Saison 2024-2025 : « les visages du pouvoir » à l’Opéra de Rome

Xl_saison-2024-2025_opera-de-rome © Opéra de Rome

À la tête de l’Opéra de Rome, Francesco Giambrone entend continuer de « s’aventurer dans des territoires inexplorés et fascinants » en programmant des œuvres de répertoire, des ouvrages rares, voire encore jamais donnés au Teatro Costanzi, ainsi que des opéras plus contemporains. 

Au cours des quelques années pendant lesquelles il y a dirigé le Teatro Massimo de Palerme, Francesco Giambrone s’est attaché à ouvrir le répertoire de la maison italienne. Depuis sa nomination en tant que surintendant de l'Opéra de Rome en décembre 2021, il continue manifestement d’appliquer cette même stratégie et de « s’aventurer dans des territoires inexplorés et fascinants ». La saison romaine 2024-2025 qu’il dévoile maintenant fait montre du même éclectisme : des œuvres de répertoire, évidemment, mais aussi « de nouveaux défis et de nouvelles frontières à franchir », avec pour fil conducteur les « Visages du pouvoir ».

Pour accompagner cette exploration, plusieurs metteurs en scène internationaux feront leurs débuts à Rome (Peter Sellars, Romeo Castellucci ou Calixto Bieito), alors que le directeur musical de la maison, Michele Mariotti assurera la direction de plusieurs productions aux côtés de James Conlon, Henrik Nánási, Rinaldo Alessandrini, Roberto Abbado ou Omer Meir Wellber, pour accompagner quelques-unes des voix les plus significatives du moment – Anna Netrebko, Eleonora Buratto, Angela Meade ou Luca Salsi, Corinne Winters, Gregory Kunde, Gaëlle Arquez, Erwin Schrott, Ian Bostridge ou encore Alex Esposito et plusieurs jeunes interprètes en devenir.

125e anniversaire de la Tosca originelle

Quid néanmoins des productions de cette saison romaine 2024-2025 ? Parmi les plus notables, on retient notamment la reprise de la Tosca originelle telle que l’oeuvre avait été créée à Rome il y a 125 ans, dans les décors d’Adolf Hohenstein – dans une mise en scène ré-imaginée par Alessandro Talevi.

La production sera donnée à trois reprises, forte de trois distributions différentes. D’abord en janvier 2025 (à partir du 14 janvier, jour anniversaire de la création), avec notamment Saioa Hernández dans le rôle-titre, aux côtés du Mario Cavaradossi de Gregory Kunde et face au Scarpia d’Igor Golovatenko, accompagnés par le chef Michele Mariotti. La production reviendra en mars, cette fois avec Anna Netrebko, Yusif Eyvazov et Amartuvshin Enkbath dans les trois rôles principaux et accompagnés par Daniel Oren, et enfin de nouveau en mai 2025, avec cette fois Anna Pirozzi, Luciano Ganci et Claudio Sgura, confiés à la baguette de James Conlon.

Grandes références du répertoire italien

Le répertoire italien est évidemment au rendez-vous de cette prochaine saison. Notons entre autres une nouvelle production de Simon Boccanegra, en ouverture de saison, confiée au metteur en scène Richard Jones et dirigée par Michele Mariotti, défendue par une distribution de voix italiennes parmi lesquelles Luca Salsi dans le rôle-titre, Eleonora Buratto en Maria et Michele Pertusi dans le rôle de Jacopo Fiesco.

Lucrèce Borgia revient aussi au Teatro Costanzi après 45 ans d'absence dans une nouvelle production de Valentina Carrasco. En fosse, le chef expert du bel canto Roberto Abbado accompagnera sur scène en alternance dans le rôle-titre Angela Meade et Lidia Fridman (pour ses premiers pas à Rome).

Autre début romain : le metteur en scène espagnol Calixto Bieito signe une production du diptyque Suor Angelica / Il prigionero – troisième et dernier volet du projet « Trittico Ricomposto » initié par Michele Mariotti, après Il tabarro / Le Château de Barbe Bleue et Gianni Schicchi / L'heure espagnole. L’opéra en un acte de Puccini sera interprété par Corinne Winters et Marie-Nicole Lemieux, ici associé à Il prigionero (Le Prisonnier), cet opéra rare de Luigi Dallapiccola qui réunira sur scène Mattia Olivieri et Ekaterina Semenchuk.

Baroque et répertoire contemporain

Après Giulio Cesare la saison dernière, l’Opéra de Rome réitère l’expérience baroque en programmant Alcina de Haendel pour la première fois au Teatro Constanzi. La production signée par Pierre Audi réunit la jeune soprano Mariangela Sicilia et le contre-ténor Carlo Vistoli dans les rôles d’Alcina et Ruggiero, accompagnés par le chef Rinaldo Alessandrini – qui dirigeait déjà Giulio Cesare.

Dans le cadre de la diversification de sa programmation, l’Opéra de Rome poursuit également son exploration du répertoire contemporain. La metteuse en scène Deborah Warner reviendra au Teatro Constanzi pour poursuivre son travail autour du répertoire de Benjamin Britten. Après Billy Budd en 2018 et Peter Grimes cette année, elle proposera une nouvelle production du Tour d'écrou la saison prochaine, confiée à la direction d'Henrik Nánási et interprétée par Ian Bostridge.

Notons aussi l’hommage de l’Opéra de Rome à la compositrice Kaija Saariaho, disparue l’année dernière. Pour la première fois en Italie, les amateurs de musique contemporaine pourront assister à Adriana Mater dans une mise en scène de Peter Sellars – qui signait déjà celle de la création à Paris en 2006, et de la reprise de l’ouvrage à San Francisco l’année dernière. La direction échoie à Ernest Martínez Izquierdo, qui a déjà dirigé l’œuvre à Helsinki et Santa Fe.

Avec en outre son lot de concerts, d’expérimentations de théâtre musical ou encore de ballet, Francesco Giambrone entend faire de cette prochaine saison « un projet culturel axé sur la curiosité et visant à (faire de l’Opéra de Rome) un lieu de réflexion, et un espace de pensée à la fois libre et critique ». On en trouve le détail complet sur le site de la maison d’opéra romaine.

publié le 1er juillet 2024 à 14h20 par Aurelien Pfeffer

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