Exposition : les Bijoux de scène de l'Opéra de Paris

Xl_exposition_bijoux-de-scene_opera-de-paris-2024-2025 © Bijoux de scène

Couronnes, bracelets, bustiers, diadèmes... Les bijoux de scène sont indissociables de l’opéra et des divas. Ils sont aussi le fruit du savoir-faire des artisans des ateliers de l’institution, significatifs de l’action qui se déroule sur scène et révélateurs des modes et tendances de leur époque. L’Opéra de Paris leur consacre une exposition.

De « l’Air des bijoux » du Faust de Gounod aux parures de Walkyries de Wagner, les couronnes, bracelets, bustiers et autres diadèmes sont indissociables des scènes lyriques. Dans l’imaginaire collectif, les bijoux sont l’accessoire incontournable des divas de l’opéra. L’exposition « Bijoux de scène » imaginée par l’Opéra de Paris et la BnF I Opéra révèle qu’ils sont sans doute bien davantage – notamment le fruit d’un solide savoir-faire, mais aussi un outil efficace de l’illusion théâtrale ou encore le reflet des modes et de l’esthétique de leur époque.

Car si les matériaux utilisés pour fabriquer les bijoux de scène n’ont souvent que peu de valeur (le laiton pour l’illusion de l’or, le verre coloré à la place de pierreries, le strass à défaut de diamants), ils brillent et impressionnent grâce au savoir-faire des artisans qui les signent. Longtemps, la réalisation des bijoux de scène a été sous-traitée à des fournisseurs du Sentier. Dès lors que les mises en scène ont commencé à occuper une place prépondérante dans les productions, des ateliers ont été créés à l’Opéra, incluant une « bijouterie » pour concevoir les bijoux de scène... et les recycler d’une production à l’autre afin de réutiliser les matériaux. De nombreuses créations ont ainsi été détruites, donnant d’autant plus de valeur à celles qui nous sont parvenues intégralement conservées.

Exposition : Bijoux de scène, Opéra de Paris
De gauche à droite : le Casque de Wotan ayant appartenu à Francisque Delmas pour La Walkyrie, de Richard Wagner 1893 (fer, cuivre, laiton, flanelle de coton, plumes, BnF) ; le Miroir de Faust de Charles Gounod ayant servi à Madame Miolan Carvalho dans la scène des bijoux le soir de la première représentation, le 19 mars 1859 (métal, verre, tissu, BnF) ; Bustier pour Le Grand Mogol d'Edmond Audran porté par Mademoiselle Brandon, 1895 (laiton, strass, perles, BnF) © Charles Duprat / OnP

Aujourd’hui, la conservation des bijoux de scène s’inscrit dans un processus patrimonial et rend compte des évolutions de techniques  de fabrication aussi surprenantes qu’ingénieuses ou du renouvellement des matériaux utilisés – comme le plastique qui s’invite dans les créations contemporaines.

Pour autant, au-delà de leur fabrication en coulisse, par définition, les bijoux servent surtout sur scène. Ils sont d'abord sans doute un ressort théâtral : ils s’imposent comme des objets de tentation dans les livrets d’opéra, qu’il s’agisse des joyaux de Méphistophélès offerts à Margueritte ou de l’or du Rhin convoité dans la Tétralogie de Wagner. Ils sont aussi un marqueur permettant au public d’identifier les rôles sur scène : les riches parures de la bourgeoisie, le solide casque d’une guerrière Walkyrie, la couronne d’un roi ou la mitre d’un pape sont autant d’accessoires qui définissent le rang des protagonistes du récit. Et quand Célestine Galli-Marié arbore de somptueux bijoux lors de la création de Carmen, elle n’incarne pas tant la modeste cigarière que la femme fatale séductrice avec ses atours.

Exposition : Bijoux de scène, Opéra de Paris
De gauche à droite, Alfred Albert et Paul Lormier, coiffe pour L'Africaine de Giacomo Meyerbeer, 1865 (laiton, tissu, plume) ; Eugène Lacoste, Coiffe de Salammbô portée par Rose Caron dans l'opéra homonyme d'Ernest Reyer, 1892 (textile, métal, perles) ; Joseph Porphyre Pinchon, Coiffe portée par Lucy Arbell dans le rôle de la reine Amahelli dans Bacchus de Jules Massenet, 1909, BnF © Charles Duprat / OnP

Et les bijoux de scène sont aussi porteurs de sens hors des scènes lyriques. Ils sont le reflet des goûts et préoccupations de l’époque. Quand les ouvrages historiques se multiplient sur scène, les costumiers et joailliers s’inspirent tantôt de recherches archéologiques, tantôt s’affranchissent de la réalité historique. Quand la mode se porte sur l’orientalisme, les bijoux de scène s’inspirent des découvertes des explorateurs du XIXè, puis du XXè siècle. Dans L’Africaine de Meyerbeer, les atours des Occidentaux portugais rivalisent avec ceux des Africains du royaume imaginaire de Sélika et placent les deux peuples sur un plan d’égalité. Dans l’Aida donnée à l’Opéra de Paris en 1880, Eugène Lacoste trouve l’inspiration dans l’égyptomanie en vogue à la fin du XIXè siècle.

Du 28 novembre prochain au 28 mars 2025 au Palais Garnier, l’exposition « Bijoux de scène » invite à découvrir une sélection d’environ 70 bijoux spectaculaires, portés à l’occasion d’opéras ou de ballets – parmi les quelque 4 000 parures de la collection patrimoniale de la BnF I Opéra. Au-delà de l'esthétique de ces bijoux, elle en dévoile surtout le sens et la place qu’ils trouvent dans l’histoire du spectacle vivant et de l’institution parisienne.

Informations pratiques : Bijoux de scène de l'Opéra de Paris
Du 28 novembre 2024 au 28 mars 2025
BnF I Opéra, Palais Garnier / Entrée à l'angle des rues Scribe et Auber - 75009 Paris
Tous les jours de 10h à 17h (fermeture lundis et jours fériés)
L'exposition est accessible avec un billet pour la visite autonome du Palais Garnier, disponible sur la billetterie de l'Opéra de Paris
Plein tarif : 15€ ; Tarif réduit : 10€ ; Gratuit avec les Pass BnF lecture / culture ou recherche

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