Sommé par le maire de Toulouse de se positionner sur la guerre russo-ukrainienne, le chef Tugan Sokhiev démissionne non seulement de l'Orchestre national du Capitole, mais également du Théâtre Bolchoï, et dénonce la pression que subissent aujourd’hui les artistes russes.
Le chef s’est exprimé via un long texte publié sur les réseaux sociaux. Il y dénonce également la pression que les artistes russes subissent aujourd’hui. Il rappelle que le rôle des musiciens est d’œuvrer pour la paix dans un langage universel qui peut souvent exprimer davantage que les mots, de « rappeler à travers la musique de Chostakovitch les horreurs de la guerre », ou encore d’être des « ambassadeurs de la paix ». Il trouve « choquant » et « offensant » que « certaines personnes remettent en question (s)on désir de paix et pensent que moi, en tant que musicien, je puisse parler d'autre chose que de la paix sur notre planète ».
Il ajoute également : « On me demande de choisir une tradition culturelle plutôt qu'une autre. On me demandera bientôt de choisir entre Tchaïkovski, Stravinsky, Chostakovitch et Beethoven, Brahms, Debussy. Cela se passe déjà en Pologne, un pays européen, où la musique russe est interdite. Je ne peux pas supporter d'être témoin de la façon dont mes collègues, artistes, acteurs, chanteurs, danseurs, réalisateurs sont menacés, traités de manière irrespectueuse et victimes de la Cancel culture ». En effet, l’Opéra de Pologne a décidé d’annuler sa production de Boris Godunov, tandis qu’en Croatie, deux partitions de Tchaïkovski ont été retirées du programme d’un concert symphonique ; ou encore la Dublin International Piano Competition qui refuse les candidatures d'artistes russes et le récital du pianiste Alexander Malofeev annulé à Vancouver sans autre raison que sa nationalité.
Tugan Sokhiev exprime dans ce message sa fierté « d’être un chef d’orchestre qui vient d’un pays aussi riche culturellement que la Russie » ainsi que celle « de faire partie de la riche vie musicale française depuis 2003 ». C’est en effet cette année-là qu’il dirigeait son premier concert à Toulouse, alors âgé de 26 ans, avant de succéder à Michel Plasson en devenant le nouveau chef de l'Orchestre National du Capitole en 2005. Il a depuis fait briller l’orchestre et la maison toulousaine, ce que rappelle par ailleurs Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, qui dit « respecter la volonté de Tugan Sokhiev de mettre fin avec trois mois d’avance à notre collaboration ».
© Denis Rouvre-Naïve
07 mars 2022 | Imprimer
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