collaboré avec l'orchestre et le ballet de Lyon, Richard Brunel saura porter le bilan de Serge Dorny et maintenir l’excellence de cette maison. Il saura inventer de nouvelles collaborations artistiques et des projets innovants pour poursuivre l'ouverture de l'opéra sur son territoire ».
Richard Brunel n’est pas un inconnu de l’Opéra de Lyon et de son public puisque c’est ici qu’il a fait ses premiers pas à l’opéra en 2005 avec Der Jasager – Der Neinsager de Bertolt Brecht (après une brève immersion l’année précédente avec Se relire contre le piano-jouet d’Evan Johnson, production de Abbaye de Royaumont/Opéra de Lille). Homme de théâtre, il est issu de l’École de la Comédie de Saint-Étienne. En 1993, il participe à la création de la Compagnie Anonyme, compagnie qui reste en résidence au Théâtre la Renaissance à Oullins de 1999 à 2002, puis il poursuit l’année suivante une formation à l’Unité nomade de formation à la mise en scène du CNSAD auprès de Robert Wilson à New York, Ludovic Lagarde à Royaumont, Krystian Lupa à Cracovie, Alain Françon à Paris, Lukas Hemleb et Patrice Chéreau au Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence, et a par ailleurs suivi un atelier de mise en scène auprès de Peter Stein à l’Opéra national de Lyon. En 2010, il est nommé directeur de la Comédie de Valence, poste qu’il occupe encore jusqu’à fin 2019, et il reçoit trois ans plus tard le Prix Georges-Lerminier pour le meilleur spectacle théâtral créé en province (décerné par le syndicat de la critique), pour Les Criminels de Ferdinand Bruckner. En janvier 2018, le public lyonnais avait pu voir son travail dans Le Cercle de craie auquel nous avions assisté, et il pourra à nouveau le voir en mai prochain dans Shirine. Les Bruxellois et Toulousains avaient pour leur part pu assister à sa Béatrice et Bénédict, comme ce fut également notre cas en 2016.
Reste donc à découvrir comment s'écrira la suite de cette histoire, entre une maison lyonnaise qui connaît aujourd'hui un rayonnement international, un public local partagé entre tradition et nouveauté, et ce nouveau directeur qui, de prime abord, semble s'orienter vers un répertoire contemporain et la jeunesse.
23 octobre 2019 | Imprimer
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