Le Prisonnier - Il Prigioniero

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Informations générales

  • Compositeur:Luigi Dallapiccola
  • Librettiste:Luigi Dallapiccola
  • Date de création:20/05/1950
  • Lieu de création:Italie
  • Nombre d'acte:1
  • Langue originale:Italien
  • Maison d'opéra de la production originale:Teatro del Maggio Musicale Fiorentino

Description de l'Œuvre

Description Acte 1

Opéra un acte avec prologue signé du compositeur italien Luigi Dallapiccola, Il Prigioniero (Le Prisonnier) s’impose comme une œuvre poignante traitant des notions (d’absence) d’espoir et de liberté, et de leur utilisation cruelle dans les régimes totalitaires.

En 1939, Luigi Dallapiccola découvre la nouvelle La Torture par l’espérance issue des Contes cruels de Philippe-Auguste Villiers de l’Isle-Adam. L’ouvrage fait forte impression sur le compositeur et le hante pendant plusieurs années – le sentiment d’injustice l’accompagne depuis son jeune âge, quand sa famille est chassée d'Istrie et obligé de s’installer en Styrie. Pour le compositeur, le bombardement de Varsovie par Hitler le 1er septembre 1939 est néanmoins un choc déclencheur, qui « n'a fait qu'intensifier (s)on combat pour la liberté humaine ». Le compositeur a travaillé sur la musique d’Il prigioniero de 1944 à 1948 et bien qu’il ait « également écrit des œuvres d'un caractère très différent au cours de cette période », il indique : « dans mes pensées, j'ai vécu avec des prisonniers pendant dix ans. Je ne pouvais penser à rien d'autre pendant ces années terribles ».

La nouvelle de Villiers de l’Isle-Adam qui inspire le livret (tout comme La légende d’Ulenspiegel de Charles de Coster ou encore le poème La Rose de l’infante de Victor Hugo) se déroule à l'époque de l'Inquisition espagnole : le rabbin Aser Arbarbanel, injustement accusé d'usure, est contraint par le Grand Inquisiteur à se convertir au christianisme. Même après un an de tortures, il refuse néanmoins de renoncer pas à sa foi. Dans un ultime supplice, l’Inquisiteur nourrira l’espoir de liberté du prisonnier, pour mieux le précipiter dans l’abime en tuant ce dernier espoir avant de le conduire au bûcher. Dans l’opéra de Luigi Dallapiccola, le Prisonnier devient néanmoins un rôle anonyme et lui confère ainsi une dimension universelle, voire christique. Le compositeur, dont on compare parfois l’œuvre à celle d’Alban Berg, appuie la trame musicale de son opéra sur une forme traditionnelle : ballata, aria, ricercare, comme trois séries évoquant successivement la prière du Prisonnier, puis l’espoir et enfin la liberté trompeuse.

La création d’Il Prigioniero de Luigi Dallapiccola

Il Prigioniero fait l’objet d’une création en version de concert le 1er décembre 1949 pour la RAI. La version scénique du Prisonnier est néanmoins créée le 20 mai 1950 au Teatro Communale de Florence, dans le cadre du Mai Musical florentin, avec le baryton Scipio Colombo dans le rôle-titre et le ténor Emilio Renzi dans celui du Geôlier / l’Inquisiteur.

L’opéra est ensuite abondamment repris à travers le monde, notamment à la Juilliard School de New York en 1951, puis à Berlin ou Francfort en 1955 et 1958, ou encore à Londres en 1959. La création française a lieu à Strasbourg en 1961 avec les interprètes de la création, sous la direction d’Ernest Bour. Des productions suivent notamment à la Scala de Milan en 1962, ou à l’Opéra de Paris en 1968. Sans être une œuvre couramment montée sur scène, Il Prigioniero fait néanmoins ponctuellement l’objet de productions sur les grandes scènes lyriques.

Résumé d’Il Prigioniero de Luigi Dallapiccola

À Saragosse au XVIe siècle, un Prisonnier anonyme est retenue de longue date par l’Inquisition. Le Geôlier redonne néanmoins espoir au Prisonnier : il mentionne un soulèvement dans les Flandres qui pourrait mettre à bas la tyrannie de Philippe II, qualifie le captif de « fratello » (frère) et laisse entendre qu’il pourrait retrouver sa liberté. En quittant la cellule, il laisse la porte ouverte. Le Prisonnier entrevoit la possibilité de s’évader : après avoir déambulé dans les sombres couloirs de la prison, il perçoit la lumière d’un jardin. Alors que la liberté semble à portée de main et que l’espoir renait, le Geôlier apparait sous les traits du Grand Inquisiteur et lui demande : « Pourquoi veux-tu nous quitter maintenant, à la veille même de ton salut ? », avant de l’interroger, sarcastique, « pour la liberté ? ». Le Grand Inquisiteur conduit alors le Prisonnier au bûcher.

Prologue

À Saragosse au XVIe siècle, la mère du Prisonnier espère une dernière entrevue avec son fils. Dans un cauchemar, elle voit le tyran Philippe II qui prend progressivement l’apparence de la mort.

Acte 1

Premier tableau. Le Prisonnier confie son espoir naissant à sa mère. Le Geôlier l’a qualifié de « fratello » (frère).

Deuxième tableau. Selon le Geôlier qui s’ouvre au Prisonnier, les combattants hollandais se soulèvent dans les Flandres pour gagner leur liberté et lutter contre la tyrannie de Philippe II. Le Geôlier entonne un chant populaire évoquant la liberté. Pour nourrir encore l’espoir du Prisonnier de s’évader, le Geôlier quitte la cellule en laissant la porte ouverte.

Troisième tableau. Le Prisonnier s’aventure dans les méandres obscurs la prison, en se remémorant ses prières. Au gré de sa progression, il parvient d’abord à éviter le Frère Rédempteur, maître des supplices, puis ensuite deux Prêtes. Au loin, il croit entendre Roelandt, la grande cloche de Gand détruite par Charles V, symbole de liberté et qui lui apparait comme un signe de salut.

Quatrième tableau. Dans la pénombre de la prison, le Prisonnier aperçoit la lumière d’une porte ouverte donnant sur un jardin baigné de la lueur du ciel étoilé. Au plus fort de sa joie de réussir son évasion, il réalise qu’il s’agissait là d’un ultime supplice. Le Geôlier, sous les traits du Grand Inquisiteur, l’attend dans le jardin et l’interroge : « Pourquoi veux-tu nous quitter maintenant, à la veille même de ton salut ? Pour la liberté ? ». Le Grand Inquisiteur le conduit alors au bûcher. L’espoir de liberté était un leurre, nourri pour mieux le briser et en faire une ultime torture.

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