Fedora - Fedora

Après avoir signé un demi-succès (Mala vita, 1892), puis un véritable échec (Regina Diaz, 1894), Umberto Giordano sauve sa carrière en composant son chef d’œuvre, Andrea Chenier (1896). Le succès critique et populaire de l’ouvrage ouvre de nouvelles perspectives au jeune compositeur, et lui permet notamment de concrétiser un projet qu’il nourrit de longue date : obtenir les droits d’adaptation de Fedora, la pièce de Victorien Sardou créée par Sarah Bernhardt en 1882.

Sur un livret d’Arturo Colautti d’après le mélodrame de Sardou, Umberto Giordano compose une œuvre sur-mesure pour la grande soprano et actrice Gemma Bellincioni (1864-1950), égérie du vérisme à l’opéra qui assurera la création du rôle-titre le 17 novembre 1898 au Teatro Lirico de Milan – aux côtés notamment d’un jeune ténor, Enrico Caruso, créateur du rôle de Loris.

Si Fedora ne rencontre pas un triomphe aussi éclatant, ni une postérité d’Andrea Chenier, le nouvel opéra d’Umberto Giordano connait néanmoins un très solide succès critique et populaire. Après la création, Fedora fait l’objet de nombreuses reprises en Italie puis partout à travers le monde – notamment à Vienne en 1900 où l’ouvrage est dirigé par Gustav Mahler.

Fedora attire notamment les grandes cantatrices véristes, de Claudia Muzio à Renata Tebaldi, Maria Callas (à La Scala de Milan en 1956) ou encore Mirella Freni (qui enregistre l'opéra). L’ouvrage se fera néanmoins progressivement plus rare sur les grandes scènes lyriques, notamment à partir des années 1960, avant de connaitre un regain d’intérêt depuis le début du XXIe siècle. Le metteur en scène Christof Loy en propose notamment une nouvelle production à l’Opéra de Stockholm en 2016 avec Asmik Grigorian, puis Sonya Yoncheva reprendra ensuite le rôle-titre à La Scala de Milan en 2022 dans une production de Mario Martone, puis au Metropolitan Opera de New York l’année suivante avec Piotr Beczala dans une mise en scène de David McVicar.

Résumé de Fedora, d’Umberto Giordano

À Saint-Pétersbourg en 1881, la princesse Fedora doit épouser le comte Vladimir Andrejevich, qu’on retrouve néanmoins assassiné la veille du mariage. Fedora jure de le venger, alors que les soupçons se portent sur l’anarchiste Loris Ipanov.

Fedora suit Loris à Paris et entend pour le séduire pour lui soutirer des aveux. Elle n’est pas insensible à ses charmes, mais quand il avoue, elle le dénonce aux autorités – et le frère de Loris, Valeriano, est incarcéré. Plus tard, Loris s’explique : il a bien tué le comte mais en légitime défense, alors qu’il l’avait surpris avec sa propre épouse, Wanda.

Fedora et Loris se sont réfugiés en Suisse quand ils apprennent la mort de Valeriano en prison, puis de sa mère, morte de chagrin. Fedora est prise de remords et avoue être à l’origine de la dénonciation. Loris la maudit. Fedora avale du poison et meurt dans les bras de son amant.