Ces opéras à ne pas rater en novembre 2024

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Quels sont les opéras à voir au cours de ce mois de nombre 2024 ? Nous retenons plusieurs curiosités comme la redécouverte L’Uomo femina de Galuppi mis en scène par Agnès Jaoui à l’Opéra de Dijon ou le rare Edgar de Puccini à l’Opéra de Nice dans sa version originale. Novembre promet aussi plusieurs créations lyriques comme Voyage d’automne de Bruno Mantovani au Capitole de Toulouse, mais aussi La Falaise de Lendemains de Jean-Marie Machado à Rennes ou Les Sentinelles de Clara Olivares à Bordeaux. Tour d’horizon et sélection subjective.

L’Uomo femina à l’Opéra de Dijon, du 7 au 9 novembre

Rareté. C’est assurément l’une des curiosités de ce mois de novembre 2024 : l’Opéra de Dijon ressuscite L'Uomo femina de Baldassare Galuppi. Si le compositeur vénitien a sans doute perdu en notoriété aujourd’hui, il était incroyablement populaire au XVIIIe siècle (autant, si ce n’est plus, que Vivaldi) et réputé pour ses œuvres augurant le dramma giocoso – drolatiques mais aussi porteuse de sens. L’Uomo femina se classe dans cette catégorie et embarque le spectateur sur « une île du bout du monde ». Le lieu est dirigé par des femmes « exactement comme le font les hommes dans le reste du monde », et les hommes y sont coquets et dociles. Cette sociologie est néanmoins mise à mal quand Roberto débarque sur l’île après un naufrage et se fait fort d’y « remettre bon ordre ».

L’ouvrage était considéré comme perdu, avant d’être retrouvé puis ressuscité sur scène en 2006 en Italie. L’Opéra de Dijon invite à découvrir cet ouvrage rare, composé pour mettre en valeur la virtuosité et la pyrotechnie vocale des grands interprètes de l’époque. Avec manifestement une certaine jubilation, c’est la comédienne, chanteuse, réalisatrice et metteuse en scène Agnès Jaoui, qui signe la production. Sur scène, la distribution est prometteuse également : Eva Zaïcik, Lucile Richardot et Victoire Bunel dans les principaux rôles féminins, face à Victor Sicard en Roberto. En fosse, Vincent Dumestre dirige Le Poème Harmonique.

Actéon ou le triomphe de la vacuité à l’Opéra de Paris, du 7 au 9 novembre

Jeune public. Suite à une commande de Radio France, la compositrice Emmanuelle da Costa et le librettiste Samuel Muller se saisissaient du mythe d’Actéon – qui surprend la déesse Diane en train de se baigner et est condamné à être transformé en cerf, avant d’être attaqué par ses propres chiens. Ensemble, ils signent Actéon ou le triomphe de la vacuité, un opéra de poche destiné au jeune public, qui s’appuie sur des thématiques modernes : Samuel Muller renverse le point de vue du mythe du côté de celui des animaux, pour explorer le rapport que l’homme entretient avec la nature.

Actéon ou le triomphe de la vacuité a fait l’objet d’une création en juin de l’année dernière par la Maîtrise de Radio France. L’Opéra de Paris reprend l’ouvrage, de nouveau avec la Maîtrise, mais cette fois dans une production scénique de Victoria Sitjà qui « met en scène des enfants qui se font prendre à leur propre jeu ». À partir de 7 ans.

Voyage d’automne au Capitole de Toulouse, du 22 au 28 novembre

Création. Dans ses deux premiers opéras, le compositeur Bruno Mantovani explorait « les conditions de la création artistique dans un contexte politique autoritaire » et abordait l’art comme moyen de résistance à l’oppression. Dans son troisième opus, Voyage d’automne, il s’inspire d’un fait historique pour explorer le cheminement inverse : comment des artistes se sont laissé séduire par des régimes totalitaires, par confort ou vanité. Inspiré de l’ouvrage de François Dufay et adapté par le librettiste Dorian Astor, Voyage d’automne met en scène et en musique ce « séjour touristique » d’écrivains français, invités par Joseph Goebbels en Allemagne afin qu’ils promeuvent le régime nazi en France, et qui ont ainsi fait « délibérément le choix de la collaboration avec l’occupant nazi ».

L'Opéra national du Capitole de Toulouse accueille la création mondiale de l’opéra, dans une mise en scène de Marie Lambert-Le Bihan. Le chef Pascal Rophé assure la direction musicale, pour accompagner une distribution réunissant notamment Vincent Le Texier, Yann Beuron ou Enguerrand De Hys, ou encore Gabrielle Philiponet.

