La Falaise des Lendemains - La Falais...

Premier opéra de Jean-Marie Machado (que l’on connaissait jusqu’alors principalement comme pianiste, improvisateur et compositeur de jazz), La Falaise des Lendemains prend des allures de « contes aux accents fantastiques et légendaires ». Le compositeur aspire de longue date à composer un opéra. Le projet se concrétisera suite à sa rencontre avec Matthieu Rietzler, alors directeur de l’Opéra de Rennes et Alain Surrans, directeur d’Angers Nantes Opéra, qui lui commandent l’ouvrage.

Nourri d’inspirations très diverses, Jean-Marie Machado compose un opéra « mettant en scène des voix de différents styles, inscrites dans l’Orchestre Danzas » qu’il a créé une quinzaine d’années plus tôt, et où se mêlent les langues française, bretonne et anglaise. Par sa musique, il aspire également à transformer ce drame en une « épopée fantastique et abstraite, où se mêlent des émotions attisées et leurs contraires, dans une perspective moderne de réinventer le langage de l’opéra ».

Création de l'opéra La Falaise des lendemains

La Falaise des lendemains fait l’objet d’une création mondiale le 7 novembre 2024 à l'Opéra de Rennes, dans une production signée du metteur en scène Jean Lacornerie, associé très tôt au processus de création de l’ouvrage. Le chef d'orchestre Jean-Charles Richard assure la direction musicale de cette première.

Sur scène, les rôles de l’opéra sont créés par la mezzo Yete Queiroz et le ténor Vincent Heden, dans les rôles respectifs de Lisbeth et Chris. Le baryton Florian Bisbrouck interprète le rôle du cruel Dragon, aux côtés de Karine Sérafin en Alys (mezzo), Gilles Bugeaud en Don (baryton), Nolwenn Korbell en Maureen (mezzo), Florent Baffi en Malo (basse) et Cécile Achille dans le rôle de Yuna (soprano).

L’ouvrage est ensuite repris à l’Atelier Lyrique de Tourcoing (le 18 janvier 2025), à la Maison des Arts de Créteil (le 24 janvier), puis à Angers Nantes Opéra au Théâtre Graslin de Nantes en février 2025 et au Grand-Théâtre d’Angers le 24 avril de la même année.

Livret de La Falaise des lendemains

Le livret de La Falaise des lendemains est signé de Jean-Jacques Fdida, avec qui Jean-Marie Machado a déjà collaboré autour du conte musical Peau d’ânesse. L'ouvrage développe une histoire à la fois sombre et au réalisme poétique, au cours de laquelle les héros ne perdent jamais espoir.

L’ouvrage se déroule sur la côte bretonne pendant la première guerre mondiale. La Falaise des lendemains du titre est le lieu où les amoureux Lisbeth (une jeune soignante) et Chris (un marionnettiste anglais) doivent se retrouver. Le terrible, jaloux et bien nommé Dragon, chef des dockers de la côte, manipulera néanmoins leurs destins avec violence et cruauté.

Première époque

Port de Roscoff, 1913. La jeune infirmière Lisbeth est harcelée par Dragon, chef des dockers de la côte. Un soir par hasard, elle assiste à un spectacle de marionnettes, donné par le marionnettiste Chris et son partenaire musicien Don, l’un et l’autre originaire de l’île de Guernesey. Les regards de Lisbeth et Chris se croisent et c’est un coup de foudre immédiat. Ils projettent de se retrouver le soir-même à « Tornaod an antronoz », la falaise des lendemains.

Jaloux et cruel, Dragon s’en prend à Chris : il lui casse les doigts et le défigure. Don retrouve Chris et le reconduit d’urgence sur l’île de Guernesey.

C’est Dragon qui se présente au rendez-vous avec Lisbeth sur la falaise des lendemains. Il lui affirme que son baladin a pris peur et a préféré fuir. La jeune femme résiste, Dragon s’énerve et tente de la violer, mais plutôt que de se soumettre, elle se jette du haut de la falaise. Elle échappe à la mort mais devient paraplégique et une amie la recueille.

À Guernesey, Chris se réveille amnésique, sans souvenir des événements du Port de Roscoff. De peur qu’il tente de retrouver Lisbeth, Don lui ment et lui assure que son état est le fruit d’un accident, qu’il a été piétiné par un cheval emballé.

Deuxième époque

La guerre de 1914. Dragon règne sur les docks et profite de ses responsabilités militaires pour voler et se livrer à toutes sortes de trafics. Il s’acoquine avec Maureen, une fille du coin, en jurant toutefois à Lisbeth qu’il la tuera si elle s’avise un jour de quitter Roscoff.

Les mains de Chris guérissent progressivement et il peut de nouveau manipuler de grandes marionnettes. Il reste néanmoins défiguré et porte désormais un masque de « gueules cassés ». Parmi les marionnettes qu’il confectionne, l’une d’elles ressemble particulièrement à Lisbeth : il n’en a pas de souvenir, mais la jeune fille lui apparait en songe.

Lisbeth n’a pas oublié Chris et, ignorant son sort, espère toujours le revoir. L’usage de ses jambes lui revient peu à peu, mais elle en garde le secret.

Troisième époque

La guerre s’achève. À Roscoff, les comparses de Dragon doutent de leur chef. Il va trop loin, prend trop de risque. Maureen tente de les apaiser – même si elle nourrit elle aussi de plus en plus de doute et s’en ouvre à Lisbeth.

Don est de retour du front et retrouve Chris, dont la santé s’est détériorée. Il a conscience d’avoir des absences et veut comprendre le sens des images qui le hantent. Le temps a passé, Don consent finalement à lui raconter la vérité. Sans avertir personne, Chris part pour Roscoff. Méconnaissable sous son masque et ses traits ravagés, Chris est bouleversé quand il revoit Lisbeth. Elle est toujours infirmière, le prend pour un blessé de guerre et l’admet dans son service.

Ignorant qui ils sont l’un pour l’autre, leur complicité renait néanmoins immédiatement. Par hasard, Lisbeth lui confie son amour pour un marionnettiste de passage... Inquiet pour son ami, Don retrouve Chris et Lisbeth comprend qui elle a retrouvé.

Sur la place de Roscoff, Chris et Don jouent un spectacle inspiré de leur histoire. Dragon s’en offusque et ordonne à son gang de tout saccager, mais il n’est plus suivi et se jette lui-même sur Chris. Lisbeth se dresse alors et s’interpose, titubante... Stupéfié et furieux, il veut s’en prendre à elle, mais Maureen le poignarde au moment où il s’élance.

À bout de force, Chris s’effondre. Disant le bonheur de l’avoir rencontrée, il meurt dans les bras de Lisbeth, lui ayant finalement donné assez d’espoir, de rêve et d’amour, dit-elle, pour qu’elle puisse continuer en ce monde à soigner les cœurs blessés.