L'Uomo femina - L'uomo femina

Au XVIIIe siècle, Baldassare Galuppi (1706-1785) est un compositeur à la fois populaire et prolifique, dont la notoriété dépasse alors celle de Vivaldi. Au gré de ses collaborations avec divers librettistes (notamment Carlo Goldoni), il signe plus d’une soixantaine d’opéras, tantôt buffa, tantôt sérieux, et contribue à poser les bases du dramma giocoso, ces « drames joyeux » à la fois comiques (buffa) et qui intègrent aussi une dimension pathétique, voire tragique, et qui inspireront plus tard Mozart ou Rossini.

L'Uomo femmina (parfois orthographié L'Uomo femina), créé en octobre 1762 au Teatro San Moisè de Venise, est l’un de ces dramma giocoso de Baldassare Galuppi, sur un livret de Pietro Chiari. L'Uomo femmina prend ainsi des allures de farces sur l’inversion des sexes où les femmes agissent en hommes et les hommes en femmes – un thème déjà abordé par le compositeur quelques années plus tôt, en 1752, dans Il mondo alla roversa (Le monde à l’envers) sur un livret de Goldoni.

Au-delà de sa dramaturgie, l’ouvrage permet surtout à Baldassare Galuppi d’imaginer une partition mettant en valeur toute la virtuosité et la pyrotechnie vocale des grands interprètes de l’époque. Cette partition de L'Uomo femmina a longtemps été considérée comme perdue avant d’être redécouverte à Lisbonne au début des années 2000 par le musicologue Bernardo Ticci. En 2006, l’œuvre est ressuscitée sur scène à Montalto di Castro, en Italie, par l’ensemble féminin l'Accademia della Libellula de Cinzia Pennesi, spécialisée dans la redécouverte d’œuvres anciennes. L'Uomo femmina est ensuite repris par le Poème Harmonique de Vincent Dumestre en 2024/2025, en version scénique à l’Opéra Royal du Château de Versailles, au Théâtre de Caen ou à l’Opéra de Dijon dans une mise en scène d’Agnès Jaoui, et en version de concert au Teatro Real de Madrid.

Résumé de l’opéra L'Uomo femmina

Le livret de L'Uomo femmina se déroule sur une île au bout du monde dans un lieu inconnu et dont personne ne sait comment elle s'appelle, où les femmes vivent et règnent depuis des temps immémoriaux, « exactement comme le font les hommes dans le reste du monde ». Les hommes s’y maquillent, portent perruques et grains de beauté. Les femmes gouvernent et y commandent également en amour : elles se comportent comme les pires des hommes, prétendent être capables de satisfaire plus d’un homme, alors que les hommes de l’île, pour s’honorer, se doivent d’être fidèles. C’est ainsi que Gelsomino, le favori de Crétidea, elle-même reine de l’île, défaille d’amour pour celle qu’il aime, sent son cœur battre pour elle et son sang bouillir.

L’enjeu dramaturgique s’étoffe quand Roberto débarque sur l’île par hasard après un naufrage et se fait fort de « remettre de l’ordre » dans cette organisation sociale incongrue pour l’époque.