Edgar à l’Opéra de Nice, du 8 au 12 novembre

Redécouverte. Deuxième opéra de Puccini après le succès du Villi, Edgar est l’un des ouvrages rares du compositeur – il faut dire que la création à la Scala en 1889 est un échec cuisant et que l’opéra sera ensuite peu repris. Ces 8, 10 et 12 novembre à l’occasion du centenaire du compositeur, l’Opéra Nice Côte d'Azur invite néanmoins à redécouvrir l’opéra et dans sa version initiale pour la première fois en France en version scénique – l’ouvrage comptait initialement quatre actes, avant d’être remanié en trois actes, et c’est la version en quatre actes que propose l’institution niçoise. Une curiosité à (re)découvrir pour les lyricomanes.

À Nice, Nicola Raab met en scène la trame improbable d’Edgar, héros volage qui convoite à la fois la douce Fidelia et la fougueuse Tigrana (confiée à la soprano Valentina Boi comme le veut la partition originale et non à une mezzo comme dans la version remaniée), avant de les mettre à l’épreuve en faisant croire à sa propre mort. Le rôle-titre est confié à Stefano La Colla face à la Fidelia d’Ekaterina Bakanova et donc la Tigrana de Valentina Boi.

Les Contes d’Hoffmann au Royal Ballet and Opera de Londres, du 7 novembre au 1er décembre

Opéra au cinéma. Damiano Michieletto aurait dû mettre en scène Les Contes d'Hoffmann à Londres en 2020, mais la pandémie de Covid en a décidé autrement – entre temps, la production a été donnée à Sydney ou Venise, mais elle arrive finalement au Royal Ballet and Opera de Londres ce 7 novembre. Le metteur en scène y imagine des Contes d'Hoffmann « comme un voyage dans le temps ». Il porte « un regard sur les différents âges du rôle principal – l'enfant, le garçon, le jeune homme déjà désillusionné – tous représentés par les personnages féminins Olympia, Antonia et Giulietta ». Finalement, « Stella terminera l'histoire en détruisant les illusions d'Hoffmann, un peu comme si elle était le diable en personne. Il se retrouvera donc seul, avec tous les symboles de son monde imaginaire passé, représentant son univers poétique ».

Une belle distribution doit faire vivre cette lecture des Contes sur scène : Juan Diego Flórez dans le rôle-titre aux côtés notamment d’Olga Pudova, Ermonela Jaho et Marina Costa-Jackson dans les rôles respectifs d’Olympia, Antonia et Giulietta, alors que Julie Boulianne sera Nicklausse et Alex Esposito les quatre déclinaisons maléfiques de Lindorf. Cette production des Contes d’Hoffmann fera l’objet d’une captation vidéo, qui sera diffusée au cinéma (notamment en France) le 15 janvier 2025.

Et aussi...

  • Ce mois de novembre est riche en créations lyriques. Outre Voyage d’automne à Toulouse, notons aussi la création de La Falaise des lendemains à l’Opéra de Rennes le 7 novembre (en attendant une reprise ultérieure à Angers Nantes Opéra), premier opéra du compositeur Jean-Marie Machado qui repose sur des inspirations très éclectiques. On l’évoquait récemment dans nos colonnes.
     
  • Autre création, cette fois à l’Opéra de Bordeaux à partir du 10 novembre, avec Les Sentinelles de la compositrice Clara Olivares. L’œuvre met en scène quatre figures féminines qui (s’)interrogent « sur les conséquences d’une communication défaillante, l’impossibilité sociale de construire de nouveaux modèles de vie commune, et la conciliation du désir et des responsabilités ». 
     
  • Plus traditionnel, l’Opéra de Monte Carlo reprend La Bohème dans l’élégante mise en scène de Jean-Louis Grinda. La production est connue, mais défendue par une distribution d’envergure emmenée par Anna Netrebko dans le rôle de Mimì (les 8, 10 et 13 novembre), aux côtés notamment de Nino Machaidze en Musetta, Yusif Eyvazov et Florian Sempey en Rodolfo et Marcello. 
  • Retenons également la Serenata Salomon du compositeur britannique William Boyce (1711-1779). Manifestement encore jamais donnée en France, cette très belle « sérénade pour orchestre et chœur » est programmée par l’Opéra de Massy ce 29 novembre, interprétée sur scène par la soprano Juliette Tacchino et le ténor Lucas Pauchet, accompagnés par l’ensemble Opera Fuoco de David Stern.

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