Informations générales
- Nom:Horne
- Prénom:Marilyn
- Date de naissance:16/01/1934
- Nationalité:États-unis
- Tessiture:Mezzo soprano
Biographie
Marilyn Horne a ébloui les plus exigeants lyricomanes par son extrême virtuosité et sa technique sans faille. On ne se lasse pas de cette voix troublante au timbre androgyne, capable d’égrener chaque note d’une vocalise avec une agilité stupéfiante, constamment animée par le défi de l’invention et portée par une longueur de souffle que l’on croirait inépuisable. Marilyn Horne est incontestablement la plus grande mezzo colorature de son époque ; elle semble être la réincarnation des grandes voix belcantistes de la première moitié du XIXème siècle et, en l’écoutant, on se prend à rêver de la fameuse Maria Malibran et de sa sœur, Pauline Viardot. La diva américaine a pour elle une voix d’une étendue exceptionnelle, couvrant les registres de contralto, de mezzo et de soprano ; elle ajoute à cette alliance si rare, un magnétisme scénique hors du commun qui lui permet de rendre ses personnages aussi crédibles qu’attachants. La chanteuse s’est particulièrement illustrée dans la redécouverte des opéras de Rossini en triomphant régulièrement au Festival de Pesaro, la ville natale du compositeur.
Marilyn Horne est née le 16 janvier 1934 à Bradford, en Pennsylvanie. Elle confiera plus tard s’être mise à chanter avant même de savoir parler ! Elle prend ses premiers cours de chant auprès de son père, ténor puis, en 1950, elle intègre le département d’études musicales de l’Université de Caroline du Sud. Elle a alors pour professeurs Gwendolyn Koldofsky et William Vennard. Elle a également la chance de participer aux master-classes de la célèbre soprano Lotte Lehmann (1888-1976).
Bien qu’elle ait gagné une octave dans le grave à la puberté, la jeune fille se considère toujours comme une soprano. Cependant, c’est bien dans un rôle de mezzo qu’elle fait ses premiers pas sur scène, à Los Angeles, en 1954, dans Hata de La Fiancée vendue de Smetana. On la retrouve aussitôt après dans un rôle de soprano, celui du marchand de sable d’Hänsel und Gretel de Humperdinck. Cette même année, elle double la comédienne Dorothy Dandridge dans le film d’Otto Preminger, Carmen Jones. Puis, tel un caméléon, elle redevient immédiatement mezzo à la scène avec son premier Rossini, La Cenerentola, en 1956.
La chanteuse quitte alors les Etats-Unis pour intégrer la troupe de Gelsenkirchen où, durant trois ans, elle se voit confier des rôles de soprano. Il faut attendre 1961 pour que sa carrière prenne une nouvelle orientation à la faveur d’une rencontre déterminante, celle de la grande soprano Dame Joan Sutherland dont le mari est le chef d’orchestre Richard Bonynge. Ce dernier incite Marilyn Horne à se tourner vers le répertoire belcantiste de la première moitié du XIXème siècle. Sous la direction de Bonynge, avec Joan Sutherland comme partenaire, Marilyn Horne enregistre pour Decca Adalgisa dans la Norma de Bellini, puis elle aborde l’archétype du grand contralto virtuose rossinien, le rôle d’Arsace dans Semiramide, qu’elle chante à Los Angeles. Pour achever sa métamorphose, la chanteuse peut aussi compter sur les conseils du chef d’orchestre Henry Lewis qui est devenu son mari en 1960 ; le couple se séparera en 1974 mais leur collaboration artistique aura été des plus fructueuses. Marilyn Horne apparaît désormais comme la mezzo-soprano qu’on attendait pour faire revivre les grands chefs-d’œuvre du bel canto romantique. Soucieuse de restituer l’esprit et la lettre des partitions du XIXème siècle, la chanteuse maîtrise à la perfection l’art du chant des grandes divas de l’époque.
Marilyn Horne est une des figures majeures de ce que les musicologues appellent la « Rossini Renaissance » dont le centre est le Festival de Pessaro. Elle y participe à la reprise de Bianca e Falliero en 1986, puis à celle d’Ermione en 1987. Le Metropolitan Opera de New-York, où la chanteuse a fait ses débuts en 1970 dans la Norma de Bellini, monte pour elle Sémiramide, un opera seria qui n’a pas été donné dans cette maison depuis 1895. En 1980, au Festival d’Aix-en-Provence, Marilyn Horne en partagera l’affiche avec Montserrat Caballé et Samuel Ramey dans une production devenue légendaire. La confrontation entre les deux divas y surpasse les espérances du public, enthousiasmé par la sensibilité musicale et l’ardeur dramatique de ces deux monstres sacrés.
« Général Horne »
Bientôt, on surnomme la diva le « Général Horne » à cause des nombreux rôles de héros masculins qu’elle incarne à merveille avec sa voix au registre grave rehaussé d’accents guerriers. A l’ambiguïté vocale s’ajoute une présence scénique pleine de noblesse qui confère à l’interprète une allure empreinte d’une virilité toute martiale. A l’instar de la Malibran, Marilyn Horne possédait ce type de voix que le poète Théophile Gauthier trouvait « si féminines et en même temps si mâles ! Juliette et Roméo dans le même gosier ! ».
Grâce à de nombreux enregistrements, on peut encore admirer aujourd’hui, toutes les facettes d’une artiste aux talents multiples qui triompha dans de très nombreux rôles tels Dalila, l’héroïne de Saint-Saëns, ou la princesse Eboli de Don Carlos ou Amnéris d’Aïda, chez Verdi, ou encore sa formidable Carmen, électrisante et fatale.
La chanteuse s’est aussi illustrée dans le lied ou la mélodie, dans l’oratorio ou même dans la comédie musicale. Elle s’y consacre d’ailleurs, à travers la « Marilyn Horne Foundation », créée en 1994 pour faire rayonner le répertoire de la mélodie et du lied à travers la promotion de jeunes chanteurs.
La dernière apparition scénique de Marilyn Horne date de 1996, au Met de New York, avec Mrs Quickly dans le Falstaff de Verdi, un rôle léger après tant de rôles tragiques.
En 2010, la chanteuse a annoncé être guérie d’un grave cancer pour lequel elle était traitée depuis 2005 : encore une victoire, pour celle qui en a connu tant à la scène !
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