On l’évoquait récemment, pour raison de santé, James Levine est contraint de quitter son rôle emblématique de directeur artistique du Metropolitan Opera de New York, qu’il assurait depuis 1975.
Ainsi, pour la première fois depuis quarante ans, le Metropolitan Opera accueillera un nouveau directeur musical, le troisième seulement (officiellement) depuis la création de l’institution new-yorkaise il y a 135 ans. Et après plusieurs semaines de rumeurs, sans surprise, c’est finalement le nom du chef québécois de 41 ans Yannick Nézet-Séguin, qui a été annoncé cet après-midi pour succéder à James Levine, après avoir fait ses débuts à New York lors de la saison 2009-2010 pour y diriger Carmen, après avoir fait ses armes à Montréal (où il est nommé chef assistant à l’âge de 23 ans), puis à l’Opéra de Vienne, la Royal Opera House de Londres, à la Scala de Milan ou au Festival de Salzbourg.
Yannick Nézet-Séguin, déjà à la tête de l’Orchestre de Philadelphie depuis 2012 (et dont le mandat vient d’être renouvelé jusqu’en 2026) et régulièrement engagé pour les saisons à venir dans plusieurs maisons autour du globe, assurera d’abord un rôle de directeur par intérim pour n’être officiellement nommé que dans quatre ans, pour la saison 2020-2021 de l’établissement new-yorkais. S’il ne dirigera d’ici là pas plus d’opéras qu’à l’accoutumée au Met (soit deux par saison, pour cinq après sa prise de poste à temps plein), l’opéra new-yorkais peut néanmoins compter sur lui pour veiller à la succession du projet artistique et financier engagé par James Levine et le directeur général du Met, Peter Gelb.
Car le Met est manifestement à un tournant de son histoire. Si l’établissement a le mérite d’avoir créé un programme efficace de diffusion de ses productions, notamment dans les cinémas ou sur Internet, on sait que le taux de remplissage de la (gigantesque) salle du Met n’atteint que 72% en moyenne cette saison et que des coupes budgétaires sont d’ores et déjà annoncées. La nouvelle direction est donc confrontée à un véritable défi, tant artistique que managérial, que Yannick Nézet-Séguin entend néanmoins manifestement relever.
Au cours d’une rapide présentation vidéo diffusée en direct sur le site du Met depuis Osaka (où il se produit actuellement), le chef québécois annonce déjà avoir de nombreuses idées pour l’avenir, et se dit prompt à se mettre à la tâche dès l’automne prochain, à la fin de sa tournée estivale. Et s’il n’est toutefois « pas question de tout bouleverser à coup de grands changements », il entend « apporter sa propre personnalité au projet déjà en cours » de l’établissement new-yorkais.
Selon le jeune chef, accéder à la tête d’une pareille maison d’opéra est quoiqu’il en soit « un véritable rêve qui se réalise aujourd’hui », considérant le Met comme « le porte-étendard de l’opéra dans le monde ». Et pour continuer à faire vivre l’établissement, il indique vouloir y diriger une grande diversité d’œuvres, tant de créations mondiales que de « chef d’œuvres oubliés ». En attendant de les découvrir concrètement, on sait Yannick Nézet-Séguin d’ores et déjà annoncé au pupitre de la reprise de Der Fliegende Holländer avec Michael Volle la saison prochaine, mais aussi dans le répertoire de Strauss, Puccini, Poulenc et Verdi, avec notamment une nouvelle production de La Traviata pour la saison 2018-2019.
Et à l’heure où la direction artistique des maisons d’opéra évolue drastiquement (au point que parfois, les fonctions de directeur général et de directeur artistique se confondent, comme à Vienne), Yannick Nézet-Séguin a néanmoins vocation à imprimer sa marque au sein de l’établissement new-yorkais. Selon Peter Gelb, le chef sera rapidement impliqué dans le processus artistique de la maison, pour superviser la gestion de l’orchestre et des chœurs, mais aussi pour collaborer à la conception des prochaines saisons du Met, que ce soit en terme de casting ou de répertoire, en plus de recruter les équipes artistiques des prochaines nouvelles productions de l’établissement.
02 juin 2016 | Imprimer
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