L’Opéra de Munich place sa saison 2024-25 sous le signe de l’amour dans tous ses états. Et si cette nouvelle saison signée Serge Dorny se révèle sans doute un peu moins audacieuse que la précédente, elle promet néanmoins sept nouvelles productions confiées à des metteurs en scène de renom, des raretés et des œuvres contemporaines, souvent portées par des distributions d’envergure.
Si l’avenir de Serge Dorny à la tête de l'Opéra d'Etat de Bavière est encore incertain, il n’en livrait pas moins sa prochaine saison 2024-2025 ce samedi matin dans le cadre d’une présentation publique à Munich, ponctuée d’intermèdes musicaux ou dansés interprétés notamment par les jeunes artistes de la maison bavaroise. Une prochaine saison ayant la vie et l’amour pour fil rouge, sous-titrée « From life – Through Love ».
Selon Serge Dorny dans son discours introductif, « le théâtre, la littérature ou l’opéra ont démontré que l’amour peut être à la fois le paradis, le purgatoire et l’enfer », à l’image des trois royaumes de la Divine Comédie de Dante et l’errance du poète sert de source d’inspiration à sa saison : comme les sentiments sans cesse changeant du poète, la nature de l'amour implique « des changements vertigineux de la grâce à la damnation, du bonheur au malheur, de l'extase à l'agonie ». Si cette saison 2024-25 à Munich est peut-être un peu moins audacieuse que la précédente, ce sont ces grandes étapes de l'amour que le directeur indique vouloir explorer, au travers de sept nouvelles productions et de nombreuses reprises donnant à voir et entendre des œuvres fortes du XXe siècle, des raretés, et surtout toujours quelques-unes des plus grandes voix et figures emblématiques de la planète lyrique actuelle.
Sept nouvelles productions
Avec une certaine ambition, la saison 2024-25 munichoise donnera le coup d’envoi d’une nouvelle Tétralogie de Wagner confiée à l'équipe artistique déjà à l'oeuvre dans l'emblématique Die Passagierin actuellement donnée à Munich : le directeur musical Vladimir Jurowski et le metteur en scène Tobias Kratzer – dont le Tannhauser à Bayreuth l’été dernier a fait beaucoup parler. Ce nouveau Ring sera lancée avec L'Or du Rhin à partir du 27 octobre prochain, et se poursuivra jusqu’en 2027 – La Walkyrie en juin 2026, puis Siegfried en octobre et enfin Le Crépuscule des Dieux en juin 2027.
La plupart des grands metteurs en scène actuels partageront leur différente vision de l'amour dans les nouvelles productions de l'Opéra d'Etat. Dans la nouvelle production de La Fille Du Régiment de Gaetano Donizetti (dès le 22 décembre), Damiano Michieletto questionnera le sentiment via les notions de nature et de culture. Plus rare sur les scènes, L'Amour de Danae de Richard Strauss et sa lecture du sentiment mythologiue seront confiés à Claus Guth à partir du 7 février 2025. Et le metteur en scène Krzysztof Warlikowski explorera une approche bien plus sombre de l’amour avec Katia Kabanova de Janacek (17 mars 2025), dirigée par la jeune cheffe lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla sur le podium.
En mai 2025, Francesco Micheli mettra en scène Cavalleria rusticana et Pagliacci dans une production réunissant les livrets des deux ouvrages, afin de « construire l'unique histoire d’un homme qui perd ses racines dans Cavalleria rusticana, puis tente de rétablir ses liens d'origine dans une nouvelle société, mais y échoue lamentablement dans Pagliacci ».
Enfin dans le cadre de son festival d’été, l’Opéra d’Etat de Bavière proposera une nouvelle production de l'incontournable Don Giovanni par le metteur en scène David Hermann qui fera ses débuts à Munich (l'ouvrage fera l'objet d'une diffusion publique sur la Max-Joseph-Platz dans le cadre de l'opération Oper für Alle, l'Opéra pour tous), avant de ressusciter le seul opéra de Gabriel Fauré, Pénélope, inspiré de l’Odyssée d’Homère. La metteuse en scène Andrea Breth y questionnera la notion de couple sur fond de retrouvailles entre Pénélope et Ulysse après une longue séparation. Musicalement, la direction sera assurée par la chef Susanna Mälkki.
Répertoire contemporain
L’Opéra d'Etat de Bavière explorera aussi le répertoire contemporain avec Matsukaze du compositeur Toshio Hosokawa (inspiré du théâtre nô japonais) et Das Jagdgewehr du compositeur autrichien Thomas Larcher (d’après le roman Le Fusil de chasse de Yasushi Inoue).
Après sa création à Bruxelles en 2011, Matsukaze se dévoilera à Munich dans une production signée du duo Lotte van den Berg et Tobias Staab. Ils y développent le récit de l’amour malheureux de deux sœurs, Matsukaze et Murasame, éprises de Yukihira qui promet de leur revenir mais meurt avant de pouvoir tenir sa promesse. Les deux sœurs restent prisonnières de leur désir et deviennent des fantômes qui hantent les vivants. Seul un moine pourra les libérer de ce piège. De son côté, Das Jagdgewehr, qui traite de l’adultère et de ses conséquences au travers de relations épistolaires, a fait l’objet d’une création au Festival de Bregenz en 2018 et sera repris ici dans une mise en scène d’Ulrike Schwab avec les jeunes artistes de l’Opera Studios de l’Opéra de Bavière.
Et toujours de grandes voix
L’une des marques de fabrique de la Bayerische Staatsoper repose également sur ses distributions et cette saison 2024-2025 ne fait pas exception. L’Opéra de Munich réunit tantôt de jeunes solistes prometteurs, tantôt des interprètes que les scènes internationales s’arrachent.
On retient par exemple Pretty Yende et Lisette Oropesa en alternance dans La Fille du Régiment, ou Sonya Yoncheva à la fois dans Dido and Aeneas et Erwartung d'Arnold Schönberg. Christopher Maltman et Malin Byström dans L’Amour de Danae, Corinne Winters dans le rôle-titre de Katia Kabanova ou encore Jonas Kaufmann, incontournable à Munich, dans Pagliacci, aux côtés notamment d’Ailyn Pérez et Riccardo Massi ou d’Ekaterina Semenchuk, Vittorio Grigolo et Rihab Chaieb dans Cavalleria Rusticana. Le jeune baryton Konstantin Krimmel, qui fait de plus en plus sensation, se produira dans le rôle-titre de Don Giovanni, mais aussi dans Les Noces de Figaro et Così fan tutte. On retrouvera aussi la jeune soprano sud-coréenne Seonwoo Lee, issue de l’Opera Studio de la Bayerische dans Matsukaze.
Ajoutons-y aussi Lise Davidsen, Freddie De Tommaso et Bryn Terfel dans une solide reprise de Tosca, Elīna Garanča ou Erwin Schrott dans Aida, ou encore Gerald Finley dans Macbeth. Franz-Josef Selig et Asmik Grigorian dans Le Vaisseau Fantôme ; Peter Mattei et Golda Schultz dans Les Noces de Figaro en alternance avec Davide Luciano, Maria Bengtsson, Julie Fuchs, Philippe Sly et Emily D'Angelo ; Mirjam Mesak et Pene Pati dans La Bohème, ou encore Clémentine Margaine et Piotr Beczała dans Carmen, entre autres. Tous se donnent rendez-vous à Munich et gageons que le public répondra présent également.
Le programme de la saison 2024-2025 est détaillé sur le site de la Bayerische Staatsoper de Munich.
17 mars 2024 | Imprimer
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