Si les Chorégies d’Orange s’imposent comme un rendez-vous emblématique pour bon nombre d’amateurs d’opéra, le festival lyrique fait face à des difficultés financières depuis maintenant plusieurs années. Traditionnellement, la programmation des Chorégies s’articulait autour de deux opéras mis en scène dans le Théâtre Antique d'Orange, en plus de plusieurs concerts et récitals. L’année dernière, le festival ne proposait plus qu’un opéra mis en scène (Carmen avec Marie-Nicole Lemieux). En 2024, du 14 juin au 22 juillet, les festivaliers devront se contenter d’un unique opéra, Tosca, et donné en version de concert. Une programmation réduite, mais qui vise à préparer un rebond en 2025 – qui devrait renouer avec une programmation à deux opéras.
Tosca en version de concert
En 2024, on commémorera le centenaire de la naissance de Puccini et comme d’autres festivals et maisons d’opéra, les Chorégies en profitent pour rendre hommage au compositeur en donnant Tosca, mais en version de concert sans mise en scène, pour une unique représentation en clôture du festival le 22 juillet. Une version réduite, donc, mais confiée à une distribution qui s’inscrit dans la tradition populaire des Chorégies, portée par des interprètes plébiscités par le public : Roberto Alagna en Mario, Aleksandra Kurzak dans le rôle-titre et Bryn Terfel en Scarpia, l'un de ses rôles signatures. Et sur le podium du Théâtre Antique, Clelia Cafiero assurera la direction musicale du concert après avoir déjà dirigé Carmen lors de l’édition 2023.
On y voit comme un écho des grandes années des Chorégies : la dernière représentation de Tosca y remonte à 2010 et Roberto Alagna y interprétait déjà Mario Cavaradossi, alors face à un Théâtre Antique surpeuplé venu l’acclamer – le ténor est l’un des grands habitués des Chorégies, où il a été programmé plus d’une quinzaine de fois en trente ans.
Parallèlement à des récitals de la pianiste Khatia Buniatishvili (29 juin) et du violoncelliste Edgard Moreau (5 juillet), à un concert du chanteur Mika accompagné par un orchestre philarmonique (23 juin) ou encore à une soirée dédiée à la danse avec le Malandain Ballet Biarritz dans la dernière création de Thierry Malandain (sur la musique de Vivaldi), les Chorégies mettent aussi en lumière de jeunes solistes le temps d’une soirée « Scène émergente » et accueilleront ainsi les sopranos Claire Antoine et Héloïse Poulet, aux côtés du ténor Léo Vermot-Desroches accompagnés au piano par Kira Parfeevets (21 juillet).
Un rebond attendu en 2025
Selon Richard Galy, président de la SPL Chorégies d’Orange, cette programmation réduite est le résultat des difficultés financières du festival – qui compte un budget de 3,8 millions d'euros comme pour l’édition 2023, mais dans le contexte peu favorable que l’on connait dans nombre de maisons d’opéra, lié à « la hausse des coûts de production et d’énergie ».
Pour redresser les comptes de l’événement, un plan sur trois ans est annoncé, baptisé « Les Chorégies du futur » et qui passe notamment par un changement de statut juridique. Les Chorégies vont abandonner leur statut de Société Publique Locale (SPL) au profit d’un régime d’Etablissement Public de Coopération Culturelle (EPCC). Concrètement, le « service public culturel » qui en résultera permettra d’associer les collectivités locales mais aussi l’Etat dans le financement des Chorégies : l’État va donc réintégrer le conseil d'administration du festival et surtout contribuer de façon « substantielle » à son budget. Le nouveau statut permettra également de nouveau de faire appel au mécénat, ce qui n’était plus possible depuis plusieurs années.
De nouvelles ressources qui apparaissent comme la promesse d’un second souffle pour les Chorégies. Selon son directeur artistique Jean-Louis Grinda, l’édition 2025 devrait être marquée par « un retour à la normale » et une programmation à deux opéras. Gageons que le public répondra présent.
10 décembre 2023 | Imprimer
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