Le Tribut de Zamora - Le Tribut de Za...

Alors que Charles Gounod travaillait sur Maître Pierre, un opéra inspiré des amours d’Abélard et d’Héloïse, le directeur de l’Opéra de Paris Olivier Halanzier-Dufresnoy lui propose un livret intitulé Le Tribut de Zamora, signé par Adolphe d’Ennery et manifestement refusé par Verdi. Gounod abonne Maître Pierre (qui ne sera jamais achevé) et se consacre alors à la composition de la partition du Tribut de Zamora. Une première version de l’ouvrage est manifestement refusée par la direction de l’Opéra, obligeant Gounod à reprendre sa copie. Une seconde version suscite davantage d’enthousiasme : grand opéra en quatre actes, Le Tribut de Zamora est ainsi créé le 1^er avril 1881 à l’Opéra Garnier, avec notamment la grande cantatrice Gabrielle Krauss.

À la création de l’ouvrage, Le Tribut de Zamora rencontre un certain succès auprès du public, séduit par l’exotisme de l’œuvre et « des pages charmantes de grâce et de sentiment » – l’opéra tient l’affiche pendant une cinquantaine de représentations sur deux saisons, principalement grâce à sa distribution. La critique parisienne de l’époque se montre néanmoins sévère avec l’ouvrage de Gounod, jugé « indigne du grand nom (du compositeur) et de son noble génie » selon le Dictionnaire de l’opéra de Clément et Larousse (1869-1905), alors que Gérard Condé, spécialiste du compositeur, estime que l’ouvrage est « le plus faible » de son répertoire lyrique. Gounod ne composera plus d’autre opéra après Le Tribut de Zamora – à l’exception d’une refonte de son premier opéra, Sapho, pour Gabrielle Krauss.

Le Tribut de Zamora disparaitra des scènes pendant plus d’un siècle avant d’être ressuscité par le Palazzetto Bru Zane en 2018 dans une version de concert dirigée par Hervé Niquet (qui fait l’objet d’un enregistrement). Une version scénique est ensuite donnée à l’Opéra de Saint-Etienne en 2024 dans une nouvelle production de Gilles Rico, de nouveau dirigée par Hervé Niquet, avec notamment Chloé Jacob, Élodie Hache, Léo Vermot-Desroches et Jérôme Boutillier dans les rôles principaux.

Résumé du Tribut de Zamora

L’action se déroule dans l’Espagne du IXème siècle, dans le califat de Cordoue. Aux termes d’un traité signé à Zamora après une défaite des chrétiens, la cité d’Oviedo se doit de livrer chaque année aux Maures victorieux, cent vierges tirées au sort. Alors que Manoël doit se marier avec la belle Xaïma, la future épouse est tirée au sort et remise au représentant du calife, Ben-Saïd, qui tombe sous son charme. Aux termes de nombreux rebondissements (relativement improbables), Manoël et Xaïma recouvreront la liberté et pourront se marier.

Acte 1

Dans le califat de Cordoue, dans l’Espagne du IXe siècle. Aux termes d’un traité signé à Zamora après une défaite des chrétiens, la cité d’Oviedo se doit de livrer chaque année aux Maures victorieux, un tribut de cent vierges tirées au sort. Le jour fatal, Xaïma fait partie des sélectionnées alors qu’elle devait le jour même épouser Manoël. La jeune femme est remise à Ben-Saïd, le représentant du calife, qui tombe immédiatement sous son charme.

Acte 2

Les Maures célèbrent l’anniversaire de leur victoire à Zamora. Manoël, qui veut veiller sur Xaïma, se déguise en soldat arabe et se mêle aux gardes. Il est néanmoins reconnu par Hadjar, le frère de Ben-Saïd : pendant la bataille, Manoël avait sauvé la vie d’Hadjar qui, en guise de reconnaissance, entend aider Manoël à récupérer celle qu’il aime. Il lui offre une forte somme d’argent qui doit permettre au jeune homme de racheter Xaïma. Au marché aux esclaves, c’est néanmoins Ben-Saïd qui propose l’enchère la plus élevée.

Parallèlement, on découvre Hermosa, faite prisonnière durant la bataille et qui en a perdu la raison.

Acte 3

Ben-Saïd entend séduire Xaïma, qui lui résiste. Hadjar fait alors entrer Manoël dans le palais et le présente à son frère comme étant son sauveur. Ignorant les liens qui unissent Manoël et Xaïma, Ben-Saïd souhait se montrer reconnaissant envers le bienfaiteur de son frère et lui permet de formuler la requête de son choix. Manoël réclame la libération de Xaïma. Ben-Saïd revient sur sa proposition, et fait arrêter Manoël.

Jugée inoffensive, la folle Hermosa erre dans le palais. Elle reconnait néanmoins Xaïma comme étant sa propre fille et recouvre ses esprits.

Acte 4

Emprisonnés et désespérés, Manoël et Xaïma sont résolus à se suicider ensemble. Hermosa les en empêche et alors que Ben-Saïd se montre violent à l’égard de Xaïma, Hermosa tue le représentant du calife. Hadjar consent finalement à libérer les trois chrétiens au nom de la miséricorde.