On se souvient de la saga qui a animé les coulisses de l’Opéra de Paris au cours des derniers mois, visant notamment à en renouveler la direction : en poste depuis 2014, Stéphane Lissner voyait son mandat à la tête de l’établissement parisien arriver à terme en août de l’année prochaine. Il l’aurait volontiers prolongé pour trois ans supplémentaires, mais sa candidature était néanmoins rapidement écartée par le ministère de la culture, qui initiait alors un long marathon pour lui trouver un successeur. Au terme d’une procédure de désignation complexe, Alexander Neef était nommé à la tête de l’Opéra de Paris et devait prendre ces fonctions en août de l’année prochaine, après avoir quitté la tête de l'Opéra de Toronto, au Canada.
Manifestement, Alexander Neef arrivera en France un peu plus tôt que prévu, dans la mesure où Stéphane Lissner annonce son départ de l’Opéra national de Paris dès « le 31 décembre 2020, six mois avant l’échéance initialement prévue de son mandat » – manifestement pour se consacrer pleinement à ses nouvelles fonctions de directeur du Teatro di San Carlo de Naples (il est de facto déjà en poste et en compose la saison estivale). Le ministère de la culture en prend acte par voie de communiqué.
Le ministère confirme également ce que la rumeur laisse entendre depuis maintenant plusieurs semaines : les travaux de rénovation de l’Opéra de Paris initialement prévus en 2021 seront avancés à cet automne. Dès lors que l’établissement parisien est actuellement fermé du fait de la crise sanitaire, cette fermeture au public sera prolongée de quelques mois pour procéder aux travaux de façon anticipée : en conséquence, les activités de l'Opéra national de Paris reprendront « à partir de la fin du mois de novembre 2020 à Bastille et janvier 2021 à Garnier ».
À l’évidence, le mandat de Stéphane Lissner a été marqué par de nombreuses réussites, que ce soit en termes de programmation (faisant vivre le répertoire tout en multipliant les créations) ou de distribution (le très riche carnet d’adresses de Stéphane Lissner a permis d’attirer les plus grandes voix internationales sur les scènes de l’Opéra de Paris), mais aussi pour ouvrir la salle parisienne au plus grand nombre (et notamment au jeune public grâce à des offres tarifaires très attractives) ou encore en matière budgétaire (Stéphane Lissner a considérablement développé les ressources propres de l'établissement, notamment grâce au mécénat).
Pour autant, force est de reconnaitre que cette fin de mandat parait bien amère : les grèves successives, suivies par la crise sanitaire que l’on connait actuellement laissent un Opéra de Paris « à genoux » (ce sont les termes de Stéphane Lissner dans un long entretien accordé au Monde), grevé d’un déficit de 45 millions d’euros et qui se retrouvera sans fonds propres en fin d’année. Une situation complexe, dont le redressement ne pourra que s’inscrire dans un temps long et qui fait aujourd’hui figure de défit d’envergure pour le nouveau directeur Alexander Neef.
11 juin 2020 | Imprimer
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