Depuis sa prise de rôle de Norma à Londres fin 2016, Sonya Yoncheva affiche un programme particulièrement dense, multipliant les nouveaux rôles à son répertoire et enchaînant les productions d’envergure – elle était notamment Élisabeth de Valois dans le Don Carlos événement de l’Opéra de Paris en octobre dernier, a interprété Tosca pour la première fois en décembre au Metropolitan de New York, a repris son rôle fétiche de Mimi dans la Bohème sur plusieurs grandes scènes internationales, en attendant d’incarner Imogene dans Il Pirata de Bellini pour la première fois à la Scala de Milan en juin prochain, puis le rôle-titre de la Médée de Cherubini cet automne à la Staatsoper Unter den Linden de Berlin.
Et actuellement, Sonya Yoncheva endosse le rôle-titre de Luisa Miller au Met (une autre prise de rôle) aux côtés de Piotr Beczala et Placido Domingo.
Un rôle exigeant car imposant « un large spectre de couleurs vocales » au gré des actes et que Sonya Yoncheva dit avoir eu du mal à appréhender. Dans les colonnes du Wahsington Post, elle concède s’être interrogée sur le réel intérêt du personnage de Luisa Miller : « Parce que dans la vie, je suis une femme très forte, quand je prends une décision, je m’y tiens et n’ai pas de doutes. Et pour moi, elle me semblait un peu trop gentille avec tout le monde... Elle veut que tout le monde soit heureux autour d’elle ».
Elle poursuit : « Puis pendant les répétitions, j’ai compris qu’elle est une femme particulièrement intéressante parce qu’elle a une approche très philosophique de la mort, de l’amour et qu’elle est très consciente des enjeux et conflits politiques qui impliquent son père et le père de Rodolfo. Et dès le début, elle accepte la mort comme la seule voie possible à cette histoire. Parce que tout est trop compliqué, parce qu’il est trop difficile d’être avec Rodolfo. Et elle comprend qu’il n’est manifestement pas si fort et qu’il doute sur de beaucoup de choses ».
Pour autant, cette relation à la mort très présente dans la plupart de ses derniers rôles lasse manifestement la soprano bulgare, qui aspire à l’évidence à des rôles plus légers : « Je ne peux plus interpréter encore davantage de tragédies, et continuer à mourir sans cesses : je suis toujours jeune et je souhaite faire quelque-chose d’autres ». Elle a ainsi refusé plusieurs propositions de chanter Wagner (des partitions jugées « vraiment inaccessible » pour l’instant), ou encore le rôle d'Odabella « pour une grande maison » dans Attila (dont il se murmure notamment que l’opéra de Verdi pourrait ouvrir la prochaine saison de la Scala avec Ildar Abdrazakov, grand connaisseur du rôle encore récemment au Liceu de Barcelone). À défaut, Sonya Yoncheva indique avoir des projets originaux avec Peter Gelb, le directeur de l’opéra de New York : « Nous avons pour projets de faire quelque-chose que personne n’attend, aller vers des répertoires plus légers et des comédies, chez Donizetti par exemple ». Un répertoire qu’elle connait déjà puisqu’il y a quelques années, elle chantait déjà les rôles de Norina dans Don Pasquale (en 2007) ou d’Adina dans L'Elixir d’Amour (en 2015 à Vienne, par exemple).
Crédit photo : Claudio Lentini
14 avril 2018 | Imprimer
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